DES SECRETS BIEN GARDÉS
Tir à la cible
A propos
La guerre de 1870 passée, les personnels s’activent pour une défense passive. Les combattants sont revenus épuisés des lignes de front, mais auréolés par les médailles et récompenses.
Dotation des personnels
Le 14 septembre 1875
Versé au chasseur forestier Heintz (n° matricule 3129).
Le mousqueton chassepot d’artillerie modèle 1866
(calibre 11mm mesure 0m 93 pour 3kg200 plus 0m70
de sabre-baïonnette).
D’une portée de 1200 m, il est mis en service en 1873,
soit un an avant le système 1874.
C’est une arme dite d’artillerie.
Tout garde quittant son poste,
y laissera ses munitions et son manuel sur le montage et démontage des armes
comme il y laisse déjà sa plaque et son marteau.
Il y a encore peu de temps, sous la restauration et le IIème empire, les forestiers portaient en sus, un “couteau de chasse” qui pouvait s’apparenter à un glaive.
En 1878,
Heintz (à la MF des Boussions) reçoit le fusil modèle 1874 en remplacement du modèle 1866, son sabre baïonnette et ses accessoires, ainsi que 64 cartouches métalliques à savoir 36 à employer aux exercices de tir et 28 à conserver comme premier acompte de la portion à recevoir en cas de mobilisation.
En ce qui concerne le modèle 1866, l’encrassement par les résidus de cartouche, notamment le papier et la fragilité de l’aiguille de percussion étaient ses grands points faibles.
Ce modèle dit “fusil GRAS” de calibre 11mm à sabre-baïonnette mesure 1m31 pour 4kg180. Sa portée est de 1200 à 1800m.
Le 15 décembre 1879
C’est le début des tirs à la cible sur Bercé.
Des revues d’armement et de grand équipement, avaient lieu périodiquement, pour présenter aux officiers forestiers le bon état d’entretien du matériel.
Note du conservateur du 14 mai 1879 :
*il a été décidé par l’Administration qu’il y aurait lieu de
laisser à la charge des préposés le paiement de la valeur
des étuis perdus par eux sauf dans le cas de force majeure.
Dans ce dernier cas il sera établi un procès verbal
constatant la perte conformément aux dispositions du
règlement sur la comptabilité matière du matériel de l’Artillerie.
Je vous invite à donner les instructions les plus précises
pour que tous les étuis des cartouches brûlées pendant
les exercices de tir soient rendus au service de l’Artillerie,
et à prévenir les gardes qu’ils sont responsables de leurs
deniers personnels des pertes constatées.
Les étuis métalliques seront placés de suite après le tir
dans de l’eau pure froide et y séjourneront 3 ou 4 jours.
Ce délai passé, ils seront essuyés avec soin, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur et conservés à l’abri de l’humidité et de la
poussière pour être expédiés à la conservation après
le dernier tir de l’année, avec les balles qui auraient été retrouvées.*
Note du Conservateur, Alençon le 3 juillet 1879 :
*Six tirs à la cible seront exécutés chaque année par les
forestiers de la 11ème conservation, sous la surveillance des
chefs de cantonnement. Chaque homme tirera 36 balles à
des distances de 100 à 400m.
(Un tir de 6 balles à 100m, 2 tirs de 12 balles à 200m, 2 tirs
de 12 balles à 300m et un tir de 6 balles à 400 m). Les époques
de tir seront déterminées de manière à ce que les trois premiers
tirs soient exécutés avant le 1er août et les trois derniers avant
le 1er décembre de chaque année. Toutes dispositions doivent
être prises pour éviter les accidents qui pourraient atteindre
soit les tireurs et marqueurs, soit les promeneurs et ouvriers.
Les préposés qui pour un motif quelconque n’auraient pu
prendre part à un exercice devront utiliser leurs cartouches
dans les suivants. Chaque année les chefs de service signaleront
ceux des préposés qui se sont le plus distingués dans l’ensemble
des exercices. Il sera tenu compte de ces notes pour les grades à
conférer ou pour des gratifications ou récompenses à obtenir.*
La butte de tir
Suivant la note du 3 juillet, un seul champ de tir est créé en forêt, dans le fond du vallon de Gaie Mariée dans le canton des vieux puits (parcelle 202, régénérée en 1856) avec déboisement et confection d’une petite butte de tir encore visible de nos jours.
Le peuplement environnant est à l’époque un fourré de 3 à 4m de haut.
Le maniement des armes et les revues perdureront jusqu’au 16 janvier 1914.
15 décembre 1879 c’est le début des tirs à la cible sur Bercé.
En 1884, le garde Eugène Crossonneau annote ses résultats au bout de 5 années d’entraînement.
8 mai à 100 m : (toutes les balles mises)
28 mai à 200m : (idem)
19 juillet à 200m (une balle mise)
29 juillet à 300 m (mis trois balles)
27 août à 300 m (mis quatre balles)
11 septembre cible à 400m (aucune balle)
Une revue d’armes programmée de temps à autre, rassemblant l’ensemble des chasseurs forestiers. Elle a lieu aussi bien au bureau de M. le sous inspecteur, à Écommoy, sous l’égide du capitaine d’artillerie (1882), qu’en Forêt. Des exercices de maniement complètent régulièrement l’emploi du temps des préposés.
Ceux ci réunissent les deux brigades au rond de Croix-Marconnay (Croix-Marconnet dans le texte) ou au rond des Clos, sous l’autorité d’un officier forestier “pour la manœuvre du fusil, la théorie et les exercices militaires avant la Revue”. Revue et exercices auxquels les gardes Cantonniers sont conviés d’assister en 1893.
Le 21 décembre 1888, le fusil modèle 1886 remplace le modèle 1874. Celui-ci, dit “fusil LEBEL” de calibre 8mm a une portée de 2400m et porte en bout, l’épée-baïonnette dite “Rosalie”. Il mesure 1m30 pour 4kg180.
« Remis au garde Moreau, le 9 janvier 1892, le fusil Lebel, sa baïonnette, son ceinturon, sa giberne, deux bretelles, gamelle, quart, cartouches, housse, havresac ».
En 1892, les forestiers ne se suffisent plus du champ de tir des Vieux Puits et sont amenés à concourir au champ de tir de Pontlieue, près le Mans.
En avril 1894 les préposés sont dotés d’un revolver modèle 1874 et son étui, un havresac, deux cartouchières et une bretelle de fusil. Celui-ci, calibre 11mm, 0m228, un kilo, six coups est “d’une robustesse exceptionnelle, d’une fabrication et d’un fini impeccable”.
Les préposés du cantonnement du Mans, munis de revolvers
avec étuis pour leur défense personnelle dans les conflits
auxquels peut donner lieu l’exécution de leur service ou
la répression du braconnage, devront au cours de leurs tournées
journalier porter cette arme d’une façon apparente.
Ils ne devront en faire usage qu’en cas d’agression et de
légitime défense.
Ce nouvel armement leur permettra de poursuivre avec
une nouvelle énergie la surveillance des délits et en
particulier de la chasse.
L’administration est en droit d’y compter.
Signé : l’inspecteur Delaporte.
C’est en 1899 d’après les registres que le tir à la cible du 25 mai à Pontlieue soit le dernier du genre.
20 ans de tir à la cible s’achèveront ainsi, laissant place au maniement des armes et aux Revues qui perdureront jusqu’au 16 janvier 1914.
De 1894 à 1900, les revues de grand et petit équipement d’armes nettoyées et dégraissées (pour pouvoir être graissées une fois rentré à la maison forestière) se poursuivent à un rythme soutenu. Il en est de même des exercices de tir au revolver et au fusil.
De 1924 à 1940 “les chasseurs forestiers” deviennent “sapeurs forestiers” rattachés au Génie (pour l’approvisionnement en bois des armées) puis à la débâcle, tout part en vrille.
En 1959 les vieux fusils et revolvers de calibre 6/35 seront délaissés au profit du revolver 7/65.
Bibliographie
-
Revue des Eaux et Forêt 1870 - 1871.
-
Annuaire des Eaux et Forêts 1867.
-
Les Eaux et Forêts du XIIème au XXème siècle.
-
Patrick DEFFES (historien et forestier vendéen)
-
Les recherches de Pierre CRAMOISY, ancien sous-officier des goums, des sahariens, et autres.
-
Les livrets journaliers de Bercé à ces dates.
Le massif forestier de Bercé (Y. Gouchet - 2002) & Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018))