DES SECRETS BIEN GARDÉS
Ronds forestiers
A propos
à propos des routes et chemins
Août 1669, la grande ordonnance de Jean Baptiste Colbert réglant les matières forestières prévoit “La pose de croix, poteaux ou pyramides avec des inscriptions ou marques apparentes des lieux où chaque chemin conduit” et ceci, aux frais du Roi Louis XIV.
Mais à cette époque, nous l’avons vu, les chemins se font rares et hasardeux.
Les ronds-points qui émaillaient ce réseau, ont aujourd’hui disparu et avec eux leurs antiques croix ou poteaux en bois.
Exemple : Croix du Charme béni au point culminant de Bercé
(175 mètres) dans la parcelle 167 dont on ne retrouve trace
(C’est d’ailleurs en ce point haut de la forêt de Bercé que
sera dressé avant la deuxième guerre mondiale un pylône qui
permettait de voir Alençon et Tours).
Autre croix disparue celle des “Hautes Bornes”, à la mémoire des gens qui ont trouvé la mort en forêt.
En 1782, le Surintendant Chailloux, peaufine pour Monsieur le Comte de Provence, son projet d’aménagement " de magnifiques percées rectilignes avec leurs ronds-points d’un goût si classique " en vu de favoriser le change des chiens et la chasse à Courre. (Le rond en devient l’Archétype)
Des ronds à 6 branches, il y en avait qu’un seul à l’origine.
Vers 1820 : le rond du chêne Désiré,très prisé des veneurs. Rond et chêne sont ainsi dédiés à l’apanagiste de Bercé: M. Comte de Provence, Louis XVIII dit le Désiré.
Vidéo de : @ Sylvain Photouvoir (0'37)
Le rond du Clocher, quant à lui, n’eût droit à sa cinquième puis sixième branche qu’à la fin du 19e siècle.
Suite à la réorganisation routière opérée lors de l’aménagement forestier de 1843, certains ronds se trouveront complètement décalés par rapport aux carrefours anciens, tels ceux de la Croix-Marconnay, du Clocher et de Croix Veneur.
Petit à petit les nouveaux carrefours se substituent aux anciens délaissés. Mais si le réseau prend forme peu à peu, en fonction des coupes d’emprise, il est toujours aussi malaisé en pleine apogée industrielle (1850) de sortir quoique ce soit de la forêt sans “fondre” lamentablement par temps de pluie dans les ornières.
Vers 1880, le rond prend toutes ses lettres de noblesse.
C’est en effet à cette époque que l’on met en scène le carrefour, en y installant un poteau en fonte (pur style sarthois) au centre de l’étoile.
De la fonte pour les ronds de Bercé !
Les nouveaux territoires des forges
(Seigneurs, usines et domaines)
caractérisent l’activité sidérurgique
des XVI-XVIIIe siècles.
Fort heureusement, toutes les forêts n’auront
pas été affectées par ce fléau écologique :
la surexploitation pour l’alimentation des hauts fourneaux.
Les mutations contemporaines (Transitions et ruptures)
aboutissent en Sarthe au choix de la fonte moulée
(milieu XIXe-XXe siècles).
Les poteaux en fonte d'Armand Chappée
(1890) dont nous conservons encore
quelques éléments originaux,
au niveau des carrefours forestiers
font partie de ce précieux témoignage
d’une activité locale aujourd'hui si marginale.
On plante tout autour de celui-ci des arbres exotiques, et y construit une loge qui ajoute une touche d’intimité à ce lieu privilégié.
Le creusement d’une mare pour les chevaux de passage parachève le tableau.
Ces petits «rendez-vous de chasse», servent à l’occasion d’abris provisoires aux “cantonniers” de la forêt ainsi qu’aux réunions et déjeuners des forestiers.
Les «balays» forestiers, principalement installés sur les coupes sont uniquement utilisés par les bûcherons.
1780/1880 : 100 ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour voir nos ronds ainsi pavoisés.
Fin XIXe : Les routes enherbées sont empierrées peu à peu grâce à l’ouverture d’un bon nombre de carrières, et à la mise en charge sur chaque grosse coupe de 20 à 100 m 3 de pierres de ragréage.
La croix de fonte (Armand Chappée Le Mans fin XIXe) remplace les antiques croix de bois. Sa couleur foncée sur certaines cartes postales est due à la peinture anti-rouille.
Les poteaux indicateurs en fonte sont posés, mais Pierre-Marin Leroi (Garde aux Hutteries) constate le dimanche 23 Avril 1893 :
" Reconnu que le poteau indicateur du Rond de la Lune avait été cassé tout “ressemment”, nous avons fait les recherches de l’auteur du délit. Nous avons reconnu que ce devait être une voiture chargée de bois en grume, en dépôt au Rond de Bercé, appartenant à un sieur Leroy Auguste de Pruillé dont nous lui avons déclaré saisie de sa voiture chargée et rendu compte au Brigadier».
8 août 1896 : Heintz (garde aux Boussions) surveille la maçonnerie du rond du Clocher.
En mars 1911 : Jouaux (successeur de Heintz) repeint les poteaux des ronds de son triage. Ces poteaux seront régulièrement repeints en brun, puis au minium et enfin en blanc. Tels le Guinier (1906), Bel-air (1923).
Rond du Guinier et chêne à gui: @ le mauriennais (1'57)
on peut y voir le chêne à gui
(grand chêne seul dans la parcelle 228
en bordure du CD 63)
Dès 1992 on prévoit de remettre les poteaux au milieux des ronds-points et l’on fait appel au savoir faire de l’entreprise Renaudin à Masle dans l’Orne. Un poteau de Bercé participera à la forme du moule.
Au fil du temps, ces ronds, fierté du massif de Bercé, vont, avec la circulation et le modernisme payer un lourd tribut.
Les accidents sont nombreux
Le Rond de la croix :
Pigault assiste à la pose du poteau indicateur du rond de la croix le 1er août 1924 et constate le 21 février 1925 que les ouvriers de Mr Avisse Henri (adjudicataire de la coupe) “Article 40-1924” avaient brisé le poteau indicateur du rond-point de la Croix, en abattant un arbre.
Le Rond des Clos :
quant à lui est brisé le 18 mai 1933: « Le poteau indicateur vient d’être cassé près de sa base et renversé (traces de grumes de chêne et de fers de chevaux) nous indiquent qu’il s’agit d’un voiturier- Nous avons rejoint le nommé Guibert Gabriel au service de Mr Papin Gaston (marchand de bois à Villaines-sous-Lucé, qui a reconnu qu’une pièce de bois était mal chargée). Nous lui avons fait signer (et à Mr Papin le 19 mai) un engagement en double exemplaire, sur papier timbré, à remplacer le poteau. (réparé et repeint le 13/07/35).
Le Rond de croix Marconnay :
est le 3 décembre 1935 fortement ébranlé par une voiture Renault (vieux modèle, genre Torpédo pour l’avant et camionnette pour l’arrière) peinte en rouge et dont les ouvriers, (témoins) n’ont pas eu le temps de relever le numéro.
Le Rond de Verneil :
Retrouvé cassé le 16 novembre 1953
Le Rond de Nacron :
le 5 août 1960 Goenvec consignera :
Tombé à terre et fracassé- Cette chute est due à un choc ;
Nous n’avons constaté qu’un seul point d’impact à 1,80 m
du sol. Le gros barrage, mis en place pour la protection
des travaux de goudronnage sur la RF Chauvinière et constitué
par 2 chênes jetés en travers de la RF des Trembles et à une
distance de 30 m du Rond, avait été enlevé. Les 2 chênes jetés,
rejetés de chaque côté des fossés bordiers (fait par un grumier,
agissant pour le compte de Louis Bonnichon).
Il semble que l’extrémité d’une grume soit venue frapper le corps du poteau- Le Rond-point est inutilisable - Le dommage est important. Témoin : Mr. Masson Maurice de Marigné (exploitant forestier) son fils allant chercher du bois de chauffage a vu ce camionneur le 4 août vers 17h30 et le lendemain vers 8h30 Il a constaté que le Rond était à terre.
Le Rond des Forges :
retrouvé cassé le 2 novembre 1963
Le Rond de l’Embranchement :
13 août 1965. (Légèrement déplacé vers Jupilles)
Le Rond de Volumiers :
a été cassé par une 2 CV. Le rond est retombé derrière celle-ci sans blesser les 2 passagères.
Le Rond du Clocher :
en 1977 - fut l’enjeu d’une prise de guerre des militaires du camp d’Auvours !
Puis les Ronds de Croix-Chambault (1994), du Pezeray et des Clos (1997),
furent le théâtre d’accidents. A la suite de tous ces faits,
la prudence voulue que l’on place les poteaux en côtés des ronds -
Erreur ! Les voitures augmentaient par la même leur vitesse.
L’on adopta alors le fait de les remettre au centre,
et je pris personnellement l’initiative de tester leur solidité………
Le Rond de Croix-Chambault
Il a suffit d’un rien !
Ce spectaculaire carnage fut, quant à lui, sans gravité. Les dégâts ne furent que matériels. Seul, un billet d’humeur paru sur le Ouest-France des 12 et 13 novembre 1994, alimenta la rumeur, car sur place le 17 octobre 1994, il n’y avait que les oiseaux pour contempler cette scène, digne d’un très mauvais scénario.
Un geai aurait-il porté l’affaire auprès du journal ? …Mystère…
Le Rond-point forestier, cet îlot et son phare sur lequel le monde s’agglutine les jours de chasse à courre, pour suivre du regard l’éventuelle déambulation d’un animal aux abois, ce lieu de rendez-vous par excellence, point stratégique durant les manœuvres militaires, conserve encore aujourd’hui une fonction sociale qui diffère suivant le rythme des saisons.
Depuis 1995 une Croix forestière haute de quatre mètres et d’un poids d’une tonne, élevée tel un phare au milieu du giratoire de Saint-Hubert, met en valeur l’une des particularités de la Forêt Domaniale de Bercé.
Vingt sept des 70 carrefours de Bercé possèdent ainsi encore aujourd’hui leur poteau, dont 1/3 a été dupliqué en 1998 par la fonderie Renaudin à Masle (Orne).
01 – Rond du May ou du Mai
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / D 96. (Anciennement Chemin Vicinal Ordinaire N°56 puis Chemin de Moyenne Communication N°56)
02 – Rond de la Lune
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière du Ronceray / D 96 / route forestière de la Croix-Ségrier.
03 – Rond du Buisson
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / route forestière du Ronceray.
04 – Rond des Renardières
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière des Renardières au Pressoir / Chemin de Mayet à Lucé / route forestière des Forges.
05 – Rond du Clos
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de la Croix-Ségrier / route forestière des Renardières au Pressoir /Allée du Machefer.
06 – Rond du Pézeray
(commune de Jupilles) :
Croisement route forestière de Grammont / route forestière des Renardières au Pressoir.
07 – Rond de la Croix-Marconnay
(commune de Jupilles) :
Croisement route forestière des Renardières au Pressoir / route forestière André Hallay / route forestière de la Chauvinière.
08 – Rond du Nacron
(commune de Jupilles) :
Croisement route forestière des Trembles / route forestière de Grammont.
09 – Rond de Peyrelongue
(commune de Jupilles) :
Croisement ligne de la Marchandière / route forestière Neuve.
10 – Rond de l’Embranchement
(commune de Jupilles) :
Croisement route forestière des Renardières au Pressoir / D 13.
11 – Rond du Chêne Désiré
(commune de Saint-Vincent du Lorouër) :
Croisement route forestière des Renardières au Pressoir / Ligne de la Marchandière / route forestière du Pau à Chahaignes
12 – Rond Wautot
(commune de Saint-Vincent-du-Lorouër) :
Croisement route Neuve / D 137 / route forestière de la Jument Blanche.
14 – Rond de Volumiers
(commune de Thoiré-sur-Dinan) : Croisement route forestière du Pau à Chahaignes / route forestière de la Croix Gorgeas / route forestière du Roulleau / route forestière de la Jument Blanche.
15 – Rond de Croix-Veneur
(commune de Thoiré-sur-Dinan) :
Croisement ligne du Clocher / Route de la Vallée Noire / Route forestière de la Croix Veneur.
16 – Rond Roulleau
(commune de Thoiré-sur-Dinan) :
Croisement route forestière du Roulleau / Ligne de Croix –Veneur.
17 – Rond du Guignier
(commune de Saint-Pierre-du Lorouër) :
Croisement route forestière de la Croix Veneur / CD 63 / route forestière des Vaux du Puits / Allée de la Ragée / Route forestière du Roulleau. Étymologiquement, ce rond peut se prévaloir non pas de l’ancien directeur de l’école forestière de Nancy mais plus du simple Guignier du coin!
18 – Rond du Chesne au Clocher
(commune de Thoiré-sur-Dinan) :
Croisement D 63 / D 235 / Route des Sorels / Route forestière du Pau à Chahaignes / Ligne de Croix -Veneur.
19 – Rond des Forges
(commune de Jupilles) :
Croisement D 13 / Route forestière de la Croix-Ségrier / Allée Verte / Chemin de Laillé.
13 – Rond de Croix-Chambault ou Croix de Haute Borne
(commune de Saint-Vincent-du-Lorouër) :
Croisement route forestière du Pau à Chahaignes / Route forestière des Ventes./ route forestière de la Jument Blanche.
01 – Rond des Défays
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / Chemin d’Écommoy à Lucé.
02 – Rond des Hutteries
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / Chemin de Marigné à Lucé.
03 – Rond de Bercé
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / Route de Mayet au Grand Lucé.
04 – Rond de Saint Hubert
(commune de Mayet) :
Croisement D 13 / D 284 / D 338 / D 279.
05 – Rond de la Forêt de Bercé dit de l’Antenne
(commune de Mayet) :
Croisement D 13 / Route forestière des Terres Blanches / Chemin Vicinal n° 2.
06 – Rond du Bel-Air
(commune de Mayet) :
Croisement D 279 Route de Vaas/ Ligne de la Guiltière./Route de Mayet à Château du Loir.
07 – Rond de la Guiltière
(commune de Mayet) :
Croisement route forestière de la Guiltière / Route forestière des Terres Blanches.
08 – Rond de Verneil ou des Vernes
(commune de Lavernat) :
Croisement route forestière des Terres Blanches / D 279 / route forestière de Verneil à Beaumont./ Route forestière des Profonds-Vaux.
1 — Croix Feu Bellemère
(commune de Marigné Laillé) :
Croisement route forestière de Grammont / Ligne de Marigné à Lucé.
2 — Rond du Sault
(commune de Marigné-Laillé) :
Croisement Route de la Chauvinière /Allée Verte.
3 — Carrefour du Pau
(commune de Pruillé l’Éguillé) :
Croisement Ligne du Pau /Allée Verte
4 — Patte d’Oie de la Coudre
(commune de Marigné Laillé)
Croisement Route basse de la Coudre /route forestière de Croix Segrier.
5 — Rond du Souvenir
(commune de Pruillé l’Éguillé) :
Croisement Route de la Vallée Sermaize / Ligne de la Marchandière
6 — Rond Jousset
(commune de Jupilles) :
Croisement CD13 / Ligne du Ronceray
7 — Rond des Trembles
(commune de Jupilles) :
Croisement route forestière des Trembles / Route de la Chauvinière.
8 — Carrefour des Vieux Fours ou des Vieux Puits
(commune de Saint Vincent du Lorouër) :
Croisement route forestière des Renardières au Pressoir / Ligne des Vieux Puits.
9 — Croix de la Huberdière
(commune de Jupilles) :
Croisement du CD137 / Chemin de l’Enfumeraie
10 — Carrefour de la Jument Blanche
(commune de Saint Vincent du Lorouër) :
Croisement de la route basse de l’Hermitière / route forestière de la Jument Blanche.
11 — Rond de Croix Gorgeas
(commune de Thoiré sur Dinan) :
Croisement de la ligne de Croix Veneur / Allée de la Vallée des Pierres.
12 — Croix de la Butte
(commune de Saint-Pierre du Lorouër) :
Croisement de la route forestière de la Vallée des Pierres / Route forestière de la Vallée Noire
13 — Rond d’Ussel
(commune de Thoiré sur Dinan) :
Croisement de la ligne de Croix-Veneur et de la ligne des pressenteries ou allée verte. matérialisé par une pancarte bois et à l’arrière du rond un bouquet sauvegardé de l’ancien peuplement.
14 — Carrefour de Croix Segrier
(commune de Beaumont Pied de Bœuf) :
Croisement ligne de Croix-Segrier / D216.
15 — Carrefour des Profonds-Vaux
(commune de Beaumont Pied de Bœuf) :
16 - Carrefour de l’École forestière de Nancy
Croisement de la route forestière de l’École forestière (accès aux Clos) et CD 63. (commune de Saint Pierre du Lorouër)
Autres articles concernant les voies forestières:
Les cartes pour se rendre à Bercé
Bibliographie :
Le massif forestier de Bercé (Y. Gouchet - 2002) & Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)
L’Or Vert de la Sarthe aux éditions de la Reinette (2007 - Traces - Yves Gouchet )