DES SECRETS BIEN GARDÉS
Le Pavillon des Officiers
Le 26 septembre 1892, Pierre-Marin Leroi, garde aux Hutteries, s’en va chercher au domicile du garde général à Écommoy une plaque indicatrice pour la maison forestière du Pavillon de Bercé tout récemment acquise par l’état en 1891.
Cette ancienne maison de maître, dotée comme on peut le voir sur le plan, d’une boulangerie, est affectée dès l’origine pour le logement des officiers forestiers de passage à Bercé.
Elle assurera fidèlement sa mission jusque vers 1965.
Ces “messieurs les agents” se succèdent ainsi dans cette respectable villégiature, venant régulièrement y passer quelques jours lors de martelages, d’inspections ou de vacances estivales en famille.
Lorne avait fait monter un mât à la gauche du bâtiment.
Lorsque les couleurs virevoltaient au vent, cela signifiait que
les officiers étaient présents et tout Jupilles en était fier.
Parfois, des gardes ou brigadiers sédentaires y séjournaient,
le temps de leur vacation. En 1905 les gardes domaniaux
Jeanselme Alphonse (né en 1869), et plus tard Cordonnier
Basile Alexandre (né en 1881), Kleber, Silly ou Burgès
(stagiaire en 1945), logeront au Pavillon.
Lorsque les officiers venaient au Pavillon, ils prenaient le soin
d’être accompagné par un Brigadier sédentaire qui pourvoyait à
l’intendance et s’adjoignait un auxiliaire chargé de casser le bois,
tirer l’eau, faire les feux.
Une cuisinière, était alors engagée pour régler
tous les problèmes d’intendance.
Vie quotidienne
Au Pavillon, les officiers convoquaient leurs préposés pour les rapports ou la signature des registres d’ordres :
« Au rendez-vous, le soir, de monsieur le conservateur au Pavillon ». (Heintz - juillet 1897) Ou encore : « Au rendez-vous du garde général à la maison forestière du Pavillon » (Albrecht - 12 juin 1907).
Le 29 mars 1920 :
Le Directeur Général des Eaux et forêts (Dabat) confirme :
« J’ai décidé que le garde du triage n°3 du Mans serait logé
dans la maison forestière des Étangs, actuellement vacante.
La maison forestière du Pavillon, dont le rez-de-chaussée servait
jusqu’à présent de logement au garde de ce triage et dont le 1er
étage était réservé aux agents, sera affecté en entier au
logement des agents en tournée ».
Octobre 1920 :
Note de M. l’inspecteur Potel (devenu cette année là,… principal)
«… Des propositions seront faites et une décision interviendra ultérieurement au sujet de la nouvelle affectation à donner au terrain dépendant de la maison forestière du Pavillon de Bercé (1 hectare 15). De ce que le garde du triage ne l’habitera plus, il ne doit pas en résulter un manque de surveillance et d’entretien.
Pendant tout le temps où le Pavillon ne sera pas occupé par les agents, les préposés responsables de sa conservation en bon état (brigadier et garde du triage) devront le visiter et l’aérer fréquemment, y faire du feu (au moins dans les pièces de la façade nord) pendant la saison humide et prendre toutes les mesures utiles pour la conservation du mobilier. Les clefs seront déposées chez le brigadier où le garde devra les prendre et les remettre à chacune de ses visites ».
Dès lors le Pavillon recevra sans façons, les agents en tournée et les officiers des écoles forestières, tels les enseignants anglais d’un stage forestier, en décembre 1920.
Réception des écoles en 1920 et 1924
Or, il faudrait d’abord trouver quelqu’un pour le Pavillon où je compte séjourner pendant cette période avec monsieur Hurteau et peut-être un autre officier.
Je prie le brigadier de se préoccuper dès maintenant de la question et de mettre ses gardes à contribution pour toutes démarches à faire. Monsieur l’inspecteur adjoint doit aller mercredi 9 décembre en tournée à Bercé et parlera au brigadier de la question des réparations déjà prévues au Pavillon et à faire au hangar pour son automobile. Je compte arriver en même temps qu’eux au Pavillon de Bercé et les y recevoir vers 16 heures.
Je prie par suite mademoiselle Beucher (de Moulin Loup à Marigné, ordinairement chargée de la cuisine et de l’intendance) de s’y trouver à partir de 15 heures au plus tard.
Elle aura d’ailleurs à préparer le repas du soir pour un nombre de personnes qui sera indiqué ultérieurement. La mise en état de propreté et l’approvisionnement en bois et eau de la cuisine (du 1er étage) et des chambres seront assurés la veille par les soins du brigadier qui pourra y employer un de ses auxiliaires ».
Idem en novembre 1921
Renvoyé aux Brigadiers à Jupilles et à Marigné,
Pour informer Melle. Beucher et Mr. Bignon que l’arrivée des Élèves Anglais à Jupilles est fixée au Dimanche 11 décembre dans l’après-midi et que leur nombre sera de 12.
Le transport devant avoir lieu par car-automobile venant du Mans et restant à Jupilles les deux premiers jours, l’Hôtel St. Jacques est prié de fournir le logement du chauffeur et sa nourriture qui seront à la charge des forestiers Anglais.
Je compte arriver en même temps qu’eux au Pavillon de Bercé
et les y recevoir vers 16h.
Je prie par suite Melle Beucher de s’y trouver à partir de 15h au plus tard ; Elle aura d’ailleurs à préparer le repas du soir pour un nombre de personnes qui sera indiqué ultérieurement.
La mise en état de propreté et l’approvisionnement en bois et eau de la cuisine ( du 1er étage) et des chambres seront assurés la veille par les soins du brigadier qui pourra y employer un de ses auxiliaires.
Il me rendra compte de la réponse définitive de Mr. Bignon au vu du nombre des élèves qui auront à prendre à son hôtel le repas du 11 au soir.
Le programme des tournées fera l’objet de prochaines instructions.
Le Mans le 25 novembre 1921, l’inspecteur des E et F Potel
Quelques jours plus tard, un courrier de monsieur Potel précise :
« Mademoiselle Marie Beucher, en vous confirmant mon arrivée au Pavillon de Bercé le dimanche 11 décembre après-midi vers 15 heures, je viens vous donner les indications ou instructions préalables qui paraissent utiles :
1) Vous pourriez arriver dans la matinée étant donné
qu’il y aura pas mal de choses à faire avant le dîner ou
même le thé que je compte offrir aux Anglais vers 16 heures
et aussi parce que mes deux filles arriveront
peut-être à midi par Saint-Vincent.
2) Au dîner le soir nous serons cinq personnes y compris deux inspecteurs qui viendront passer avec nous les trois premiers jours. Ils occuperont les deux chambres contiguës du premier étage, mes filles prenant la grande chambre du rez-de-chaussée (dans cette dernière, préparer le lit placé du côté de la cheminée qui est le meilleur) et moi ma chambre habituelle au premier étage, à côté du salon à manger.
3) À partir de 14 heures, il sera donc utile de faire du feu dans toutes ces chambres et de les préparer ; le brigadier assurera la provision de bois et d’eau.
4) Comme l’an dernier, le repas de midi sera supprimé, sauf pour mes filles et vous et sauf le dimanche, le départ ayant lieu à 9 heures après un vrai déjeuner, servi à 8 heures un quart et terminé par le café au lait du matin, le retour ayant lieu vers 16 heures pour un thé assez substantiel.
5) Une provision de pommes de terre et de pétrole sera portée au Pavillon à l’avance. Je compte sur vous pour le surplus.»
Le Pavillon est ainsi régulièrement nettoyé et entretenu par les auxiliaires forestiers et les artisans locaux.
7 avril 1923
nettoyage des abords du Pavillon de bercé. Réparation à la clôture par un ouvrier (Guiomard)
1930
Le nettoyage du Pavillon (grand nettoyage de printemps ou durant l’été) était confié aux ouvriers (Auxiliaires réparant la clôture : ordre du chef de brigade : Lasnier 28 mars 1933 ou au nettoyage du Pavillon et des abords : Lasnier 5 août 1930).
1937
Réparations le 29 octobre 1937 : « Surveillance des ouvriers maçons au Pavillon de Bercé. Constate la bonne qualité des matériaux » (Volard).
1944
Visite de Mr le conservateur régional. Celui-ci loge au Pavillon le 24 août. Déménagement de Mr le conservateur le 30 août.
Réparation : Ce même 30 août : livraison de 20 sacs de ciment à chercher à Ecommoy au bureau de l’enregistrement, avec le chauffeur Daubias.
Vu le maçon Haudebourg de St Vincent pour réfection d’un mur du Pavillon (Peltier)
Locataires : Ceux-ci se succèdent ainsi, départ de Mr l’inspecteur du Pavillon le 9 septembre 1944.
Les auxiliaires sont occupés au rangement et au nettoyage. Installation de Mr. le conservateur au Pavillon le 11 septembre 1944.
Portail : Joliveau pose un portail au Pavillon le 11 septembre 1944. Le Brigadier Poumerol en surveille les travaux de pose. Toiture : La famille Orlandini, ouvriers couvreurs de Jupilles interviennent au Pavillon le 19 avril 1945.
1952
Dimanche 3 août : Ouverture du Pavillon pour réception de Mr. l’Ingénieur Lorne. Construction d’un Portail à l’entrée du Pavillon de Bercé. Le 15 juin 1953 Lorne au Pavillon en principe en Août avec sa famille. (Peltier).
1955
Monsieur de Moustier fait placer une barrière devant le logis, afin que les vaches du brigadier Calvel ne viennent pas brouter jusqu’au seuil de la maison. Calvel avait en effet l’usufruit du jardin, du pré et du verger, en échange de la surveillance et des suggestions imposées par l’entretien de cette bâtisse.
1962
Le 12 novembre : Recherche de chablis pour la construction d’un hangar au Pavillon. Au Pavillon, les officiers forestiers venaient donc encore jusque dans les années 1960.
Les derniers à venir régulièrement furent Lorne et de Moustier et quelques fois Viney. Deux vieilles familles nobles Mme Lorne était Baronne et Mme de Moustier, Comtesse ; (2 rivalités). Les deux ingénieurs étaient aussi rivaux l’un de l’autre, bien que le parcours de Lorne fut plus prestigieux (Il fut conservateur). Lorne venait de St Germain en Laye (c’était un militaire dans l’esprit). De Moustier était quant à lui très administratif.
Sur ordre de Vidal, le Conservateur :
L’ingénieur de Moustier exigeait de Robert Calvel la tenue
d’un inventaire, même lorsque celui-ci était concerné de
même Lorne, lorsqu’ils venaient passer l’été au Pavillon
avec leurs familles.
Robert Calvel, qui y était opposé s’est néanmoins incliné
et sorti l’inventaire suivant :
Un couteau sans manche, un manche sans couteau,
une tasse sans queue, une queue sans tasse etc.…
Pour les besoins de ces Messieurs, un tennis fut aménagé
sur la route de la Boulaie, près de la MF de la Huberdière,
délaissant l’ancien tennis qui était plus haut,
près de la parcelle 187.
Le 12 novembre 1962 :
« Recherche de chablis pour la construction d’un hangar au Pavillon.»
En 1972,
Cet imposant bâtiment ne voit plus grand monde passer en ses murs. Quelques réunions par-ci, par-là avec des forestiers, des chasseurs, des pots de l’amitié, mais plus de véritables locataires. A cette date, durant l’été, le Pavillon est loué pour des séjours de 15 jours à 3 semaines à des forestiers en vacances, par l’intermédiaire de l’association pour l’action sociale de l’O.N.F. Ces séjours perdureront environ une dizaine d’année, jusqu’à ce que le Pavillon soit déclaré trop vétuste pour recevoir du monde. En 1976, j’utiliserai le Pavillon quelque temps comme maison forestière, les Etangs étant en travaux. En 1979 le Chef Calvel l’utilisera à son tour car la Huberdière fera aussi l’objet de travaux.
La remise aux Domaines pour vente sera réalisée en mai 1998.
Autres articles concernant les maisons forestières :
Maison forestière des Profonds-Vaux
Maison forestière des Boussions
Maison forestière de la Doucinière
Maison forestière de la Huberdière
Maison forestière des Hutteries
Maison forestière des Renardières
Autres articles concernant les officiers forestiers :
Chêne Roulleau de la Roussière
Inauguration de l’ancien chêne Boppe
Enquête sur la mort du chêne Boppe
Bibliographie :
Revue Au Fil du Temps N° 23 - Pages 4 à 6 (Y. Gouchet - 03-2004)