DES SECRETS BIEN GARDÉS
La Mothe d’Olbeau
Située à la sortie de Château du Loir sur la route basse de Flée cette gentilhommière occupait un site défensif et castral.
Bien vite la construction troglodytique s’est imposée d’elle-même d’après la configuration du terrain.
Les constructions seront par la suite remaniées aux XVIème & XVIIème siècles.
Ce site était déjà habité par les Gaulois qui utilisaient les nombreuses caves troglodytes, des poteries ont été découvertes lors de travaux de consolidation de la falaise dans la grande cour, ainsi que dans un champ (un morceau de sigillée de l’époque romaine).
Des restes de fortifications en terre sont encore bien visibles malgré l’érosion, système de fossés, cours intérieurs et 2 petits tumulus, l’un encore bien visible, l’autre en partie détruit à l’ancienne cidrerie. (Étude de Mr Veron) ;
Voir aussi page 30 du mémoire de Jean-Mary Couderc.
A l’époque féodale le site appelé Fief de la Mothe fut utilisé pour défendre l’entrée de la vallée de l’Ire.
L’importance de l’épaisseur des murs des plus vieux bâtiments de La Mothe d’Olbeau en témoigne.
Une importante vie existait car l’on dénombre 3 fours à pain dont un daté du XIIème siècle.
C’est vers 1570 qu’apparaît pour la première fois le nom de “Longueval”.
Annibal Jacques de Longueval (vers 1613), seigneur de Sarton, capitaine de carabins, épousa Marie Pasquier et fut maître des Eaux-&-forêts.
Vers 1675
La succession de Jacques-François de Longueval, vicomte d’Haraucourt seigneur de Bouviers habitant Brette fut partagée en 1675 entre leurs enfants parmi lesquels Joseph Alexandre de Longueval, seigneur d’Haraucourt et du Haut Bois, lieutenant au régiment de la Marine, capitaine, maître des Eaux et forêts (1) demeurant à la Mothe d’Olbeau à Château du Loir. Convoqué à l’arrière-ban du Maine en 1689. Le 22 novembre 1676, il se marie avec Françoise Huet (demoiselle d’Artigné, fille de Charles et de Marguerite Bougars, seigneur de Vaux, écuyer, seigneur d’Artigné, maître particulier des Eaux et Forêts de cette maîtrise.
1680
Son fils, Charles Mathieu de Longueval d’Haraucourt, né en 1680 à la Mothe d’Olbeau, est aussi vers 1729 Maître particulier des Eaux et Forêt de la Maîtrise de Château du Loir, vicomte d’Haraucourt (alias Daraucourt Longueval), seigneur de Brette, commissaire provincial de l’artillerie royale.
Il épousa Marie Anne Chesneau des Portes le 22 mars 1727 (fille de Mathurin et de Marie Désirée Aubert du Boisguiet). Il est inhumé au Château du Haut-Bois (devenu depuis un Lycée agricole) à Brette le 23 Avril 1747.
1711
Bénédiction de deux cloches, à Saint Guingalois, la plus grosse, nommée Joseph, par Me Joseph de Longueval d’Haraucourt, chevalier, seigneur de Brette, maître particulier des Eaux et Forêts de la maîtrise de Château du Loir, et par dame Françoise Gaillard, veuve de Charles des Moutis, écuyer, seigneur de Montreuil. La petite cloche a été nommée Louise Françoise Gabrielle, par Me Louis François Massue, subdélégué de Monsieur l’intendant, maire perpétuel de la ville de Château du Loir, et par dame Louise Gabrielle Marchand, épouse de Joseph Hercule Massue.
Joseph de Longueval d’Haraucourt décèdera en 1727.
(1) Une maîtrise des eaux et forêts est une juridiction française d’exception chargée de surveiller et de contrôler les forêts royales à l’origine, puis toutes les forêts. A la révolution les Maîtres sont remplacés par les corps des conservateurs et inspecteurs. A l’époque le Maine, l’Anjou et la Touraine, possèdent 9 maîtrises :
Tours, Amboise, Loches, Chinon, Baugé, Angers, Le Mans, Château-du-Loir, Mamers.
Dans l’une des cheminées du domaine est toujours en place une plaque à ses armoiries et c’est peut être lui également qui à fait planter les tilleuls de la terrasse.
1730
Son petit fils Charles Mathieu Etienne de Longueval, né en 1730, Maître particulier des Eaux et forêts au Mans, inspecteur des haras du Maine fût admis aux honneurs de la cour en 1783 sous le titre de marquis d’Haraucourt, comparant à l’assemblée de la Noblesse du Maine en 1789.
En 1747 c’est le décès à la Mothe d’Olbeau de Demoiselle Catherine de Longueval d’Haraucourt qui sera inhumée dans la chapelle Saint-François des Récollets à Château du Loir.
Charles Mathieu Etienne épousa, à Château-du-Loir, Renée Geneviève Mesnard de Belair de Seillac le 9 mai 1770,(fille de Gabriel, seigneur de Cornichard, et de Geneviève de Witasse) puis en deuxième noce Catherine Bordin (Alençon). C’est à lui que nous devons probablement l’implantation d’essences rares dans le parc dont les cèdres.
17 mars 1771
Baptême de Charles à Luceau, issu du mariage de Charles de Longueval, vicomte d’Haraucourt, chevalier, seigneur de La Motte –Dolbeau, en cette paroisse de Château du Loir, et de dame Renée Geneviève Mesnard de Seillac . Parrain, Charles Jean Baptiste Joseph Mesnard de Seillac, écuyer, receveur général des tailles et autres impositions à Château du Loir ; marraine, dame Agathe des Moutis, épouse de Joseph Guy François de Longueval d’Haraucourt, capitaine au régiment de Bourbon –Infanterie, seigneur de Brette, Hautbois, oncle et tante de l’enfant.
A la révolution… le domaine est pillé.
1865
Theodore Charles de Longueval, né en 1797, à la Mothe d’Olbeau, dernier héritier, vend le domaine par petits lots entre 1817 et 1820.
Tout est démembré. au propre comme au figuré.
Marquis, il fut par le passé, maire de Brette-les-Pins. Il devient Conseiller général du Canton d’Écommoy de 1833 à 1842. Chevalier de la Légion d’honneur (maire du Grand Lucé). Théodore Charles décède en 1885.
Évaporation d’un château au Grand-Lucé !
La famille qui avait acheté en 1865 le château de la Chevalerie du Grand-Lucé le revendra en pièces détachées en 1911.
1886
Mais revenons à Château du Loir au domaine de la Mothe d’Olbeau.
En 1886, Jean Baptiste Eve, industriel, est séduit par le charme de cette vieille demeure et achète le 12 janvier 1887 la grande maison. Celle-ci est alors en très mauvais état et il entreprend une restauration méthodique, le toit est refait, les épis sont remplacés. II s’attache à conserver son aspect extérieur, il rénove l’intérieur. Puis progressivement rachète l’ensemble du domaine qui fut reconstitué en 1903.
Au 20ᵉ siècle.
Depuis la famille Eve-Vinçonneau n’a cessé de veiller au bon entretien des bâtiments et du parc. Valère R. Vinçonneau (Conservateur des Eaux & forêts), et son fils Jean Claude (ingénieur en chef du génie rural) pratiqueront leur métier en centre France.
Le parc
Le parc forme ici un véritable écrin autour des vieux bâtiments. La première ceinture du parc se situe à proximité immédiate des bâtiments et entre les fossés supérieurs et inférieurs.
La datation de certains arbres permet de penser que ceux-ci ont été plantés vers 1750 par Charles Mathieu Etienne de Longueval, Maître particulier des Eaux et forêt.
En connaissance il fit planter en complément des tilleuls de la terrasse, des chênes, châtaigniers, buis, ifs, un Thuyas Géant, des marronniers, d’autres essences rares à l’époque, mais surtout un cèdre du Liban, devenu un véritable monument dominant la vallée.
Ce cèdre à 5,60 m de tour de taille, par comparaison celui du jardin des plantes ramené par Jussieu en 1734 fait 4, 80 m et semble plus petit en hauteur.
Depuis, le cèdre de la Mothe a fait beaucoup de petits, déjà grands, notamment dans les propriétés d’alentour. Notons également un très beau cèdre de l’Atlas en limite du domaine (ancienne cidrerie).
Les “de Longueval” étaient forestiers de père en fils, de même le sont les descendants de Jean Baptiste EVE : sa petite fille, l’actuelle propriétaire épousa V.R. Vinçonneau, conservateur des Eaux & forêts. V.R. Vinçonneau, puis son fils Jean Claude ingénieur en chef du Génie Rural et des Eaux & forêts veillèrent à l’entretien des arbres séculaires ainsi que de leur.
Le parc du Courtil
Situé en contre bas des bâtiments, ce terrain bas et marécageux est inondable en quelques heures par les crues violentes de l’ire. Pour mettre en valeur cette vaste étendue servant de perspective à la demeure, on y planta 40 Cyprès Chauves, résineux peu communs passant du vert au pourpre selon la saison, et dotés de" pneumatophores" (curieuses racines résurgentes en forme de stalagmites), cette plantation est unique en France.
Un secret bien gardé !
La vallée du Loir nous réserve encore
bien des secrets à découvrir notamment
dans le parc de la Mothe d'Olbeau.
Fin mars 2023, la famille Vinçonneau,
la reçu la visite de l'IGN, en vue de
l'inventaire de la parcelle dite
Le Courtil (le long de l’Ire).
Cette parcelle est plantée par moitié
de cyprès chauves et de vieux peupliers.
Les techniciens de l’IGN (2) ont mesuré un
peuplier qui domine à 48,40 mètre de haut,
avec un diamètre de 120 cm …
et il ne semble pas le seul !
D'après le site des arbres monumentaux,
le peuplier le plus haut du monde est
situé en Pologne dans le Parc national
de Bialowieza (qui inclut une forêt primaire)
et domine seulement à 41,40 mètres …
D’où un nouveau record du monde en vue
à la Mothe d'Olbeau ?
(2) L’Observatoire des forêts françaises
rassemble désormais en un espace unique les expertises
et les connaissances. Il constitue tout d’abord un espace
d’échange et de production en commun d’informations,
de croisement, et d’analyses thématiques nationales
ou régionales. Cinq premiers clubs thématiques ont
été créés, dédiés à la santé des forêts, aux incendies,
aux ressources en bois, à l’adaptation au changement
climatique et à son atténuation. L’Observatoire
est piloté par l‘IGN en partenariat avec l’ONF,
le CNPF, France Bois Forêt, l’OFB, sous l’égide
du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire et du ministère de la Transition
Écologique et de la Cohésion des territoires.
Il associe largement les acteurs de la filière
forêt-bois réunis notamment au sein du comité
de la filière forêt-bois de l'IGN.
Le clos des religieuses Autrefois vignes, situé au sommet de la colline, sur un terrain sec et venté. Après plusieurs essais infructueux il fut finalement planté en 1977, 600 Laricios de Calabre bordés de Chênes.
Le flanc de la colline est devenu naturellement une véritable pépinière de Cèdres. Le tout formant un parc s’étageant sur la colline et mettant en valeur l’ancienne seigneurie de la Mothe d’Olbeau.
Autres articles concernant les officiers forestiers :
Chêne Roulleau de la Roussière
Inauguration de l’ancien chêne Boppe
Enquête sur la mort du chêne Boppe
Bibliographie :
Archives famille Eve-Vinçonneau.
Au Fil Du Temps n° 13 du 30 septembre 2001 (pages 23 & 24) et n° 14 du 31 décembre 2001 - Bernard André et Yves Piraux (page 25)