DES SECRETS BIEN GARDÉS
La Coudre
Proposée dès 1920 en série artistique, proposée à nouveau dans le classement en 1929, La Coudre fait partie du triptyque conventionnel de Bercé à savoir les 3 parcelles touristiques : La Coudre, l’Hermitière, le Chêne Boppe.
1905
L’essor du tourisme sur Bercé fin du 19ème siècle et début du 20ème, nous fait commencer l’histoire de la Coudre en 1905, bien que figurant sur la carte de Bercé déjà en 1673.
La fontaine est régulièrement nettoyée depuis 1905, Barbé mentionne le 8 février de cette même année qu’il y a placé trois poteaux pour attacher les chevaux des promeneurs. Le chemin qui menait à la Coudre en 1907 n’est pas du tout l’actuelle route, mais bien un sentier en terrain naturel régulièrement ragréé de pierres.
1921
Les travaux projetés à cet endroit commencent le 18 juillet. Le creusement de l’étangs commencent le 18 Juillet 1921. Quatre ouvriers y travaillent, mais l’aveuglement des fuites pose problème. Le chantier se prolonge ainsi jusqu’au 5 septembre 1921 et ce, malgré l’arrêté préfectoral interdisant « la confection de barrage sans autorisation », vu l’extrême état de sécheresse en 1921. Trois à huit ouvriers se relaient ainsi.
Le 21 septembre 1921 : déchargement de matériaux provenant de Sermaize et début de la confection d’une cabane (baraque) près de la fontaine de la Coudre. Couverture de celle-ci le 24 septembre.
« A Marigné remettre un bon à payer au sieur Paris (caissier
des concessionnaires). remis la somme de quarante francs à
Mr. Bignon Auguste à Jupilles pour la location d’une pompe lors
des travaux de l’étang de la Coudre. »
1922
Le principal problème rencontré par les ouvriers, fut la confection d’un barrage et le maintien des eaux en occultant toutes les fuites (aveuglement des fuites). De plus à la Coudre on est à l’étroit, car le champ du bas est propriété privée des époux Brebion, cela n’autorise pas grands travaux.
« Peltier estime le 20 mars 1922 avec son brigadier,
le cube de terre à enlever dans la partie du
terrain dont le creusage pour faire un étang est à l’étude ».
Tandis qu’ Hureau, ce même jour, entrepreneur à Marigné a
fait le nivellement de la partie du pré de
la Coudre restant à creuser pour terminer le lac.
La profondeur souhaitée par le brigadier Albrecht est
de 70 cm. Un devis de février 1921 fait état d’un prix de 4,50 f/m3 .
Au vu des difficultés rencontrées, monsieur Hureau demande
7 f/m3 pour une profondeur de 80 cm.
La deuxième tranche des travaux a donc lieu en juin 1922.
790 m3 de terre à enlever pour un coût de 5530 frs.
Le propriétaire du pré marécageux situé sous les
sources, les époux Duchesne - Brebion, ont accepté de
1921 à 1928 de recevoir en dépôt les terres avec
la restriction suivante « sans toutefois ne pas y déposer
trop de pierres, et les terres déposées et nivelées
le mieux possible ».
1er mai 1923 : Quatre ouvriers au curage du lac de la Coudre, ainsi qu’à la réfection d’un barrage rustique et confection par deux ouvriers de tables et bancs rustiques. Cette même année « mise en peinture du poteau indicateur de la coudre et des ailes de direction ». Équarrissage d’un chêne pour faire deux autres poteaux. Le 3 septembre : confection par les ouvriers, d’un sentier près de la fontaine et construction d’un pont au passage du périmètre (futur GR 36).
Pour ce faire, abattage dans la parcelle 144 de 2 chênes de 1,10 m de tour, afin de réaliser un pont sur la rivière du Dinan au passage du chemin périmètral (au niveau de la route actuelle), allant du village des Forges à ce site.
1925, le barrage rustique fuit, il faut le réparer.
1927, M. Grégoire, charron à Beaumont-pied-de-Bœuf façonne les piquets de support de la couverture de lafontaine. La mise en place nécessite la présence de deux ouvriers charrons, quatre auxiliaires, Peltier et le brigadier.
1928, les grands moyens : Creusage du bassin par un entrepreneur et sa pelleteuse, aidé de neuf ouvriers (août). Des ponts rustiques sont construits par les auxiliaires aux alentours du nouveau bassin, l’ancien bassin est quant à lui curé.
1929 à 1932, l’aveuglement des fuites d’eau est un problème constant sur cet ouvrage neuf, de même que la réfection du barrage… Mystère de cette verte fontaine !
2 juin 1930, on procède au baptême du chêne Emery, en présence du conservateur Emery. Arrachage de houx, dans le chemin d’accès de la Coudre
16 mai 1933, deux ouvriers confectionnent une clôture dans la parcelle 145 autour d’un trou dangereux pour les promeneurs. Il s’agit d’un ancien puits d’extraction de minerai de fer.On y retrouvera un sanglier.
23 juin 1933, PELTIER Fernand : « Allé chez Maître PÉAN, notaire à Jupilles et au cadastre à la mairie de Jupilles afin d’obtenir des renseignements au sujet d’une vente de bien dont deux parcelles bordent la forêt dans notre triage. »
La Maison Neuve et le Pré de la Coudre…
1933 - Histoire d’une acquisition
La Maison Neuve, terrain situé au dessus de la Coudre, vers Jupilles fait partie intégrante de ce lieu. Suite aux tractations entreprises par le service forestier, avec Maître Péan de Jupilles, l’État s’est rendu propriétaire de la Maison Neuve, du pré de la Coudre, et de la Fontaine aux Malades (qui guérirait les affections des yeux).
Le 7 juillet 1933- le brigadier ALBRECHT écrit :
*J’ai l’honneur de faire connaître à Mr. l’inspecteur que Mr. Péan, notaire à Jupilles, demande 10.000 Frs. (frais en plus de 20 %) pour les deux pièces de pré et taillis situés en dessous de la Fontaine de la Coudre et en bordure des parcelles 140 – 141 – 142 *(Fontaine aux Malades) soit 2 ha 39 a 30 ca.
D’un autre côté, il vendrait le tout soit 10 ha 77 a 40 ca, bâtiments compris : 20.000 Frs. La différence du prix total avec les deux pièces intéressant l’administration m’ayant frappé, je l’ai fait remarquer à Maître Péan qui m’a répondu que c’était une enclave et qu’il avait des offres pour tout au moins le pré de la Coudre. Je signale sous toutes réserves à Mr l’inspecteur, que si l’offre à ce prix pour les deux pièces seule est faite, ce serait sans aucun doute en vue de l’établissement d’un débit dans le genre de l’Hermitière, car ce prix est certainement exagéré et ces terrains ne valent certainement pas le prix de vente proposé, en raison du prix du reste. Il semblerait que l’on veuille en profiter, en croyant que l’administration paierait plus cher que le particulier. D’un autre côté Maître Péan me dit, que la ferme de la Maison Neuve a été vendue 10.000 Frs (frais en plus) en 1905 et qu’il ne trouve pas exagéré le prix de vente actuel.
Mr Binet, actuel locataire de la ferme de la Maison Neuve, est quant à lui confronté à des problèmes d’autorisation de passage de plus en plus criants. Il habite cette maison depuis 1899.
Mr. Binet a sollicité auprès du Député Th. Romastin à Beaumont-Pied-de-Bœuf, une autorisation de passage en forêt domaniale. Celui-ci a écrit au Ministre de l’Agriculture qui lui a répondu qu’il prenait bonne note de sa demande, le 25 août 1933.
Le 1er août 1933 l’inspecteur Ruban écrivait en effet:
« Suite à une demande de Me. Péan Notaire à Jupilles concernant
une tolérance de passage pour la sortie de cette ferme par la
route des Trembles…Je vous signale qu’un droit de passage
définitif ne paraît pas pouvoir être accordé par l’Administration.
L’orientation de l’affaire dans ce sens semble donc vouée à
un échec.
Il est à remarquer en effet qu’à la date du 28 septembre 1892,
Mr. Pierre Brebion avait fait une demande tendant à obtenir
l’autorisation de desservir sa ferme en gagnant par la forêt,
l’allée Bretonne (dite route des Trembles).»
L’administration n’ayant pas donné suite à cette demande, M. Brebion l’avait remplacée par sa pétition du 26 décembre 1892, qui a été suivie de l’arrêté du 7 novembre 1893. « Je vous demanderai de bien vouloir examiner la question de la vente d’après l’indication ci-dessus. De toute façon, il serait désirable que l’affaire fût traitée rapidement, tout retard risquant de diminuer les possibilités d’obtenir le crédit nécessaire. »
11 août 1933- réponse d’Albrecht : « Il n’y a jamais eu de tolérance à travers la parcelle 143, pour rejoindre la route des Trembles. L’habitation se faisant par la ferme de la Ferrière. Dans tous les cas, j’ai interdit à Mr. Binet de passer par ces chemins d’exploitation sous peine de procès verbal. Il semble bien que cette question de tolérance a été soulevée avec intention de faire payer plus cher les terrains de l’administration. »
25 septembre 1933- il semble que la pétition et le recours exercé auprès du Ministre ai porté, car ce jour un arrêté donnant concession de passage à M. Binet (simple tolérance) est pris, (moyennant une redevance annuelle de 20 frs./an, 1 m3 de pierres cassées de 0,06 et la remise en état des lieux après usage) pour le chemin menant à la route forestière des Trembles.
3 octobre 1933- mais dans le même temps : Le ministre de l’agriculture a reconnu l’utilité et la convenance de l’acquisition au compte de l’État, de la ferme de la Maison Neuve moyennant le prix de 20.000 f. frais non compris, pour 10 ha 77 a 40 ca appartenant à Mme. Veuve Duchesne demeurant à Luceau - (Sarthe).
Cette ferme est finalement achetée avec entrée en jouissance au 1er novembre 1934.
« Allé avec un cultivateur reconnaître le terrain à cultiver dépendant de la ferme de la maison Neuve puis allé avec lui chez le brigadier pour lui indiquer les conditions demandées. » – Peltier, le 12 novembre 1934
Descriptif de la Ferme et Emplacement des terres :
« Le puits situé à proximité des bâtiments a une profondeur totale de 23 m,
dont 3 m d’eau. Il existe aussi à environ 30 m des bâtiments une mare d’un
diamètre de 12 à 15 m et d’une profondeur de 1 m à 1,50 m. Cette mare ne tarit pas. »
Note de l’inspecteur cherchant à savoir la quantité récoltable de pommes et le cours actuel : Réponse d’Albrecht : « 350 kg. de pommes à cidre de 90 f à 100 f et 150 kg. de poires à 60/70 f les 1000 kg. »
Parcelle 195 : Taillis médiocre : châtaignier 5/10e – chêne 3/10e – hêtre et divers 2/10e (exploité en 1932 et 1933).
Parcelle 194 : Terrain laissé inculte depuis très longtemps, couvert de bruyères, d’ajoncs, quelques chênes et divers sans avenir, quelques pommiers dépérissants, landes.
Parcelle 227 : (Fontaine aux Malades) Taillis médiocre, très clair, chêne 9/10e – hêtres et divers 1/10e. Sur le reste des terres Mr Binet récoltait en moyenne : 2500 kg. de blé et 1500 kg. d’avoine par an.
+ Verger : P.199 : 12 pommiers de rapport (3 dépérissants) et 3 poiriers. + P.200 : 1 châtaignier – 1 poirier. + P.201 : 1 cerisier – 4 pommiers – 4 poiriers + P.202 partie : 1 pommier »
9 septembre 1935- Travaux à réaliser à la Maison Neuve (devis). Resserrement des tuiles de couverture sur la cuisine et la chambre, enlèvement de 1400 tuiles sur le grange et remise de ces tuiles en couverture sur la cuisine et la chambre.
En 1935- réparation des bancs rustiques dont plusieurs barres étaient cassées – Le dessus des tables, actuellement constitué par des barres sera remplacé par des plateaux (du commerce) – les crédits sont à prendre sur la caisse des concessionnaires.
Mars 1935 :Plantation des prés
Envisagée le 9 avril 1935 elle est réalisée avec la préparation des potets en mars 1935. Pré de la Coudre (bas) 165 peupliers. Pré de la Fontaine aux Malades : 80 peupliers. Trous de 80 au carré et de 0,60 de profondeur espacés de 5 m en tous sens – Pose de tuteurs 17 avril 1935.
« En ce qui concerne la partie du Pré de la Coudre restée libre, en vue de la plantation de plants exotiques, la surface à garder est d’environ 18 ares » – Brigadier Peltier Fernand, le 19 octobre 1936
Outre le traditionnel nettoyage des étangs de la Coudre au printemps, il est établi le 2 mai 1936, l’ouverture d’un embranchement sur la route forestière de la Croix Segrier pour rejoindre la route forestière des Trembles de 96 m de long sur 4 m de large. Une plaque de signalisation métallique (don des Ets. Leroy et Pougin) est installée à l’entrée de cette route le 29 septembre 1936 et la plantation paysagée d’arbres exotiques provenant des pépinières Florent Delaunay (Angers) débute le 27 octobre 1936 parachevant l’ensemble :
+ 3 tulipiers de Virginie
(2 m à 2,50 m) : 28,80 f.
+ 5 platanes
(2 m à 2,50 m) : 25 f.
+ 2 hêtres pourpres issus de semis
(2 m à 2,50 m) : 22,40 f.
+ 3 saules pleureurs verts de Babylone
(2 m à 2,50 m) : 33,60 f.
+ 3 taxodium distichum en motte
(0,90 m à 1,20 m) : 24 f (cyprès chauve).
+ 2 picéas pungens glauca en motte
(0,70 m à 0,90 m) : 28 f (épicéas du Colorado).
+ Total 161,80 f – 25% accordés à l’administration.
6 novembre 1936- (Pie André) «Plantation d’arbustes dans le pré de la Coudre et extraction de plants de chêne (par deux ouvriers) pour plantation à la Maison Neuve- huit ouvriers jusqu’au 2 octobre 1936 et 1 laboureur jusqu’au 2 novembre 1937.»
1937- construction d’une passerelle sur la ligne de série à la fontaine de la Coudre en fond de vallée. Avec quatre ouvriers sur le terrain de la Maison Neuve. Réfection des digues des étangs.
Octobre 1940- démolition d’un mur de la Maison Neuve. Les pierres étant disposées en remblai sur la nouvelle route de la Coudre par les «chômeurs». Cette maison tombera en ruine après guerre faute de crédits pour pouvoir la conserver.
En juillet 1943- la Maison neuve est réduite à un tas de pierres. Seul le puits est en état. Construction de la loge de la Coudre par les chômeurs dans la vallée.
1947
- Balisage par la Fédération de randonnée pédestre du GR 36
Août 1963
Curage des étangs avec un engin mécanique. Ce curage est quasiment obligatoire et ceci régulièrement, car les feuilles encrassent les bassins. Les ouvriers Pottier, Pavy, Poirrier, Weber, Deniau, Fefeu, Raux, Levillain, participent en août 1963 à la confection des vannes au petit et grand étang.
Septembre 1964- étude de l’aménagement du parking de la fontaine de la Coudre.
1965- réfection de l’abri haut de la Coudre.
1966- empierrement du parking
1995- une touriste inconditionnelle de la fontaine de la Coudre adresse un chèque de 1.000 f afin que l’ONF procède au nettoyage de celle-ci.
2010- année internationale de la biodiversité : curage complet des bassins, et remise en eau fin octobre.
2019 Survol de la fontaine de la Coudre en 2019.
(5'20")
Automne 2024
Des travaux de remise en état de la prairie humide ont été diligentés par l’ONF
Pages en rapport avec le tourisme sur Bercé
La forêt, l’Homme et Bercé (vidéo)
Bibliographie :
Livrets journaliers des préposés et archives ONF.
Le massif forestier de Bercé (Y. Gouchet - 2002) & Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)