DES SECRETS BIEN GARDÉS
Indigents
La vie par le passé était laborieuse et beaucoup de travailleurs se trouvaient en état de pauvreté.
Ces “gagne-petit” pour passer l’hiver parcouraient la forêt pour glaner ou grapiller le bois de subsistance.
Considéré dans un premier temps comme du vol, les mentalités changèrent subitement par la pression médiatique, sous Napoléon III.
L’arrêt de cassation du 2 octobre 1807 édictait :
« … Que cet enlèvement avec charrettes, en violant la propriété nationale, détruit en même temps, au préjudice des pauvres, voisins des forêts, le bienfait de la tolérance d’humanité que le gouvernement exerce en leur faveur ; que cet enlèvement est donc à la fois une contravention à la loi et un acte spoliateur nuisible à l’indigent ».
En mai 1853
Bien avant les restos du cœur, sous ce que l’on appelle aujourd’hui la pression sociale, le « …gouvernement de l’Empereur Napoléon III est interpellé pour que soit concédée aux populations pauvres la faculté de ramasser gratuitement les bois morts, secs et gisants dans les forêts domaniales ».
Le directeur général de l’administration des forêts émet un avis de principe favorable mais, en le transmettant au ministre des finances, il fait observer que :
«…cette tolérance ne pourrait être accordée sans précaution».
Le 19 juillet 1853, le ministre demande que lui soit indiqué,
«…dans un projet de règlement, les conditions et formalités auxquelles on devrait, dans l’intérêt des forêts, subordonner l’ exercice du ramassage dont il s’agit. II importe d’en mûrir les dispositions de manière à concilier, autant que possible, le soulagement des individus nécessiteux avec le maintien régulier de la police forestière».
La proposition du directeur général est acceptée et l’arrêté signé le 19 septembre 1853.
En transmettant une expédition de cet arrêté au directeur général, le ministre lui recommande
«… la plus grande prudence dans l’exécution de cette mesure. II faut éviter qu’une tolérance puisse dans la sollicitude que le gouvernement porte aux classes malheureuses ne devienne préjudicielle pour les propriétés de l’État » ** (1)**
N’oublions pas que tout autour de Bercé, 11 communes bénéficient de cette mesure. L’obligation de le ramasser à la main était bien faite:
« … pour empêcher que des outils de coupe du bois mort n’entrent dans les forêts et qu’ils n’y servent a entailler des bois vifs et enlevés à dos d’homme. »
Tel ne fut pas le cas en forêt de Bercé, selon cette réprimande écrite le 4 juillet 1866, du garde général de Linière au garde Paul Masseron (MF des Hutteries) :
« les délits très graves d’enlèvement de bruyères qui ont eu lieu sur le triage du garde Masseron, prouvent d’une manière évidente, de la part du garde, une extrême négligence dans son service et de plus une faiblesse fâcheuse, sinon même, une connivence coupable vis-à-vis des délinquants. En effet, des charretées de bruyères sont enlevées frauduleusement de la forêt, à la porte de sa maison, en plein jour, par ses plus proches voisins, au vu et au su de tout le monde. Le garde seul ne sait rien, ne voit rien. Ce n’est que plus d’un mois après, lorsqu’il s’y voit forcé par ses chefs, mieux informés que lui par la rumeur publique, que le garde décide enfin à reconnaître le délit et à faire un rapport ».
Le 9 août de cette même année Masseron rencontre le conservateur qui en notation de son livret recommande à celui-ci « de se mettre en moyen de mieux connaître son service, autrement il sera replacé cantonnier. »
En décembre 1879, sur Chahaignes, le brigadier Houbant et le garde Crossonneau, ferment les yeux sur les chargements de têtes de pins cassées par le verglas, transportés par Pierre Posson et Alphonse Fournier.
Sur une commune comme Marigné, le nombre des personnes impactées par ce dispositif est impressionnant.
Indigents sur quelques communes autour de Bercé :
Marigné en 1882 : 50
Saint Mars d’Outillé en 1882 : 7
Mayet en 1895 : 7 dont Allard présent sur la carte postale.
Chahaignes en 1879 : 2
Saint Pierre du Lorouër en 1912 : 5
Pages en rapport avec ce sujet
Bibliographie :
(1) Revue forestière Fr. LVII – mai 2005 Histoire et territoires -
« Il était une fois ….le bois mort dans les forêts Françaises »- Michel Bartoli - Bernard Geny.
Documents administratif divers.
Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)