DES SECRETS BIEN GARDÉS
La Glandée
De tous temps, on a glandé à Bercé, mais toujours dans le bon sens du terme.
Dans le temps, menait au (parnage ou pasnage ou panage) les cochons (ou gorins) au pâturage ou à la glandée en forêt. La nourriture qui y était glanée n’était pas une charge pour les usagers… tout au contraire.
Au début du 20ème siècle c’était pour réapprovisionner les différentes pépinières du massif. Les femmes de forestiers étaient employées en priorité et on leur réservait des cantons qui étaient en général bien fournis.
Afin que les noms des forestiers n’apparaissent pas, Lorne, qui avait les idées larges, suggéra que les cessions soient faites au nom des belles-mères et beaux-pères. Ainsi, Mr Moineau, grabataire, ramassait-il fictivement des glands.
Plus tard en 1974, le CEMAGREF mit au point un aspirateur à gland, chargé de trier feuilles et graines.
Le meilleur ramasseur arrivait tous les jours du Mans en bicyclette, récoltait en moyenne à la main sur la journée 141 litres soit près de 20.000 glands, puis s’en retournait chez lui le soir, à vélo (pour faire un peu de sport). De nos jours, on exporte toujours l’excellence de la semence dans tout le bassin de production du chêne sessile. Saisonniers, et coopératives scolaires mettent le coup de collier à l’automne pour participer à cette grande œuvre, ce beau coup de pouce à la nature.
Aujourd’hui, seuls deux grainetiers sont habilités à ramasser du gland en forêt de Bercé. L’O.N.F. et VILMORIN. 60 tonnes de glands sont ramassées à la main lors d’une bonne glandée. Cela représente 15 millions de glands.
Anthony Jeanneau nous précise pourquoi le gland du chêne sessile de bercé est si prisé pour la reproduction de l’espèce. 0'17"
Chapeau bas les glandeurs !!!
Reportage FR 3 sur la glandée 2018 en forêt de Bercé. (0'15")
Les secrêts du ramassage des glands : c’est la persévérence et le trie.
Contée par un glandeur…de première !
…Cette fable …est une demande d’embauche.
" Monsieur le Directeur, l’article paru dans Ouest-France il y a quelques jours sur les glandeurs de la forêt de Bercé, a réveillé en moi une vocation.
Quand j’étais jeune, on me reprochait parfois de ne rien glander en classe. Depuis je me suis bien rattrapé et je suis devenu expert dans ce domaine.
J’ai passé le début de ma carrière chez les cols bleus et c’est là que j’ai commencé à glander, près de la bétonnière qui tournait à vide, accoudé sur un manche de pelle, attendant une gâchée de béton simulée. Comme d’autres, j’étais glandeur amateur.
Je suis passé professionnel chez les cols blancs et en particulier chez les fonctionnaires. Dans un bureau on trouve toujours à glander en taillant des crayons parmi des ronds-de-cuir. Maintenant on peut même glander par Internet sur glandouille.fr ou voir les plus beaux glands sur des sites branchés.
J’ai repéré sur les chaînes publiques des glands magnifiques. Sur les chaînes privées j’entends des glands parler des bourses… des glands qui portent des chaînes en or sans rien glander … et des glands qui se vendent à prix d’or.
Je suis devenu expert en arrivant chez les cols verts. Sous les grands chênes, j’ai pris des leçons auprès des ramiers les plus expérimentés. Le glandage n’a plus de secret pour moi. J’arrive à circonscrire les zones les plus propices à la glandée.
Glander à l’ombre des grands chênes nous préserve du stress lié au travail, du cancer de la peau lié au soleil, et nous inspire la justice telle quelle était rendue par Saint Louis.
Travailler à l’ONF serait pour moi un label, la consécration d’une carrière bien remplie à glander. Ne pas en fiche une ramée chez vous pendant encore deux ans, m’emmènerait doucement vers…une retraite bien méritée.
(Mes 41 glandées ne seront pas faites, mais tant pis !).
Je crois en la morale de la fable de la Fontaine, le Gland et la Citrouille, dont la morale est que « Dieu fait bien ce qu’il fait ».
Je me tiens à votre disposition pour un éventuel entretien et vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à l’expression de mon profond respect."
Signé M. G.
Autres articles concernant les productions forestières:
Bibliographie :
Le massif forestier de Bercé (Y. Gouchet - 2002) & Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)