DES SECRETS BIEN GARDÉS
Gemmeurs, saigneurs de Bercé
1927 à 1932.
Six années de gemmage en Bercé.
Le prix du pin maritime valait : De 1 franc à 3 francs en 1857, De 10 à 15 francs en 1914, Et s’est vendu en 1926 jusqu’à 126 francs (francs-papier), avec un cube d’environ 1,50m³. C’est de lui que l’on tire la gemme.…
« Car, pour lui dérober ses larmes de résine, l'homme,
avare bourreau de la création, qui ne vit qu'aux dépens
de ceux qu'il assassine, dans son tronc douloureux ouvre
un large sillon ! » **(1)**
Quelques définitions :
Le gemmage :
Consiste à blesser un pin pour en récolter la gemme ou résine. Le gemmage remonte sans doute à l’apparition de la forêt elle-même, c’est-à-dire aussi loin que les hommes s’en souviennent ! Dans les Landes, bien avant la loi de Napoléon III en 1857, le berger cède peu à peu place à celui qui incarne la nouvelle économie forestière :
le gemmeur :
C’est un “résinier” comme on disait autrefois en Sarthe……… vous savez……..l’autre pays du pin maritime ! Généralement métayer, il est payé au poids récolté. La plupart d’entre eux continuent à travailler le reste de l’année en forêt, à l’entretien des sites, à l’abattage des pins ou à l’éclaircissement des semis.
La campagne de gemmage commence vers la fin du mois de janvier pour se terminer fin octobre. Le résinier pratique à partir de la mi-mars les premières “piques” sur l’arbre écorcé, une incision dite “carre” à l’aide d’une petite hache dite “hapchot” ou barette. Les nouvelles piques se succèdent à intervalle de 8 jours. La résine est d’abord récoltée au pied de l’arbre, simplement dans un trou tapissé de mousse, puis, vers 1870, dans des pots en terre cuite (gobelets). En fin de saison le gemmeur aidé de sa femme procède alors au “barrasquage”. Cette dernière manipulation, assez pénible, consiste à racler la résine durcie qui s’est formée le long des carres durant la campagne. Une poire à acide sulfurique peut être vaporisée sur la carre, pour activer la sudation du pin.
La résine ou gemme :
Son prix est passé de 68 francs la barrique landaise de 340 litres en 1857 à 1087 francs en 1925 (francs-papier). La production moyenne annuelle de la gemme est de 120 millions de litres (dont 67 millions pour le seul département des Landes), soit 145 litres par hectare. Elle contient 20 % d’essence de térébenthine et 70 % de colophane.
La distillation permet de séparer ces deux corps.
L’essence de térébenthine est conditionnée en fûts de chêne et livrée à Bordeaux.
La colophane est exposée au soleil, sur des plateaux circulaires en zinc et, en quelques jours, le produit acquière sa limpidité. « La colophane sert entre autre à enduire les crins de l’archet de tous les instruments de musique à cordes frottées et permet à ces crins “d’accrocher” sur les cordes et de les faire résonner ».
Stockée en fûts de pin, la résine est ensuite expédiée vers les savonneries Marseillaises, pour distillation.
Épisode 1 -
Y aurait-il eu du pin maritime en Sarthe avant le XVIIème ?
«La culture du pin maritime», écrit M. Henry Roquet, dans un intéressant article paru dans le Bulletin de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe année 1925-1926, (2e fascicule) «ne remonte pas dans le Haut-Maine à une époque très reculée…. Si nous en croyons Cauvin (annuaire du département de la Sarthe pour 1829)… des négociants du Mans, frappés, au cours d’un voyage de la similitude des landes de la Gascogne avec celles du Maine, rapportèrent vers 1650 des graines de pin du Bordelais et les semèrent sur leurs terres aux environs d’Écommoy.» (2)
M. Roquet pense que cette date est beaucoup trop récente et que le pin maritime était certainement cultivé dans le Belinois un siècle plutôt. Peut-être même, d’après lui, s’agit- il d’une essence spontanée de la région de La Flèche, d’Écommoy, et de La Suze, mais cette question reste controversée. À cette même époque l’inspecteur principal Potel, ne croit pas en l’abondance du pin maritime dans la Sarthe avant la fin du XVIIème siècle.
L’amasse (du gascon amassa) est le nom donné dans les Landes de Gascogne à la récolte de la résine de pin.
Épisode 2 -
« Les pionniers du gemmage industriel en Sarthe »
Un visionnaire : M. Lefebvre des Allayx …..
De l’intérêt de l’extraction de la térébenthine des pins du département de la Sarthe.
Le succès des premières expériences exécutées sur mille pins, m’a engagé à opérer cette année sur cinq mille arbres nouveaux qui, ainsi que les précédents, ont été traités suivant les méthodes employées dans les départements des Landes et de la Gironde.
La rigueur de l’hiver ayant retardé les travaux préparatoires qui ont coûté 250 francs, on n’a commencé à récolter que le premier mai, c’est-à-dire deux mois et demi trop tard.
Les produits, la main d’œuvre, l’état de l’atmosphère, ont été consignés chaque jour; la térébenthine a coulé abondamment dès les premières semaines, mais elle se perdait à travers les joints des boîtes qui la reçoivent. A partir du mois de juin, on a constamment ramassé huit à dix seaux de 12 kilos par semaine, malgré le froid et les intempéries de la saison. J’avais espéré 3000 kilos, je peux en présenter 4500 d’une valeur de 1200 francs. Cependant 2000 arbres très petits, très rapprochés, n’ont presque rien donné, ainsi 4000 kilos ont été produits par 4000 pins. Le vieux millier ayant deux entailles, a fourni un tiers de plus que les autres. Le défaut d’instruction des ouvriers, le retard que j’ai éprouvé, ont occasionné une perte d’un tiers : au pied de chaque arbre on en voit des amas considérables qui ont pénétré la terre.
Huit journées d’homme par semaine ont toujours suffi, et jusqu’au 1er novembre, il y a 300 francs de main d’œuvre, pour 200 francs de produits, en y comprenant le galipot. On ne mentionne pas les frais d’installation qui ne se renouvelleront point. Nous avons fait des progrès depuis l’année dernière, mais il n’est pas douteux qu’avec des temps plus favorables et des ouvriers mieux dressés, on arrivera à obtenir d’une seule entaille un kilogramme et demi par arbre dès la seconde année ; c’est un résultat qui dépasse toutes les espérances.
Il a été reconnu que les plus belles récoltes ont lieu aux sèves du printemps et d’août, et au mois de novembre quand on racle les entailles; cette dernière nous a donné 1250 kilos de galipot. Le froid est moins contraire que les pluies et le vent qui empêchent la térébenthine de suivre les entailles. Les pins de 25 à 30 ans, et surtout ceux qui se trouvent sur les lisières sont les plus productifs ; ils doivent n’avoir qu’une entaille, être assez distants les uns des autres et bien aérés.
On choisira des tiges droites pour éviter un trop grand nombre de copeaux ; ceux qui sont inclinés auront des boîtes plus larges, plus longues et plus avancées du côté vers lequel ils penchent. Les planches des côtés de ces boîtes devront être évasées en dehors, pour les établir plus solidement et augmenter leur distance extérieure, elles dépasseront le sol de 0.5 mètre.(3)
Mr Lefebvre des Allayx (La Fontaine Saint-Martin) nous explique sa méthode.
« …Il faut enlever les 3/4 de la grosse écorce dans une longueur de 1 m
sur 0,2 de large, pour qu'il n'en tombe pas dans les boîtes qu'on nettoie
après avoir entaillé, en ayant soin de les recouvrir avec une petite
planche portée par le résinier. Les corps étrangers font perdre beaucoup
de matière; mais on en sépare facilement l'eau en inclinant la cuiller
avec laquelle on la ramasse.
Il est essentiel de n'accroître chaque semaine les entailles que de
0m010 de hauteur, sur 0m002 de profondeur, en rafraîchissant de 0m010
les précédentes; elles ne rendent plus au bout de quatre jours,
et deviennent nulles pour les produits. Les copeaux, qui servent à
diriger la matière, seront larges et d'une bonne longueur : de temps
en temps on ôte la térébenthine qui s'y fixe. Ils sont pris parmi
ceux qui viennent des entailles ; on conserve soigneusement le surplus
pour le réunir aux déchets provenant de l'épuration de la térébenthine,
et en extraire de la poix noire.
Toutes mes opérations n'ont fait subir aucune altération aux arbres,
et la profondeur des entailles ne portera pas de préjudice à leur
vente, parce que le bois qu'elles font perdre disparaît dans
l'équarrissage.
Les trous pratiqués dans les arbres font éprouver plus de perte que
les boîtes, et exigent des coches plus profondes pour y faire
communiquer plusieurs entailles, mais dans les fossés et sur les
haies on les préférera aux boîtes, pour que la terre ne s'y introduise
pas : dans tous les cas, on se gardera bien d'attaquer les racines
de l'arbre.
Lorsque l'entaille sera au-dessus de 2m on remplacera la hache courbe
ordinaire par une autre à manche beaucoup plus court, dont le tranchant
sera convexe, ainsi que la coupe longitudinale de sa lame. Les pinières
doivent être éclaircies peu à peu ; en traitant successivement les
arbres qu'on veut supprimer, et en réservant les plus beaux, de sorte
qu'on en prendra d'abord 3 à 4 cents par hectare, où il en restera
4 à 5 cents à traiter plus tard….
…Les pins sur lesquels nous opérons sont semblables à ceux de notre
département, et nous avons observé que la qualité du sol avait peu
d'influence. Les plus grandes variations ne proviennent que des
circonstances plus ou moins favorables, où ils sont placés et que
nous avons exposées.
Lorsqu'un pin est parvenu à tout son développement, on le couvre
d'entailles pour le faire mourir. Si la bille qui a été traitée ne
convient pas en charpente ou en carreau, on la débite, ainsi que la
culée, en petits morceaux qu'on laisse sécher pour en extraire le
goudron par une demi-combustion. Après cette opération, le bois
reste à l'état de charbon d'une bonne qualité et d'un bon usage.
La plus grande économie doit présider aux travaux préparatoires
et à ceux d'extraction de la térébenthine. Au surplus nous pourrions
citer plusieurs autres récoltes moins certaines, moins avantageuses
et dont les frais sont plus élevés.
Je suis heureux d'annoncer l'arrivée d'un ouvrier expérimenté,
qui connaît parfaitement la taille des pins, et la distillation
de la térébenthine. C'est un puissant secours pour la propagation
de cette industrie. En outre, j'en ai déjà formé neuf qui auront
bientôt les connaissances suffisantes, et leur nombre sera augmenté
pour opérer plus en grand. Cette exploitation et la manipulation des
résultats exigeront beaucoup de bras, elles permettront d'occuper
des enfants et des femmes qui étaient privées de travail par les
mécaniques à filer.
Nos produits sont de deux espèces :
1° -
Le galipot qui se détache de l’entaille, et qu’on livre au commerce sans aucune préparation, au prix de 0 fr.40 c. le kilo; il forme le 1/4 de la récolte totale.
2° -
La térébenthine qu’on prend dans les boîtes, pour la soumettre à l’analyse et obtenir l’essence, la colophane, la résine, le brai et autres matières que nous pourrons bientôt exposer. Ces opérations sont plus simples et moins coûteuses que la distillation du vin, parce que l’essence étant plus volatile que l’eau-de-vie, demande un feu moins violent et n’exige pas deux façons. Les frais et la perte occasionnés par les matières étrangères sans valeur n’excèdent pas 5 %.
Notre climat étant plus froid que celui de Bordeaux, on pourrait craindre que ces produits ne fussent inférieurs ; il est reconnu que les goudrons du nord sont préférables à tous les autres, et que l’essence de Genève est bien supérieure à celle de la Gironde. Les vins et les eaux-de-vie des pays les plus méridionaux ne sont pas toujours les meilleurs ; et notre latitude est peu différente de celle de la Suisse, cela nous fait espérer que l’essence de nos pins sera d’une bonne qualité. J’ai déjà fabriqué de la résine qui égale celle du commerce, et qui lui sera supérieure, si on y laisse un peu d’essence. Je ne prétends traiter que mes récoltes ; mais on pourra fonder un établissement central pour celles qu’on obtiendra dans nos contrées.
Le département de la Sarthe a 1700 ha de pinières et 23000 ha de landes, bruyères et terres incultes qui toutes devraient être immédiatement plantées en pins. On pourrait toujours en avoir 24000 ha à traiter, dont le produit annuel s’élèverait par la suite à cinq millions, en térébenthine, en galipot et en goudron.
L’écoulement des diverses substances qui sont d’un grand usage dans les arts, dans la marine et pour l’éclairage, s’effectuera promptement en livrant aux commerçants, ou directement aux consommateurs. Leur transport donnera une grande activité au roulage et à la navigation. Le commerce recevra une extension qui procurera de nouveaux bénéfices ; les revenus des plantations et leur valeur seront beaucoup augmentés. Ainsi, un mille de pins entaillés et âgés de 25 ans, qui ne rapporterait pas 10 fr. par an, pourrait produire 200 fr. de rente à une époque où chaque arbre ne vaudrait pas 1 fr., et jusqu’à celle où il aurait atteint toute son étendue.
Un riche propriétaire du département des Landes, m’écrivait dernièrement que, s’il n’était pas aussi âgé, il viendrait ici établir l’extraction de la résine dont il retirerait d’immenses avantages. Celui que j’apprécie le plus, c’est de décider mes compatriotes à saisir avec empressement cette nouvelle branche d’industrie, qui sera la source de plusieurs autres, telles que la fabrication du gaz lumineux et du savon, et qui jointe à une meilleure culture de notre sol, imprimera le mouvement le plus favorable aux intérêts de toutes les classes de la société. Ceux qui pourraient encore avoir quelque doute sont invités à visiter mes travaux ; la question principale est résolue, mais s’il reste quelques difficultés à vaincre, l’expérience m’instruira, et j’espère que des hommes plus éclairés que moi voudront bien seconder mes efforts. » (3)
……………………Mr THORÉ témoigne lui aussi de son succès:
La veuve de l’entrepreneur visionnaire Lefebvre des Allayx, obtiendra en 1842 le 1er Prix du Concours de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de la Sarthe (médaille d’or).
La voix de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe et les travaux de M. des Allayx ont été compris, car déjà 40 mille pins environ se trouvent entaillés dans ce département et l’intention de Mm. Demaude frères et Dugué serait même de soumettre à cette utile opération les pins de la forêt de Bersay, si M. le Ministre des finances veut bien leur en accorder la location. Voici même ce qu’à cette occasion écrivaient ces Messieurs en réclamant de la Société qu’elle voulût appuyer leur demande auprès de M. le Ministre.
Les résultats avantageux que M. Lefebvre des Allayx vient d’obtenir du gemmage des pins maritimes, les encouragements que vous promettez à ceux qui entreprendront un pareil travail, ont fait naître en nous l’idée de créer une entreprise toute spéciale pour extraire les sucs résineux de ces arbres couvrant 20 mille hectares de notre département, et qui pourraient en couvrir autant, le cadastre indiquant 22 mille hectares de bruyères.
Votre Société s’est empressée de prêter l’appui qu’on lui demandait, persuadée qu’une telle entreprise serait un moyen puissant de propager une industrie destinée à porter l’aisance dans les contrées les plus pauvres du département et à augmenter d’une manière notable, sa richesse territoriale et commerciale, car désormais l’extraction des substances résineuses ne peut plus être considérée comme impraticable ni comme improductive dans notre pays.
Après 1860
L’accroissement de la production de gemme s’explique par le développement des étendues de pins gemmés, au fur et à mesure que progressent les ensemencements des landes dites communales.
D’autre part, la demande extérieure s’accroît, stimulée par le retrait sur le marché du plus gros concurrent, les États-Unis, durant la guerre de Sécession (1861-1865).
En Gascogne, la résine qui s’écoule, c’est de l’or pour le pays.
D’après certains calculs, écrit M. Buffault, conservateur des Eaux et forêts à Bordeaux, dans les Landes, un hectare boisé en pins rapportait en moyenne, en bois et en résine :
25 francs par an en 1857;
48 francs par an en 1902;
200 francs par an de 1910 à 1924 (moyenne annuelle);
Le chiffre de 1924 a même atteint 284 francs, en francs-papier, la résine entrant dans ce chiffre pour 3/5, et le bois pour 2/5. « Revue des Eaux et forêts -juin et juillet 1926 »
Dans les terrains particuliers de la région (Sud-ouest de la Sarthe), les repeuplements en pin maritime se faisaient toujours autrefois, c’est-à-dire avant la guerre de 1914, après extraction des souches, quand il y en avait, et labour à la charrue, au moyen d’un semis en plein, à la volée, dans un sol complètement découvert.
Depuis la guerre, l’extraction des souches ne se fait plus que rarement en raison de la cherté de la main d’œuvre, mais, dans ce cas et en compensation, la graine est semée avant l’extraction des souches et se trouve enterrée pendant l’exploitation de la pineraie. » (4)
On ne saurait trop insister, sur l’importance du gemmage dans la Sarthe. On recommença à gemmer les pins, semés vers 1880, à partir de 1905;
Vers 1914
Il y avait, dans la région du Lude, près d’un million d’arbres gemmés.
La Société forestière de Sologne passait avec les propriétaires, des baux de
4 ans pour la récolte de la résine, ou bien les propriétaires lui vendaient
leur récolte après avoir fait résiner eux-mêmes.
Mais c’est seulement 85 ans plus tard que la production de gemme est entreprise sur Bercé. L’outillage et les techniques sont originaires du Sud-Ouest.
Épisode 3 -
La culture du pin maritime appliquée à Bercé :
Six ans de gemmage à Bercé (1927 à 1932)
À Bercé en 1926, Granger (conservateur des Eaux et forêts) annonce l’adjudication des carres pour un gemmage en 1927. La carre s’est adjugée 2 francs l’unité/an en 1926 en forêt de Bercé, et 1,35 franc en 1927.
En forêt domaniale de Bercé, le gemmage a lieu à une, deux, trois ou quatre carres, selon la grosseur des pins, à partir de 0,80 m de circonférence, à 1,30 m du sol.
L’opération s’effectue du 15 mars au 15 octobre. Les carres sont commencées au collet de la racine, et élevées suivant le fil du bois, sans dépasser dix centimètres de largeur et un centimètre de profondeur.
Le gemmage dure trois années, devant être conduit de manière à ne pas épuiser les arbres, qui peuvent être abattus, à l’expiration de ce délai.
Le gemmage-épuisement aura lieu à une carre pour les pins ayant moins de 0,80 m de tour, à deux cares pour ceux ayant de 0,80 m à 1 mètre de tour, à trois carres pour ceux ayant de 1,01 m à 1,20 m de tour et à quatre carres pour ceux ayant plus de 1,20 m de tour à 1,30 m du sol.
Pour le gemmage à mort, le nombre des carres sera facultatif; mais leurs dimensions en largeur devront être conformes au règlement qui suit :
La hauteur des carres sera celle indiquée à l’article 20 du cahier des charges. Les carres seront commencées au dessus du collet de la racine; elles seront élevées suivant le fil du bois, sans toutefois que leur largeur puisse dépasser 0,10 m et leur profondeur un centimètre, mesures prises sous corde tendue d’un bord à l’autre de l’entaille à la naissance de la partie rouge de l’écorce.
Le gemmage devra être conduit de manière à durer 3 ou 4 années consécutives, sans rien enlever aux arbres de leur valeur commerciale en tant que bois épuisés; Les adjudicataires demeureront responsables de la mort des arbres s’il est reconnu que celle-ci provient d’un gemmage abusif et seront tenus dans ce cas de s’en rendre acquéreurs.
1926 :l’épopée continue.
Avec l’arrivée de gemmeurs venus des Landes, quelques familles ont fait souche en Sarthe.
Nous retrouvons à cette date, trace des gemmages effectués sur Bercé et des comptages de carres effectués par les préposés:
En 1927 parcelles 107 et autres;
En 1928 le gemmage concerne diverses parcelles;
En 1929 p. 153 et l’échange Duval dans Croix-Segrier et p. 49, 54, 58, 76, 82, 83, 85, 88;
En 1930 p. 83 et autres;
En 1931 p. 66 et autres;
En 1932 p. 63, 64, 65, 77.
Cette année étant la fin de toute pratique du gemmage sur Bercé car nous n’entendrons plus parler de rien.
Depuis, pins sylvestres, douglas et laricios de Corse ont progressivement comblé les vides laissés par l’arbre aux larmes d’or.
En 2015 sur Bercé, le pin laricio présente un certain veinage. Il sera peut-être progressivement remplacé par le pin maritime …de corse plus adapté …sècheresse oblige. Depuis, les études génétiques et l’expérience nous ont appris que quelques parcelles avaient été semées de graines originaires du Portugal, génétiquement moins performantes que celles des Landes et à l’origine d’un arbre instable à port moins fourni.
Aujourd’hui, la technique innovante des trous circulaires dans l’écorce, permettent d’obtenir un concentré purifié et intact de la sève du pin maritime.
Autres articles concernant les productions forestières:
Bibliographie :
(1) Le pin des Landes (Théophile Gautier 1811-1872)
(2) Extrait de la conférence, faite par M. GRANGER conservateur des Eaux et forêts, à l’assemblée de l’union syndicale des marchands de bois, le 18 mars. (Article paru dans l’agriculteur Sarthois du 7 avril 1928 n°1364)
(3) Bulletin de la Société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe* 1842
(4) Note du 14 février 1928 de M. l’inspecteur principal au Mans
Revue Au Fil du temps N° 49 - 52 & 55 (Y. Gouchet – 2010/2012)