DES SECRETS BIEN GARDÉS
Le feu
L’incendie « plaie ultime » de la vie d’une forêt.
De tous temps l’homme cherche à accroître son territoire. Le plus rassurant pour lui est de pouvoir maîtriser son environnement. La forêt, milieu sauvage trop souvent hostile, est le repaire de tous les dangers. Dès qu’il dompte le feu, il s’attaque aux défrichements par essartage pour agrandir la surface de ses terres cultivables, puis quand elles sont épuisées, les abandonne de nouveau à la forêt renaissante.
Depuis la nuit des temps, les champs sont défrichés par le feu ce qui permet un gain de fertilité des terres, une sorte de régénération, en des temps ou les engrais n’existent pas encore. Mais les écobuages mal maîtrisés mènent parfois à la catastrophe. La forêt eut à subir ses pires traumatismes surtout après le 10ème siècle, pour pouvoir au fil du temps procurer aux hommes et aux bêtes, nourriture et abri.
Il n’y a pas en forêt de petits incendies, mais des grandes catastrophes pour la vie forestières animale et végétale. Par le passé les écobuages (1) mal maîtrisés menaient parfois à la catastrophe.
L’écobuage (1), est un travail harassant,
il consiste à brûler souches, racines
et couverture superficielle du sol
(landes) puis à épandre par la suite
ces cendres dans lesquelles, les paysans
de la forêt d’autrefois, cultivaient seigle,
pommes de terre, sarrasin et pois.
Dans les sols pauvres, la récolte
était forcément dérisoire.
L’Édit royal du 13 décembre 1719
Il condamne à la peine de mort ceux qui allumeraient du feu en forêt.
Déjà entre 1727 et 1777 : les forestiers arpentent les bois incendiés de “Grandmont et de Haute-Perche” contigus à la forêt de Bercé.
1862 :
Incendie dans les Hutteries.
5 mars 1863
Dans les écobues. « Surveillé l’atelier de piochage du canton des Boistardières (18 ouvriers dans la parcelle 20) » (Joly)-
Les 3 et 4 juillet 1863 « Mise à feu des écobuages» (Masseron) et le 29 juillet 1863 « Rendez-vous à Laillé à 7h du matin pour la paie des ouvriers ayant travaillé aux écobues dans le canton des Boistardières, sous le contrôle du garde général.
16 novembre1863 « Surveillé les ouvriers employés à reprendre la cendre des écobues.
1864
Le 28 mai un incendie a lieu dans le canton de Chat-Buisson, vers 9h30 du soir.
Le garde JOLY reste sur les lieux jusqu’à 2 h du matin…résultat : 5 ares brûlés dans une partie de bois rabougris sur un sentier conduisant au hameau des Tesnières. (Ont combattu ce sinistre : Fresneau Félix, Legeay René (journaliers) et Legeay Jean (Pruillé).
12 septembre 1865
« Surveillance de la mise à feu dans les Boistardières…resté jusqu’au matin du 13. »
Le 27 avril 1867
« Dit au sieur Besnard de herser son écobuage de Bercé. 18 juin 1867 : « émottage de l’écobue des Boistardières (31 tâcherons le 18 juin et 43 le 19) »(Joly)
1871
Le 7 avril : incendie dans Croix-Segrier.
1874 à 1881 :
Les incendies ne semblent toucher par imprudence que les coupes de bois.
1884
Le 14 avril : la peur de l’étranger est tenace et Leroi Pierre Marin écrit : « Été à la gendarmerie du Grand-Lucé prendre des renseignements sur l’arrestation d’un individu que nous soupçonnons d’incendie. Il est étranger au pays, porte toute sa barbe et un petit paquet contenant plusieurs morceaux de pain, qu’il a jeté plus tard. Se dirigeant vers Pruillé, cet homme semble pris de boisson. Peu après son passage sur ledit chemin au canton de Bercé les sieurs Beauchamps et Boussions (de Marigné) ont aperçu de la fumée. En arrivant sur la route, près de l’incendie, ils ont remarqué cet homme à environ 200 à 300 m, l’ont appelé à leur aide, mais il s’est contenté de se retourner, a regardé puis poursuivi son chemin.»
1890 :
Toute demande d’écobuage devra faire l’objet d’une demande d’autorisation à M. l’inspecteur adjoint des forêts au Mans.
1891 :
Le 19 avril : les forestiers reçoivent les félicitations de l’inspecteur pour “le zèle et l’empressement” des préposés de la brigade n°1 (brigadier Crossonneau, gardes Schneider, Piron, Leroi, Anjou) lors du feu de ce jour au canton de Haute Perche.
1893 :
En avril et mai, durant cette période dangereuse, le brigadier et les gardes de la 1ère brigade exécuteront des tournées fréquentes pendant le jour sur les points les plus exposés aux incendies, dans le massif de pins. Les tournées de nuit s’effectueront par deux et armé.
1899 :
Le 18 juillet : la parcelle 56 est touchée.
Puis durant les 30 années suivantes :
Croix-Veneur (avril et mai 1900)-
Parcelle 104 des Profonds-Vaux (11 avril 1903)-
Parcelle 96 (10 avril 1904) -
Puis les 95 et 100 (3 août 1906) -
Les parcelles 66 & 68 (1er février 1909)
Dernier écobuage recensé « 15 février 1909 dans les Boistardières, binage de ces bandes et semis de P.S. en mars 1909 puis ratissage de ces bandes. » Demeurée traditionnelle pendant des siècles, la méthode des écobuages prendra fin en 1910.
La parcelle 49 (13 juillet 1910)-
Parcelle 1 (9 février 1911) - 3 foyers ayant été allumés dans les Essarts, « …les habitants de Grammont croient que le feu a été mis pour les attirer et les voler pendant leur absence. ».
La parcelle 46 (13 juillet 1911) et les parcelles 32 & 33 (10 au 12 août 1911) et 136 – Haute-Perche parcelle 50 (16 & 17 avril 1914) - Parcelle 239 (11 février 1917) - Parcelle 233 (1er mai 1918) - parcelle 224 (3 mai 1918) : vers 4h du soir Jouaux accourt parcelle 224, «… en entendant crier « au feu », après deux heures de travail et avec l’aide des prisonniers de guerre, nous avons pu nous rendre maîtres du feu », …cette même année un incendie est signalé route de Tours.
1919, le 28 janvier : feu à la Tasse et du 13 au 19 septembre, les Profonds Vaux sont impactés : parcelles 93-100-101-102 : le fils Allard Gustave, (21 ans) témoigne:
« Nous étions sur le fait de notre maison sur Lavernat à Baraguay, aidant les ouvriers maçons qui travaillaient à la toiture, lorsque vers 15h15, nous avons aperçu dans la direction de la route de Vaas une épaisse fumée. Mon père a couru en direction du feu avec les maçons, moi j’ai couru vous prévenir. »
La troupe (35 hommes du 31ème d’artillerie) les auxiliaires (leur journée sera payée 36 f), les habitants désignés par la commune de Beaumont et les forestiers Feliot, Guilbaud, Guyomard, Peltier, Pigault, participent à la défense contre le feu. Une trentaine d’hectares ont été ravagés, brûlés sur 1,50 m de hauteur.
« La population, appelée par le tocsin y a prêté le meilleur concours. L’hôtel de Saint-Hubert a fourni des verres et des rafraichissements aux travailleurs. Les brigades de Château-du-Loir et de Mayet assuraient l’ordre…à ces populations vont nos remerciements. »
1922, le 1er mars : Les lignes coupe–feu, prévues à ouvrir dans les jeunes bois des cantons du Buisson, Salles et Profonds-Vaux sont ouvertes par soumission aux concessionnaires.
1923, Marigné le 16 septembre 40 à 50 ha de la forêt de Bercé (dite de Jupilles) ont été la proie des flammes. On présume que le feu ait été mis par imprudence. Ouest-Éclair du 17 septembre 1923.
1924, le 5 mai « Un feu démarre dans la Guiltière, né dans l’exploitation d’un bois particulier vers 16h, le feu gagne la parcelle 90 de la Guiltière puis se dirige vers la route de Vaas alimenté par la fougère sèche. »
Le garde Guilbauld, la gendarmerie de Mayet et 50 habitants de Verneil participent à ce combat. Cette année-là, les reboisements seront crédités par le produit des jeux (en France).
“La franchise téléphonique permet au garde de contacter l’inspecteur en cas d’incendie”.
1925
Le 12 juillet : parcelle 77.
1926
Le 18 septembre : feu dans la parcelle 215.
1928
Les 5 et 6 septembre : Parcelles 133 et 134.
A l’appel du tocsin, les populations de Jupilles et Marigné ont vaillamment combattu le feu à l’aide de branchages et d’outils rapidement réquisitionnés.
Le Mans - Ouest-Éclair du 6 septembre :
Hier, vers 12h30, le feu s’est déclaré dans la forêt de Bercé, la plus belle de la Sarthe, au lieu dit « le rond du Nacron », à 1500m environ du bourg de Jupilles. 15ha de bois taillis ont été consumés. Deux cents personnes des communes voisines et les brigades de gendarmerie du Grand-Lucé et de Château du Loir ont réussi à faire la part du feu après trois heures d’efforts, sous la direction de Mr Potel, inspecteur des Eaux et forêts. On croît pouvoir attribuer l’incendie à l’imprudence d’un fumeur.
Le 13 septembre de cette même année, un feu de 30 ha ravage les Profonds-Vaux (parcelles 93-101-102).
Rappel de l’inspecteur
« il est demandé aux ouvriers de nettoyer les chemins, les lignes et tranchées garantissant un pare-feu en cas d’incendie ».
Constat de l’inspecteur Hurteau
Vers la fin de l’hiver, le dessèchement naturel du sol,
herbes, mousses, lichens, bois mort et feuilles tombées,
coïncide parfois avec un minimum pluviométrique ainsi
qu’avec des vents violents et soutenus. Le soleil très
vif et le hâle de mars achèvent le flétrissement des
feuilles. Elles se plient, se recroquevillent,
se soulèvent et cessent de se presser dans le tapis
saturé d’eau, compact et appliqué contre le sol qu’elles
constituaient depuis leur chute pour en former un autre
moins dense et contenant de l’air. Ces conditions
favorisent au plus haut degré la naissance et la rapide
propagation des incendies. Aussi est-ce à ce moment
qu’ils éclatent fréquemment …la situation est aussi
critique à la fin de l’été ou tout l’étage inférieur
devient éminemment combustible. Les mois de juillet à
septembre sont les plus dangereux. Bien que des incendies
mystérieux aient été attribués à la foudre, à des tessons
de bouteille formant lentilles, nul doute que la cause
principale n’en soit plutôt humaine.*
Ouest Éclair du 7/09/1928
Le feu en forêt de Bercé
Mercredi, vers midi, le feu se déclarait en forêt de Bercé,
en bordure de la ligne des Trembles entre le rond du Nacron
et la Chauvinière sur la commune de Jupilles. En peu de temps,
grâce au vent sud-est, le feu s'étendait dans lé canton de la
Croix Marconnay. Le toscin fut sonné dans les communes voisines,
dont la population-vint sur les lieux. Les gendarmes de
Chateau-du-Loir du Grand-Lucé, de Mayet et d'Ecommoy,
prévenus par l'inspecteur principal des Eaux et forêts,
M. Potel, accoururent immédiatement. Les progrès" de l'incendie,
dont les flammes' atteignirent jusqu'à dix mètres de haut,
furent arrêtés par un contre-feu, et grâce aux manœuvres
habiles menées par les gardes forestiers et les gendarmes,
de sorte que vers quatre heures du soir il ne restait
plus que quelques brasiers.
L'incendie a couvert 12 à 15 hectares. Les dégâts
sont assez considérables, car le bois brûlé est du plan
naturel de chêne de 20 à 25 ans, inutilisables encore
comme bois d'industrie et donc a peu prés sans valeur
marchande actuellement. Une surveillance active eut lieu
toute la nuit, par les gardes-forestiers.
1929
Le 29 mars, au nord de la maison forestière des Hutteries, parcelles 10 à 13, un incendie ravage 70 ha de pins sylvestres. 34 ouvriers ont combattu de nuit cet incendie ainsi que 1500 riverains venant des communes avoisinantes et 60 riverains de Marigné. Battage du feu à l’aide de ramiers et contre-feux en s’appuyant sur les routes forestières et parties feuillues par un vent violent dirigé d’est en ouest.
Cet incendie fut nommé « le Grand Brûlis ».
« Au 1er avril, il subsiste encore quelques foyers », témoigne Louis Pigault, « Alors que nous sortions de déjeuner, nous avons senti une forte odeur de fumée indiquant un incendie. Avec le sieur Henri Renault, mon voisin, nous nous sommes immédiatement dirigés du côté d’où semblait venir cette odeur. En arrivant au rond de la Croix, nous avons trouvé M. Grassin Jules, cantonnier à Saint-Mars-d’Outillé qui venait d’être prévenu à 1 km de là par deux automobilistes (MM. Richard Georges et Hervé Alfred, domiciliés à Thoiré-sur-Dinan). Le feu a parcouru 5 ha de futaie de pins sylvestres de 80 ans et 55 ha de gaulis de pins de 15 à 50 ans. Sur 1500m environ et en 1 heure, car il était à moins de 100 m de la maison forestière des Hutteries à 14h30 précises. »
1933
Le 4 avril : 15h30 - parcelle 91 de la Guiltière et parcelle 60 en bordure RN158 - vent de l’est à l’ouest- incendie combattu par 70 personnes. Vers 16h30 le feu était éteint. On suppose là encore que le feu ait été allumé par un fumeur imprudent. A 23h 15 Gautron écrit :
« j’ai pris la surveillance jusqu’au jour, je suis allé prendre du café et de l’eau de vie chez moi pour les 4 hommes qui étaient en surveillance toute la nuit ».
Superficie brûlée : environ un hectare.
Le 3 août parcelles 91 & 92
combattu en 30 minutes par Gautron, le brigadier Peltier, et quelques ouvriers, mais par malchance, cet incendie reprend le 4 et sera combattu toute la nuit par l’inspecteur-adjoint, 20 hommes de troupe et les ouvriers Paris, Ladurée, Chantoiseau, Carterau, Robert, Gauthier et le garde-chasse Gobert.
1935
Rappel de l’inspecteur :
« En cas d’incendie les dimanches et jours fériés envoyer le télégramme aux adresses personnelles de l’inspecteur : 4 rue Montauban, le Mans, (Un avis téléphonique peut être envoyé à mon numéro personnel : le 20-89 et donner mon N° de téléphone à M. Rastoul à Saint-Hubert) ou celui de l’inspecteur-adjoint : 14 rue Crochardière, le Mans. »
1936 et 1937
Divers incendies sans gravité sur Joriette (p.50 partie) et Saint-Hubert (camion en feu sur RN158).
1938
Le 14 mars sur Bercé : interdiction aux bûcherons de faire du feu dans les balais et ce, en raison d’une sècheresse persistante… 430 ha de la forêt de Sillé viennent, le 12 de ce mois, d’être ravagés par le feu.
1941
Le 3 mai, incendie sur la bordure est de la parcelle 54 (bois de 40 à 80 ans) vent nord-est assez vif. C’est le feu allumé le matin pour brûler des branchages qui, au moment d’une bourrasque au déjeuner, fut à l’origine du sinistre d’un hectare.
1942
Le 25 mars, le feu parcourt 12 ares de sous-bois feuillus sans faire de dégâts. Incendie dans la nuit du 19 au 20 dans la parcelle 15 (16 ares en bordure de la route forestière de Grammont).
1943
Les 9 et 10 mars, parcelles 90, 106, 107, 108 en début d’après midi. Le feu sur 22,50 ha, est dû à une imprudence car c’est mardi gras. Il est attisé par une grande sécheresse et un vent irrégulier dirigé du nord au sud. Le feu est circonscrit à l’aide de branchages frappés au sol. La nuit du 13 au 14 avril un feu s’est déclaré dans les Pressenteries et le 16 suivant, c’est un camion chargé de beurre d’Isigny qui en prenant feu sur la RN158, ravagea 4 ha et nécessita 200 sauveteurs.
Le 6 août 1943 la foudre… (Tombée un 2 août)….aurait ravagé lentement 3 ha de couverture morte dans une partie des parcelles 57 & 58 partie.
1944
Le 24 février : Mme Manceau de Jupilles informe le garde Daviron qu’elle a mis le feu à la forêt dans la parcelle 53 à la Tasse. Trois ares seront éteints avec l’aide de son journalier. Le 27 mars feu dans les Pressenteries de 16h30 à 3h45 puis le 28 mars.
Le 7 avril, feu de 12 ares dans la parcelle 152 (progression de NE à SO) éteint à l’aide de branchages verts par les forestiers Poumerol René, Daviron Lucien, Leroux Raymond, Pie Roland, Bordeaux, Victor, Fefeu Paul. Le 28 avril :feu parcelle 62 du Grand-Hêtre.
Le 2 mai, incendie hors forêt domaniale au dessus de Mortier-Râteau.
Le 6 août c’est à la Tasse, parcelle 55 qu’un foyer allumé par un service civil de l’armée allemande cantonné en forêt se propage sur 0,50 ha. Daviron de relater : « Celui-ci brûlait des archives à même le sol. Le vent fort dirigé nord-sud, nous fit établir une tranchée autour de l’incendie, avec l’aide d’André Pie, Poumerol, Chevrier Maurice, le garde Gobert, Ladurée, et les soldats allemands ».
Le 12 août à 15 h fumées en direction du Tronchet. Incendie des parcelles 60 et 61 et 3 heures plus tard … parcelle 53 de la Tasse. Le feu a été allumé parcelle 61 à 25 m de la route par temps calme fort heureusement. Surfaces touchées : 3 ha (p.53), 16,50 ha (p.60), 21,42 ha (p.61).
Le 4 septembre on embauche quelques ouvriers pour l’exploitation en régie des arbres brulés.
Témoignage d’Albrecht :
Rejoignant à bicyclette l’incendie de Saint Hubert, j’ai réveillé le garde Gautron ainsi que Mr Rastoul Eugène qui a donné l’alarme au hameau de Laillé. Prévenu à 2heures, nous arrivions sur les lieux à 2h30 du matin. Il y avait environ 35 ares de brulés. Avec les collègues et 4 autres personnes, et à l’aide de branches, nous avons localisé le feu à 4h. Nous avons organisé un service de nuit. De fortes présomptions vont soit sur le tir des troupes Américaines, soit sur la fuite des soldats Allemands. Marche du feu du Nord au Su Mr l’inspecteur Viney était présent sur les lieux le lendemain. Plusieurs contre feux ont été allumés.
1945
Les 11 et 12 août : « le 11 vers 8 h un incendie est déclaré p 82, 84, 85 sur 31,84 ha (vent de nord-ouest.) La cause en est un feu de repas allumé par un journalier de Jupilles et son patron qui ramassait de la bruyère. Quelques tisons dans l’humus très épais se sont réveillés et en raison de la grande sècheresse et du vent, se sont exprimés rapidement au petit matin. 1 ha de feuillus de 140 ans, 1,84 ha de semis de pins Sylvestres de 6 ans, et 29 ha de maritimes et sylvestres de 50 à 60 ans furent détruits pour un coût estimé (fourniture repas + frais auxiliaires + frais pompiers de Verneil et Mayet + divers) à 31.180,75 f. Les bois de la parcelle 84 furent cédés plus tard par l’administration forestière aux mines de Lens. »
Plus tard, beaucoup de feux seront issus d’exploitations et d’incinération des rémanents. Quelques incendies touchent en 1982 : p189, 1983 et mai 1984 les parcelles feuillues n°24 et 28.
Après guerre le service de déminage sollicita les gestionnaires de forêt pour faire exploser sur place tous les restes d’explosifs de la dernière guerre. Bref, c’est à partir de cette date que Bercé aura le plus à souffrir du feu.
Pour accéder au dossier spécial Bikini, cliquez sur ce lien :
Bikini, l’épisode noir de Bercé
1964 à 1981, peu de feux importants, durant cette période.
1982, un incendie affecte sur quelques ares la parcelle feuillue 189 lors d’une coupe.
1983, la parcelle feuillue n°24 est impactée.
1984, le 24 avril dans le haut de la parcelle 221 en exploitation au niveau de la 222, un feu sera combattu par 10 corps de sapeurs et une grande partie des pins laricio plantés (10 ha) seront détruits. Les bûcherons travaillant au dessus «… ne s’étaient rendus compte de rien ! ».
A cette époque il est interdit d’apporter du feu en forêt du 15 mars au 15 septembre et l’interdiction de fumer est totale. Mais le 28 avril, parcelle 28, rebelote… dans du feuillus et du résineux le feu ayant pris en bordure de route de Grammont. Ce jour-là, 18 centres de sapeurs étaient présents.
1985, le 13 septembre, incendie de la p.6, suivi plus tard d’une explosion de…genêts.
1986 à 1992 peu de dégâts à constater. Le 19 juin 1992 mise en peinture sur les arbres et sur fond blanc des mots « feux interdits ». En juillet, parcelle 69 au pied de l’antenne, feu de 7 ares.
1993, resserrement des liens entre forestiers et pompiers par des stages et exercices communs.
1997, le 15 avril, parcelles 15 et 16 (sur 25 ha) un feu parti d’un tas de chaume. 113 hommes, des camions et des bulldozers combattront ce sinistre. Le 4 mai, parcelle 61 un feu criminel est allumé et une heure plus tard un second feu partant de derrière Laillé.
Origine des incendies
Le dépouillement statistique d’environ un millier de cas pour les massifs forestiers de 14 départements, des régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Basse-Normandie et Centre, étudiés donne les proportions suivantes aux origines, en nombre de causes : Inconnues 42 %, imprudences 36 %, chemins de fer et routes 10 %, malveillance 7 %, faits et engins de guerre 5 %.
…Aussi loin que nous remontons dans les enquêtes dressées après les incendies de forêt, nous rencontrons de 5 % à 10 % de feux provoqués sciemment par des riverains ou des usagers.
La principale raison en est le désir d’éloigner les grands animaux des cultures riveraines, mais parfois ce sont de simples jalousies de chasseurs : chasseurs à tir contre chasseurs à courre, ou locataires de lots voisins dans le même massif, ou vengeance contre un propriétaire ou contre un garde après un procès-verbal. Les imprudences les plus fréquentes sont celles des ouvriers d’exploitation et des campeurs.
De nombreux désastres ont eu pour origine les fours à carboniser, et plus spécialement le transport de braises pour allumer de nouveaux fours. Mais il peut y avoir la destruction des rémanents dans les exploitations.
Jadis, l’équipe de bûcherons mettait un point d’honneur à laisser une coupe parfaitement nettoyée. Elle ne discernait pas toujours cependant les périodes dangereuses et les lieux à éviter à tout prix.
L’inconscience du touriste est par contre légendaire et elle ne cède qu’à une éducation organisée et incessante du public, par des panneaux, par voie de tracts, par voie d’affiches, par la presse aussi. Les campeurs autorisés sont avertis par leurs associations responsables des délivrances de permis, mais les promeneurs du dimanche restent redoutables.
1998, Le cadre de la loi se renforce…
Arrêt total en forêt des incinérations en forêt à partir de 1998
Avec cette nouvelle protection, l’administration représentée par l’O.N.F. se donne les moyens de renforcer la protection des forêts, de conforter la biodiversité ambiante et la protection, voire l’enrichissement des sols.
Mais le 18 février, un feu part en bordure de CD13. Il semble dû à un ancien feu de bûcheron allumé en toute illégalité.
Les derniers grands feux de mars 2012 et avril 2014… ranimèrent la flamme de ces pénibles évènements.
2012, le vendredi 30 mars, peu après 13h, 45 ha de résineux partiront en fumée au nord vers Grammont dont 30 ha en forêt domaniale. 114 hommes, 30 véhicules, 5 groupes d’attaque participeront au combat. Ce feu est sans conteste d’origine criminelle. (Photo du haut de page- © LMTV)
En Bercé le 30 mars 2012 (1'28)
2014, le mardi 15 avril, feu sur Grammont et aux Forges. Cet incendie criminel a brûlé près de 170 hectares de la forêt domaniale de Bercé, 3 départs de feu ont été localisés. Le SDIS 61 est appelé en renfort. Au plus fort de l’intervention, 7 groupes feux de forêts et un hélicoptère de la sécurité civile, soit 150 pompiers, seront en action pour lutter contre ce feu, qui aura détruit principalement des résineux, léchant profondément les parcelles feuillues, dont le chiffrage de la perte bois s’élève à 600.000 €.
Souhaitons que celui-ci en termine la funeste série.
En Bercé le 15 avril 2014 (1'45)
En Bercé le 16 avril 2014 (1'45)
(La Liste des parcelles touchées par le feu est non exhaustive. Numérotation des parcelles mis à jour en 2016.)
Autres liens concernant les redoutables épreuves de la nature
Bibliographie :
Archives ONF des maisons forestières de Bercé.
livrets journaliers des préposés.