DES SECRETS BIEN GARDÉS
Les tournées forestières
Les Écoles Forestières et Bercé
….Une grande complicité ……….
E.N.E.F: (créé en 1823)
L’École Nationale des Eaux et Forêts (située à Nancy) fut La première à étudier en Bercé Le 26 mai 1875 :
« Visite ce jour de Mr. Le directeur de L’E.N.E.F., de Mr. Le sous -directeur, de Mrs. les agents et de Mr. l’inspecteur des Finances ».
Cette prestigieuse École forme à l’époque Les Officiers Forestiers Brevetés.
Elle prendra au fil du temps
d'autres dénominations :
1823 : École Royale Forestière.
1848 : École Nationale Forestière
1853 : École Impériale Forestière.
1873 : École Nationale Forestière.
1898 : École Nationale des Eaux et Forêts.
1965 : École Nationale du Génie Rural,
des Eaux et des Forêts (ENGREF).
2007 : AgroParisTech.
E.D.B. : (ouverte en 1884)
L’École Secondaire d’Enseignement Professionnel des Barres (située à Nogent Sur Vernisson - Loiret) forme des Officiers non brevetés, issus du rang des préposés. Du 31 mai au 3 juin 1898, officiers, professeurs et élèves de cette école viennent étudier Bercé pour La première fois.
Depuis lors, ces deux Écoles n’auront de
cesse de revenir régulièrement sur Bercé à
l’invitation des inspecteurs forestiers en place.
Afin de renforcer les liens, l’on profite de
la venue de L' E.N.E.F et de son directeur
Mr. Boppe, du 6 au 8 juin 1894, pour baptiser
le fameux chêne du même nom.
Du 18 au 22 juin 1895, l’ÉcoLe revient.
Le garde Heintz fait monter deux loges pour une réception en présence de Monsieur Le Préfet de la Sarthe.
Il consignera le 20 juillet sur son livret journalier, avoir reçu deux boites de dragées de la part du parrain du chêne : Mr Boppe.
Le protocole des visites est immuable.
Les officiers et professeurs logent au Pavillon de Bercé et
accessoirement dans les Hôtel Grimault (Château du Loir)
St Hubert (Marigné) Hôtel de France (Ecommoy) –
On règle en 1925 : 10fr la chambre d’Officier, 8fr celle des élèves) -
À l'École nationale forestière de Nancy, les professeurs
portaient le titre de conservateurs des forêts, qui est
un grade élevé dans la hiérarchie du Corps forestier français.
Ces conservateurs étaient chargés de la formation des ingénieurs
forestiers et des techniciens supérieurs spécialisés dans la
gestion des forêts et des ressources naturelles.
Le Corps des ingénieurs des eaux et forêts, auquel étaient
associés ces enseignants, se distinguait par une hiérarchie
avec plusieurs grades, parmi lesquels le grade de conservateur
était l'un des plus élevés.
Les enseignants pouvaient également être des ingénieurs
de haut rang, appelés ingénieurs en chef, inspecteurs généraux,
ou ingénieurs ordinaires, en fonction de leur expérience et
de leur ancienneté.
Ces professeurs étaient non seulement des experts en sylviculture,
mais aussi en gestion des écosystèmes, en botanique,
et en protection de l'environnement.
Les élèves quant à eux, logent en Forêt : Loge de Croix Marconnay (23-06-1902), puis à l’Hôtel St. Jacques (Jupilles) ou de nouveau à St. Hubert.
Le réveil de tout ce monde est assuré par les préposés. … Les préposés sont en grande tenue.
Photo Henri Nîqueux - Marigné
1903 : Établissement par les Ouvriers d’abris en feuillage - Quelques familles forestières posent ici devant une Loge et sa pancarte indiquant « Honneur à l’École Nationale Forestière »
Les jours de visite des élèves de Nancy, Le drapeau tricolore flotte au pavillon de la Huberdière et à la Tasse. En 1910, les « tapissières » tirées par des chevaux, le tramway (1924) puis les automobiles emmènent élèves et professeurs en forêt, formant une caravane précédée par le garde du triage en bicyclette.
Seul moyen de locomotion rapide, il
économise judicieusement les pieds du
garde qui doit se rendre au petit matin
en toute hâte au rendez-vous de Mr
l’inspecteur.
En 1941, il est difficile
de se procurer des pneumatiques et des
chambres à air. De plus, par arrêté
préfectoral du 20 février 1941, du fait du
couvre feu, les phares des automobiles
et motocyclettes doivent être pourvus
du dispositif de camouflage Cordier
DPR 52 A et les lanternes de bicyclettes
du même dispositif DPR 52 B.
Les restrictions allant bon train, le 1er
janvier 1943 ne sont autorisés à se servir
de leur motocyclettes ou cycles à
moteur personnels que les officiers,
géomètres, brigadiers et gardes des
Eaux et forêts. Le 9 mars 1946, le garde
VOLARD rend son vélo.
Le 5 juillet André PIE remet à M. l’inspecteur
la somme de 11.592 f pour l’achat de 3
bicyclettes à l’administration
pour les gardes ALBÉROLA, PIE, et
l’auxiliaire WEBER. Le 4 novembre de
cette même année, le garde MESSAGER
s’en va au Mans pour toucher un
vélo et les effets des 2 brigades.
En 1965 on répare les bicyclettes en
vue de leur utilisation pour les prochains
jours car tout autre véhicule
n’est pas autorisé par l’administration
en cas d’accident de service.
Les premières voitures administratives
n’arriveront qu’en janvier 1969, au district.
GENDRE débute à pied, puis
continue ses fonctions en mobylette, en
voiture personnelle à partir de 1964, en
cyclomoteur en 1968 et en fin de carrière,
il réutilise sa voiture personnelle.
GOENVEC lui utilisera son solex sa vie durant.
En 1925, les camionnettes Joliveau (fils), Bignon, Provost, Rabach, Patarin, Niqueux,
transportent tout ce monde pour 1f25 du km,
5f de l’heure d’arrêt (arrêt non compté si plus de 80fr de déplacement.)
Toute la matinée l’on écoute avec respect la conférence de Mr l’inspecteur principal.
Les préposés devront diriger les visiteurs en se tenant toujours à portée de ma voix.
Les tracés devront être repérés et au besoin dégagés de manière à passer sur les points les plus intéressants à voir.
Il ne me sera demandé : ou faut- il aller ? que pour les trajets paraissant douteux.
Dans ce cas cette question me sera utilement posée à l’avance. Note de l’inspecteur Potel (1925).
Certaines fois «un éhouppeur est prié de travailler devant les élèves » (1921).
Il s’ensuit une excursion des plus instructives.
Vers midi un repas est dressé. Lorsqu’il se situe à L’Hermitière : Lempereur, Bignon, Thévenot, concessionnaires aux Sources, prêtent tables et bancs (prix du repas en 1925 : 10fr en forêt, 8fr à l’hôtel). Exemple: repas traités le 20 mai 1936 pour 13fr50 service compris par l’inspecteur Ruban chez E. Rastoul à St. Hubert ……..
En voici le menu :
Le nombre déjeuners que vous aurez à servir, sera d’environ 25. Le 19 au soir,
Je vous ferai préciser par le garde Lethu, le nombre exact de déjeuners à servir.
Officiers et professeurs ne mangent pas à la même table que les élèves,
et cette situation est portée à son paroxysme le 23 mai 1944 par la note de
l’inspecteur Viney lors de la visite de l’inspecteur général Deslandres :
«Un des brigadiers commandera les repas à St. Vincent du Lorouër chez Mr. Bordeau pour : quatre Officiers et un Chauffeur, en demandant que la salle à manger nous soit entièrement réservée »
L’après midi, reprise de l’instruction. Il arrive qu’après le «coup d’œil» sur les Sources de l’Hermitière, la caravane fasse un détour par le taillis des Étangs voir les châtaigniers, puis le Chêne de la Gaie-Mariée (Parcelle 194) 202 ans en 1936 (22 mètres de fût – 35 mètres de hauteur totale et 3m45 de circonférence à 1m30 soit 0m60) plus gros que le nouveau chêne Boppe à la même époque mais 1m de moins que l’ancien.
Les déplacements se font à pied, Les voitures suivant au plus près le groupe de forestiers, sur les routes. En une semaine la Forêt est ainsi parcourue. En fin de séjour les gardes veillent au chargement et au départ des bagages et sont sommés « d’ assister au départ de Monsieur Le conservateur et de l' école, puis de ne se retirer qu’après le départ du train » (21 juin 1919).
Dès 1919, l’inspecteur Potel a su développer avec efficacité l’image de Bercé à travers le Monde en accueillant bon nombre de délégations forestières étrangères, reprenant à son compte l’œuvre d’éducation entreprise par ses prédécesseurs, dont l’un des plus illustres fut : Louis René Roulleau de La Roussière, inspecteur adjoint au Mans dès 1885, puis inspecteur et enfin conservateur .
A la veille de la création de l’ Office National des Forêts en 1965, l’E.N.E.F devient E.N.G.R.E.F. par fusion avec l’École Nationale du Génie Rural
De nos Jours, grâce à une Sylviculture de pointe, et à ses bois de qualité, Bercé reste un des phares de la forêt française, attirant sans relâche quantité de congressistes .
«Imiter la nature, hâter son oeuvre»
Cette célèbre définition de la sylviculture moderne, exposée par le forestier Parade (1837) directeur de l’E.N.E.F. garde encore aujourd’hui tout son sens.
L’opération : «à l’École de la Forêt» lointaine descendante des anciennes sociétés
scolaires forestières de 1928 pérennise cette action de propagande ayant pour
but d’intéresser les jeunes des écoles à la grande oeuvre du reboisement en France et dans le monde.
Depuis lors, bon nombre d’Officiers Forestiers, émaillent de Leurs noms certains ronds, routes ou chênes remarquables.
Toponymie du XX° Siècle
l - Rond et chemin de l' École Forestière de Nancy -
Chêne BOPPE du nom du Directeur de
l’ENEF Lucien BOPPE (31ème promotion)
Baptisé en 1894, foudroyé le 18-12-1934
(dont il ne reste que la souche).
2 - Chêne ROULLEAU de la ROUSSIÈRE
(Louis-René - Inspecteur au Mans – 52ème
promotion) baptisé le 27 mai 1952 en présence
du Comité des Forêts qu'il avait créé.
Chêne POTEL (inspecteur au Mans - 1918 /1928
- issu de l’ENEF) - Non repéré, il est campé
sur son fossé à droite de la souche de l'ancien
chêne Boppe. Nouveau chêne Boppe baptisé le 14
juillet 1935.
Chêne CHAPLAIN : (inspecteur des
Eaux et Forêts, membre de la commission du
Touring-Club puis Directeur de l'École forestière
de Nancy.) : mention de cet arbre non
repéré le 16 avril 1937.
3 - Rond d’USSEL (Marie-Jean – 70ème Promotion
disparu le 28 août 1914 à Bapaume (Pas de Calais)
4 - Avenue et Rond ROULLEAU (Voir plus haut à
Roulleau de la Roussière).
5 - Rond WAUTOT (Jean-Baptiste-Isidore - Géomètre)
réalisa le Plan de délimitation générale de la
Forêt Domaniale de Bercé en 1843.
6 - Rond de PEYRELONGUE (Charles Marie-Joseph Auber de
... 75ème promotion) tué le 29 juillet 1915 au Baren Kopf.
7 - Rond JOUSSET (Raphaël-Marie-André-Adrien 77ème
promotion de l’E.N.E.F.) tué le 23 octobre 1917
à Laffeux (Oise).
8 – Route MENDÈS (Charles François Jules Marie,
officier forestier issu de l’ENEF) capitaine du
84ème R.I., MPLF le 19 février 1915.
9 - Chêne LORNE (Parcelle 132) ancien conservateur.
10 - Chêne EMERY (Parcelle 144) ancien aménagiste de Bercé.
1957 - Retour en Sarthe du Directeur de l’École supérieure du bois.
…à l’occasion d’une visite de l’école sur Bercé le 8 avril 1957 : Lettre de remerciement adressée à Émile Ballion
Autres articles concernant les officiers forestiers :
Chêne Roulleau de la Roussière
Inauguration de l’ancien chêne Boppe
Enquête sur la mort du chêne Boppe
Sources :
(1) Gravure du départ des élèves à Nancy, extraite du livre : " Nos grandes écoles militaires et civiles" de Louis Rousselet
- Hachette 1888.
Livrets journaliers des préposés des eaux et forêts de l’époque.
Bercé une Forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)