DES SECRETS BIEN GARDÉS
L'eau
A propos
Eaux et Forêt….L’eau et Bercé
les chemins de l’eau.
Si l’eau est assez rare à Bercé (à l’exception de quelques sources) les formes que prennent ces chemins sont assez variées. Elles sont déterminées en partie par les conditions naturelles mais également par les nombreuses modifications anthropiques (fossés de drainage, mares, abreuvoirs, lavoirs, extractions d’argile et de minerai de fer, etc). Des travaux sur quelques mares représentatives (sondages, analyses de sédiments) seront envisagés afin de mieux comprendre les conditions naturelles du milieu et les aménagements apportés par l’homme depuis plusieurs siècles. (1)
Il pleut, il neige, et le brouillard emmitoufle la Forêt. Chaque arbre intercepte, évapore, transpire. Le sol tel une éponge, absorbe lentement, filtre, emmagasine. Les pentes ruissellent, les sources restituent l’eau qui de nouveau s’infiltre. On le voit bien ici, à Bercé, eaux et forêt sont intimement liées.
Les étangs
Sur le plateau et dans les vallées, à l’image de ceux existants jadis au bas du château des Étangs l’Archevêque, il n’y a pas sur Bercé d’étendues d’eau naturelles aussi grandes.
Toutes sont artificielles, dues à des levées façonnées de mains d’homme, pour les besoins de l’agriculture, de la métallurgie, de la pêche.
En forêt, la particularité de ces étangs est d’avoir pour levée, une route ou un chemin de périmètre, tels l’étang Noyé, celui du Rousset, du Putois, de la Coudre.
Les mares
Si l’apparition des mares au Néolithique demeure hypothétique, (à cette époque les populations pacifiques venues de l’Est de l’Europe arrivent régulièrement dans la région en important leur culture), leur existence à l’époque gauloise et gallo-romaine est attestée. Elles sont au plateau ce que la rivière est à la vallée, a savoir un enchantement qui rompt la monotonie.
Quelques mares sont judicieusement placées le long des voies de communication, afin d’abreuver les animaux de traction et les montures.
Sur nappe temporaire, donc tarissable ou nappe perchée, l’eau de ce puits du pauvre consommée “crue " était bien souvent responsable des épidémies de fièvre Typhoïde ou de Choléra.
Apparues très tôt pour répondre aux besoins de l’élevage sur le plateau de Bercé, les mares sont en grande majorité artificielles. Il en existe plus de cent cinquante sur le massif.
Creusées dans le limon ou l’argile à silex, l’homme entretenait régulièrement les points d’eau en les débarrassant des éléments grossiers et en compactant les éléments fins.
Il est fort probable que l’homme, pour enduire d’argile
le hourdis de sa maison ou calfeutrer la meule du
charbonnier, faisait par l'excavation de sa mare
*"d’une pierre, deux coups"*.
Quelques mares, non loin du Canton des Roues (1673) devaient servir au rouissage du chanvre et au trempage des osiers de vannerie. Les loups à la tombée de la nuit venaient s’y abreuver (Mare ou Fontaine au Loup).
Les mares de Bercé ont permis en leur temps de lutter efficacement contre les incendies. C’est à la mare la plus proche que la population alarmée par le tocsin, regroupait ses troupes, avec seaux et battoirs.
Aujourd’hui si nous n’y prenons pas garde, après avoir traversé les siècles, les mares semblent condamnées à disparaître plus ou moins naturellement, faute d’entretien. Le cycle des mares est inéluctable. La matière organique déposée les assèche et les comble.
Elles ont pourtant autant de charme sur le plateau que le ruisseau dans la vallée, et sont le refuge d’une flore et faune remarquables, parfois rarissimes.
Le Mortier
Il n’est pas par définition forcément une mare. Certains ont procuré le fer ou la pierre et sont de ce fait trop filtrant pour retenir l’eau.
La Toponymie nous renseigne sur le nom du propriétaire (Mortier Joliveau, Mortier feu Guillaume).
De la destination (Mortier des Forges, des Terres rouges, ayant pu servir de “Patouille” pour laver le minerai),
des caractéristiques (Mortier Pavé : à l’époque Gallo-Romaine on pavait les mares par pur souci d’hygiène).
Les seuls grands mortiers figurants sur la carte de 1669 sont ceux de la parcelle 137, on y extrayait la pierre qui a peut-être fourni le bâti de Jupilles.
Le mortier de la Mondaye (situé parcelle 9) fut par méconnaissance asséché par un fossé de plus de deux mètres de profondeur, pour faire place à la sylviculture du pin. Depuis il a été réhabilité.
Les fontaines
L’explication géologique du phénomène nous est donnée par l’inspecteur principal des Eaux et forêts Potel (1923) dans son " Historique de la Forêt de Bercé
« … Sous le sol de la forêt de Bercé, la nappe d’eau se trouve à une profondeur de 30 à 33 m, elle coule sur les grès vert supérieur sur lesquels repose la craie tuffeau. Les seules sources qu’on rencontre émergent de ces grès au fond de petites vallées assez profondes».
Elles ont permis l’installation en forêt des premiers ermites, des défricheurs, et de leur bétail, rendant ainsi moins agressif ce milieu hostile et sauvage.
La vieille pratique celte de la régénération par l’eau a traversé les âges, et certaines sources ont été adulées pour leur action bienfaisante : (par exemple la Fontaine aux Malades, recherchée pour les maladies des yeux. Les bébés faisaient ablution de cette eau).
Ces eaux, coulent puis se perdent dans le tréfonds avant de resurgir à l’air libre :
Fontaine Froide, Fontaine des Roches, Gaie Mariée.
Toutes ont été respectées au cours des siècles passés.
Parfois, comme dans le canton des vieux puits, les eaux souterraines sapent le plafond et se produit comme récemment un effondrement karstique, comme celui qui s’est produit parcelle 199 (futur autre vieux puits en formation).
Les rus
A Bercé, toute vallée possède son " Ru " ou ruisseau, en équilibre avec la nappe phréatique. Certains sont alimentés par des sources et coulent tout au long de l’année :
Le Dinan à la Coudre et les Haies à l’Hermitière.
D’autres sont situés sur des fonds calcaires, coulent puis se perdent dans le tréfonds avant de resurgir parmi les cultures :
Fontaine Froide, Fontaine des Roches, Gaie Mariée.
Certains ne se chargent qu’en cas de pluie abondante : le Court s’il pleut, le Chabosson, etc. …
Tous n’ont qu’un seul objectif, évacuer le trop plein de l’immense château d’eau naturel de Bercé vers le Loir, la Sarthe ou l’Huisne.
Les lavoirs
Le dernier lavoir public en forêt se situait aux sources de l’Hermitière (deux emplacements).
Réglementé par arrêté préfectoral et subventionné par les communes de Saint-Vincent-du-Lorouër et de Jupilles, il a été régulièrement entretenu par les ouvriers forestiers jusqu’en 1944.
Émilienne Bluteau (de Saint-Vincent) fréquentait quant à elle, il n’y a pas si longtemps encore, le lavoir des Fontaines Froides.
Toutes ces eaux, descendant de Bercé convergent en grande partie vers le Loir (ou l’on flottait les fameux bois destinés à la marine), l’Huisne, la Sarthe. En leur temps elles ont fait fonctionner les nombreux moulins qui sciaient le bois, actionnaient les forges, moulaient le grain, délivraient le courant électrique.
L’Office national des forêts, veille à la sauvegarde des fontaines, lavoirs, et mares dans un souci de conservation du patrimoine historique de Bercé.
Autres liens concernant les redoutables épreuves de la nature
Bibliographie :
(1) Cécile Dardignac (Archéologue à l’ONF)
L’Or Vert de la Sarthe aux éditions de la Reinette (2007 - Traces - Yves Gouchet )
Revue Au Fil du Temps N° 16 - Pages 24 à 25 (Y. Gouchet - 06 -2002)