DES SECRETS BIEN GARDÉS
La chasse à tir
A propos
La chasse à tir …n’attire vraiment pas les photographes.
Cette rubrique est et sera l’une des moins imagée.
La forêt et les champs aux alentours ne peuvent se défendre seuls contre les envahisseurs à quatre pattes.
Les hommes , quand il s’agit d’un bien commun comme la forêt, se fédérent en association pour la défendre.
Le tir, il est vrai à force d’être si discret reste inconnu du grand public et n’en tire pas le même prestige que la chasse à courre, chasse spectacle par excellence.
Depuis la révolution, la chasse n’appartient plus à un seul homme … le roi.
“Des forêts de la couronne… aux chasses présidentielles”
Les adjudicataires du tir sont en forêt Domaniale de Bercé désormais, et suite aux adjudications publiques, propriétaires d’un bail de chasse qui leur est personnel.
Avant on les nommait Co-fermiers ou locataires de chasse.
Les riverains les nomment « ces Messieurs » ou « les gros ».
Leurs ayants-droit sont accrédités pour un ou plusieurs modes de chasse, sur le même lot de chasse.
L’adjudicataire recrute les chasseurs, ses actionnaires.
Il y a actuellement six locataires du droit de chasse : quatre pour le tir (lots de 1000 à 1300 ha) et 2 pour le courre.
Les adjudicataires du tir par le passé, s’entouraient bien souvent, de gardes particuliers. Autrefois, ceux ci résidaient aux alentours de la forêt, voire dans les maisons forestières désaffectées (ex : la Tasse, les Profonds-Vaux, les Étangs, ceci avant guerre).
Les “ garde-chasse ” Bruon, Quentin, Forest, Simier, Gobert, Vignas (de Chahaignes), Rousselet, Passerat et bien d’autres, sont de ceux là, chargés de faire appliquer la loi tout en veillant aux intérêts de leur maître. Ils participaient selon leurs moyens à la lutte anti-braconnage aux côtés des forestiers de l’État.
Le droit de chasse en France de 1789 à 1914
1866
La Société de chasse de Bercé a été créée en 1866. Cette société avait comme président Mr le Comte d’Andigné et comme sociétaires, les Marquis et Comte de la Porte aux Loups, le Comte de Vauguyon, le Vicomte de Hercé et Messieurs de Vaufleury, Moreau et de la Barre, ainsi que Mr le Baron de Layre (Rallye Bercé, qui résulte de la fusion des équipages de Beaumont les Autels (28) et du Resteau : Rallye Sapinette de Chemiré le Gaudin).
1875
Mr le Comte d’Andigné est l’adjudicataire de chasse à Bercé. Ses Co-fermiers du tir sont Poussin, Maillard (sanglier) et Boutevin en 1880
1886
Rallye Bersay (origine Maine-Anjou) Maître d’équipage : duc de Gramont, château de Mangé (Sarthe)
1891
Co-fermier : pour le tir : Mr Dineau des Arcis (1854-1932 - château du Ronceray).
Invité : (1895) Mr de Montgomery (château de Mangé)
1900
Co-fermier du Tir : Mr de Champigny (1er et 2ème lot de chasse) Chaque invité doit porter sur lui une autorisation écrite du fermier de la chasse sur de simples cartes de visite ou de deuil au nom de Mr de Champigny (Chahaignes) dont le premier piqueur se nommait Marchand.
1er lot : Mr le Comte de la Porte aux loups, comte d’Hust (enterré au château de la Couëtterie à Beaumont Pied de Bœuf: des loups sculptés ornent les chiens assis) avait une autorisation permanente de chasser la perdrix en bordure de ses propriétés.
2ème lot : Mr Henri Martin (grand père de Marcel Huger et maire de Chahaignes (Mme Martin a tiré sa première biche en 1907 au rond du Guignier) et ses invités : Mr Péan et Mr Séchet (20 fusils) dont le garde chasse particulier est Vignas (chasse au lièvre et au menu gibier).
Ils peuvent chasser et tirer les chevreuils et les sangliers lancés sur le 4ème lot. Ils ne peuvent pas les attaquer sur le 2ème lot.
1902 :
Co-fermier du tir : Mr du Luart - Mr de la Blanchère Lieutenant de Louveterie : Pierre Guillais.
1906 :
Il est fait mention du garde chasse Quentin.
1911
Co-fermier du tir : Mr Housseau, Victor Garnier (Lavernat) qui peut détruire les sangliers, cerfs, biches, renard et René Huger de Chahaignes (père de Marcel qui habite Chahaignes) Louvetier : Mr de la Blanchère.
La guerre :
En 1914, la chasse est interdite pour toutes les espèces de gibier (sauf le lapin). En 1915, La chasse au sanglier est placée sous le contrôle de Louis Marion, lieutenant de louveterie.
Entre 1916 et 1918, l’on voit de nouveau les battues et les chasses à courre réapparaître par pure nécessité alimentaire (le chevreuil et la moitié du sanglier a été envoyé à l’ambulance, le reste distribué aux tireurs et riverains).
Après guerre :
Bail de chasse de 1920 à 1929
L’adjudicataire principal du bail en forêt est Mr Albert Bordeaux (21 rue de Flore- le Mans).
Les Co-fermiers pour le tir sont : Léon Loisel : tir des lots n°1 et 2 (Notaire à Château du Loir dont le garde particulier est Robert puis Gobert).
Mr Dineau des Arcis lot 3 (tir des lièvres et bécasses seulement). Le garde particulier s’appelle Gobert.
Le garde Gobert de 1923 à 1929 est au service de Mr Léon Loisel
(adjudicataire des lots 1 et 2) et habite la MF de la Tasse.
Après 1929 jusqu’en 1956, il loge à Laillé et sera
successivement au service de Mr Darblay et Mr Huger.
Il sera nommé garde auxiliaire de la fédération des
chasseurs en mars 1952.
Mr René Huger (Chahaignes) possède le tir sur le lot n° 5, qui fut d’abord sous loué à André Bertin (1923). Le Louvetier est quant à lui Mr Louis Marion.
“Le chevreuil à cette époque est un animal de chasse à tir et non à courre. Le courre s’adresse au cerf et sanglier - Le chevreuil peut être chassé à courre après fermeture du tir”.
Le garde Rousselet (père à Muguette Guillier)
(Témoignage d’Henri Thénaisie du 01-02-1997)
Henri Thénaisie était Charretier tout comme
son père, et habita successivement le Ronceray
(près de la forêt sur Marigné) vers 1923,
la Roche à St Vincent,Jupilles de 1933 à 1957,
puis de nouveau St Vincent de 1957 à 1972.
Frère de Roger (bûcheron plus jeune que lui de 15 ans)
Henri a toujours vouvoyé son père qui était très
autoritaire. Il n’y avait que le boulot qui comptait,
et la chasse qu’il pratiquait avec de bons chiens,
ce qui faisait qu’il était appelé souvent pour les
battues avec le "père Rousselet" (garde chasse
particulier de Mr Darblay) avec lequel il prenait
de temps à autres quelques bonnes bitures.
Rousselet habitait la Pavicerie à Jupilles.
Durant la guerre, Rousselet avait caché des
armes (fusils) dans le trou de l’Hermite.
Ces faits sont corroborés par le témoignage,
le 20-12-1997 de Marcel Huger : « Rousselet
avait surpris un jour le chien de Thénaisie
entrain de travailler en forêt. Il travaillait
d’ailleurs fort bien. Thénaisie avait de bons
chiens dont un très bon. Pour les entraîner,
le matin il regardait ou les lièvres gîtaient
en forêt. Il suffisait ensuite de mettre
anodinement son chien sur la voie afin de le
faire travailler correctement à l’approche.
Rousselet en a parlé à son patron : René Huger.
Celui-ci ne voulait pas d’ennuis avec les riverains.
Afin de régler le problème, Rousselet proposa à
Thénaisie de lui acheter ce bon chien. Celui-ci,
plutôt que de le vendre se proposa d’être invité
systématiquement à toutes les chasses au sanglier.
Ainsi l’adjudicataire légalisait-il une situation
plus qu’inconfortable, sans trop de soucis et
Rousselet faisait ainsi plaisir à son ami de toujours.
Fronde des chasseurs en 1929 ?
1929 Des adjudications
… qui font plouf!
Co-Fermier du Tir : Ernest Penard – Richomme Louvetier : Georges Willekens
24 novembre 1932
Agrément des gardes particuliers Rousselet Albert (né en 1882- recensé à Jupilles en 1936) et du garde Julien.
1939 à 1947 période de guerre.
Durant la période trouble, la chasse est diligentée par le gouvernement Allemand en France et par les Officiers des Eaux & forêts; la Résistance s’emploiera à détruire les miradors de chasse.
Aucune chasse à courre n’eut lieu pendant la période de la dernière guerre.
Les louvetiers sont : André Foneau - Jean Huger - Marquis d’Andigné.
Le général Madamet (Château du Ronceray) est autorisé à détruire du 1er avril au 30 juin 1946 huit sangliers et dix renards.
La guerre bousculera toutes les habitudes….
Les chasses ordinaires reprendront après 1947- ……
1950-1960
Émile Ballion qui chasse depuis l’âge de 18 ans était actionnaire du lot allant de la Croix-Gorgeas à Grammont (avant 1950) avec Chantoiseau, Pénard, Montebran.
Le président de la « Société de Chasse à Tir de Bercé », était Philippe du Trochet (Château de Segré) qui était aussi actionnaire de la scierie Adet. Ils chassaient le lièvre.
Le 10 octobre 1954, par exemple, une chasse au lièvre eut lieu dans la parcelle 163, en présence de monsieur le conservateur Ruban, de M. l’ingénieur Lorne et des agents techniques Boulanger, Lachiver et Rimasson, des veneurs et de leurs boutons.
En 1956:
le bail est porté de 9 à 12 ans.
De 1957 à 1967
Adjudicataire : Hernandez (Château du Loir): président de la société intercommunale de chasse de Bercé « 5 jours par semaine. Pas plus de deux jours de traque ou battue par semaine. Nombre de fusils : 40. Lâchers de lièvres à réaliser pour le repeuplement. Destruction des ramiers.»
«Nomination d’un garde qui devra résider dans une commune voisine de la forêt de Bercé et à proximité de la réserve de chasses de 501,33ha comprenant le Pau, les Essarts, les Défaits, Mortier Rateau, Joriette, Haute Perche, Renardières, Profonds Vaux.»
Tir : Desfours - Derré – Huger – Mercier.
1966 :
Les chasseurs se fédèrent en créant la société des chasseurs de la forêt de Bercé.
1968 :
le bail passe à 12 ans.
Tir : Dupré (lot Est) – Dairon (lot mi-Est) - Bourbon (lot 6 - mi Ouest)-Vivet ( lot ouest)
1980 :
Tir : Ouest lot 1 : Jean Louis Coupet. Centre lot 2 et 3 : Marcel Dairon. Est lot 4 : Albert Letourneau.
1992 :
Tir : mêmes adjudicataires sauf Mr Grimaud (Tours) qui remplace JL Coupet sur le lot 1.
En 1995 :
Suite à l’abandon du lot 3 par Mr Dairon, celui ci est adjugé à Mr Bernard Cauchas (Château du Loir), puis en 1997 à Mr Almire Blot (Loir et Cher)
Le lot 2 en 1995 change de responsable : Mr Varnier (Château du Loir) Les prochaines adjudications de 2003 sont passées mais l’histoire est un éternel recommencement :
en 2016
Plusieurs personnes se plaignent des trop grands prélèvements de cervidés.
Saison en cours
Voici le calendrier de chasse pour la saison 2024 - 2025 sur Bercé
Autres articles concernant la chasse ou la pêche:
Bibliographie :
Sports à Paris par Albert de Saint-Albin (1889)
Gallica.bnf.fr
Archives parues dans la revue d’histoire locale « Au Fil du Temps » N° 62 - Pages 32 à 34 (Y. Gouchet - 01/2014)
Livrets journaliers des divers préposés de Bercé.