DES SECRETS BIEN GARDÉS
Bois de marine
A propos
Le bois de marine représente l’archétype de l’éternel décalage entre l’action présente des forestiers et les besoins futurs des générations montantes… avec le temps qui passe, ce qui est… n’est déjà plus au goût du jour…
En 1669, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur des finances du royaume de France, met en place une vigoureuse politique d’expansion navale, pour repousser l’Anglais. Il faut drainer à travers tout le royaume les bois nécessaires à la construction des navires de guerre. Dans le Maine, la forêt de Bercé est pressentie.
Colbert comprit rapidement que la puissance maritime de la France dépendait de sa capacité à construire une flotte forte et durable. À l’époque, les navires étaient principalement construits en bois, en particulier de chêne, qui devait être de haute qualité pour résister aux conditions maritimes. Le problème était que les forêts françaises, surexploitées et mal gérées, ne pouvaient plus fournir suffisamment de bois adapté à la construction navale.
Mesures mises en place :
1. Ordonnance sur les Eaux et Forêts (1669) :
Colbert a fait adopter cette ordonnance qui visait à mieux gérer et protéger les forêts françaises. Elle renforçait le contrôle royal sur les forêts, imposait des règles strictes d’abattage, et organisait leur replantation. L’objectif principal était d’assurer un approvisionnement continu en bois pour la marine royale.
Un vaisseau de première ligne requiert environ
4000 chênes de 1mᶟ soit quelques hectares de forêt de chênes
dont on fait la coque, la quille, la contre quille,
la fausse quille et la couverture.
En aucun cas ces pièces de Marine n’étaient destinées à la Mâture.
Les mâts provenaient des Pyrénées ou de Riga (baltique)
Avec les bois de guerre … ainsi vogue la forêt.
2. Gestion centralisée des forêts :
Les forêts royales étaient directement gérées par l’administration des eaux et forêts, et des inspecteurs étaient chargés de surveiller la coupe du bois pour éviter toute sur-exploitation.
Afin d’appréhender la chronologie rapide des services de la Marine ayant eu en charge la recherche, le martelage et l’exploitation des bois propres aux constructions navales, Voici l’étude de Richard Bacchetta
Et pour approfondir le sujet … tour sur “l’Histoire des marins”, l’excellent site d’Éric Schérer : “Histoires de marins” https://www.marins-traditions.fr/autres-articles
3. Droit de préemption :
La marine avait un droit de préemption sur certaines forêts, notamment celles contenant des chênes, en raison de leurs qualités de résistance et de longévité. Cela signifiait que l’État pouvait prioriser l’achat de ce bois, ou interdire son exploitation privée, pour le réserver aux chantiers navals. En voici un exemple dans les forêts des Côtes du Nord en 1817 et 1819.
Exemples du droit de préemption exercé par le ministère de la Marine
Impact sur la flotte :
Ces mesures ont permis à la France de construire une flotte puissante sous Louis XIV, notamment grâce aux chantiers navals comme ceux de Rochefort et de Brest, qui dépendaient fortement du bois fourni par les forêts réformées.
Héritage à long terme :
Le régime de préemption de bois pour la marine a perduré bien après Colbert, même jusqu’à l’époque de la marine à voile au XIXe siècle. Les principes de gestion durable des forêts introduits par l’ordonnance de 1669 ont également influencé la gestion forestière moderne en France.
Ce système de préemption est un exemple de la manière dont l’État français, sous Colbert, a su anticiper les besoins futurs de la marine et établir une gestion durable des ressources naturelles pour renforcer la puissance maritime du royaume.
A Bercé, le procès-verbal d’aménagement de 1783/1785 relate
« Les plus beaux bois de cette forêt s’exploitent en bois carrés et se tirent pour la marine, le surplus s’exploite en bois carrés, en cordes et fagots qui se consomment dans la ville de Château-du-Loir et dans les bourgs et villages qui sont dans les environs. Il s’y fabrique aussi beaucoup de merrin ».
Alors qu’elle appartient au titre d’apanage à Monsieur Frère du Roi Louis XVI, il est appliqué à Bercé, un deuxième aménagement (règlement) qui prévoit l’exploitation des bois, les plus âgés à 100 ans (fort heureusement jusqu’en 1791 seulement).
Or à l’âge de 100 ans (écrit l’aménagiste de la forêt de Bercé en 1843)
les bois commencent seulement à prendre de la valeur et ne donnent que de
la menue charpente, produits très accessoires pour une forêt
comme celle de Bercé, destinée à fournir aux constructions navales et civiles,
les bois des plus grandes dimensions […] Cette forêt de Bercé,
n’est traversée par aucun cours d’eau flottable, mais vers le sud,
dans la direction de l’est à l’ouest,coule la rivière du Loir qui se jette
dans la Sarthe, au dessus d’Angers,et cette dernière rivière entre dans
la Loire à cinq lieues plus bas.
(ref : ADS,B3858)
Le flottage des bois …… 1664 – 1843
Si l’ordonnance fixant les objectifs est bien prise, l’exportation des bois de marine vers les chantiers navals est quant à elle toujours aléatoire tant le manque crucial d’infrastructures routières se fait sentir. Les chemins creux, avoisinants le Loir, tout en descente (ex : le Présidial, le Bout du Clos, les Roches, sur Chahaignes) sont peut-être à l’époque les seuls à voir passer quelques « Marines » équarries.
Jean TRIQUET (3), dans son ouvrage intitulé
« Au fil du Loir », nous éclaire quant
à l’activité fluviale de cette rivière.
« Le Loir a toujours été considéré comme
une rivière aux eaux abondantes et au
cours régulier. Depuis la fin du XVIème
siècle jusqu’au milieu du XIXème le Loir
vit ses riches heures de navigation et de flottage.
La toponymie nous renseigne sur les lieux d’embarquements : Portus Galteri (Port Gauthier en 1100) port de la Guye (près de Vouvray en 1457) et de flottage : port de la Pointe (Chahaignes).
Mais devant la vétusté des portes marinières due principalement à la rudesse des chocs occasionnés par la descente des trains de bois de marine et de charpentes, le préfet de la Sarthe réagit :
Arrêtés de la préfecture de la Sarthe, du 21 novembre 1804 …ART. XIII
Les trains de marine ne pourront avoir plus de trente-quatre mètres de longueur, ils ne pourront descendre la porte que séparément les uns après les autres. »
L’aménagiste de 1843 précise :
« Le Loir devient flottable au port de la Pointe,
situé entre La Chartre et Château-du-Loir,
à 3 kilomètres de l’extrémité sud de la forêt,
c’est de ce port et de celui de Coëmont,
existant un peu plus en aval (partie navigable),
que partent, pour être descendus à Nantes,
les bois de marine provenant de la forêt de Bercé ».
On ne flotte que les bois de cette espèce. Enfin la Loire qui coule à 12 lieues vers le sud sert souvent à transporter sur des points plus éloignés, les autres produits de cette forêt »
Les bois de Bercé, principalement des “bois de mine” étaient descendus par flottage sur le Loir puis la Loire. Dans une lettre du 13 septembre 1797, Braud, le Sous-Ingénieur provisoire de la Marine précise :
« qu’il y a encore tant dans la forêt de Bercé que dans les ports de la Pointe et de Cour d’Hamont sur le Loir, environ 22000 pieds cubes (soit 754 m³) de superbes bois qui pourront je l’espère, descendre la rivière dans le courant du mois prochain, Salut et fraternité. ».
D’autres références connues font état de 34 trains de bois sur le Loir en 1832. D’après la perception des droits de navigation sur les coupons de trains de bois, 11 trains en 1833, 3 trains de bois pour 102 m3 en 1852 acheminés par six hommes.
Ce fut probablement la fin du flottage sur le Loir.
Les marchandises transportées à la descente se composaient au ¾ du tonnage total, de bois et de planches (bois de débit, de sciage, de charpente et voliges). Cette date de 1852, correspond avec l’amélioration du réseau routier, à Bercé comme en Sarthe.
A voir aussi le PDF sur le flottage des bois en Savoie
En 1825 Choix des pièces de marine
(extrait d’un procès verbal de martelage des bois de marine) « …Lesquels arbres, essence de chêne, ne pourront, sous quelque prétexte que ce soit, être abattus que pour le service de la marine royale et en décours de lune, depuis le 1er novembre, jusqu’au 31 mars inclusivement, sous peine envers les contrevenants d’être poursuivis suivant toute la rigueur des lois anciennes et modernes non abrogées. Dès que les arbres frappés du marteau de la marine seront abattus, et avant d’en couper les branches ni la culée, l’adjudicataire ou acquéreur desdits arbres m’en fera donner avis par mains sûres, afin que je puisse, le plutôt possible, me rendre sur les lieux de l’exploitation pour marquer les découpes tant du corps des arbres que des branches susceptibles de procurer des courbes : faute de me donner cet avis de suite, les retards de la vidange demeureront sous la responsabilité particulière des acquéreurs desdits arbres ».
Richard Bacchetta et Jean Claude Chausse sur des illustrations de Patrick Berthelot nous présentent une étude sur les empreintes des Marteaux des bois de Marine
1852 : Évacuation terrestre des bois de marine.
Les recherches de Jean TRIQUET (3), nous apprennent aussi qu’à cette époque, l’évacuation des bois usités par la Marine, l’est de manière tout à fait terrestre depuis 1852. La fin des voituriers par eau, annonce à cette date, une reprise du trafic terrestre dont les cause sont doubles :
tout d’abord le percement tant attendu de voies routières en forêt de Bercé et sur les communes aux alentours, et surtout leur consolidation grâce à l’ouverture de nombreuses carrières ayant permis l’embauche massive d’ouvriers et de gardes cantonniers.
En 1860
À Cherbourg, on arme “La Sarthe” :
Caractéristiques du vaisseau “La Sarthe” faisant partie de la flotte de Napoléon III
À la lecture des premiers livrets journaliers, en 1860 on rentre dans le vif du sujet. Tous les cantons boisés en feuillus de Bercé dans lesquels l’on ouvre les parcelles âgées de plus de 100 ans, puis de 200 ans en coupes de régénération, sont régulièrement visités par la marine.
En cette année 1860 l’on dénombre 35 arbres marqués
«Bon pour la marine» sur un lot
en coupe secondaire de 214 chênes. Sur le massif :
24 coupes sont vendues pour 256
bois réservés et marqués pour la marine :
soit 11 arbres en moyenne par coupe.
Les arbres sont numérotés. Les longueurs
présumées en décimètres (entre 76 et 160 dm),
des pièces à réserver dans ces arbres sont
aussi notées…Exemples :
n°1 (102 dm), n° 2 (116 dm) et les pièces
rebutées par la marine sont cédées de droit à
l’adjudicataire qui s’engage à les prendre
sans garantie de qualité au prix principal
de 36 f par m³ en grume, et de 54 f par m³
équarri, et ce, sans préjudice des
prix accessoires, réglés par l’article 10
du cahier des charges spéciales.
L’estimateur de la marine est alors Mr BERAUD,
accompagné de Mr. de LIGNÈRES (garde général).
Les coupes sont, soit limitées par des pieds
corniers, des hêtres ou chênes «paroi» d’autres
limites de parcelles ou tout simplement
par «les héritages» (parcelles agricoles
situées en bordure de périmètre de la forêt).
En aucun cas les marines de Bercé ne sont destinées à la mâture. Les mâts, eux, proviennent des Pyrénées ou de Riga (baltique) et nécessitent des assemblages compliqués qui permettent de leur donner une hauteur proportionnée à leur voilure.
19 avril 1866 : Paul MASSERON, nous dit avoir accompagné les agents de la marine, « …où ils ont reconnu cinq pièces propres au service. »
Une famille de combattants et constructeurs de navires qui a donné beaucoup à la Marine Nationale
3 juin 1867…
Au canton de la Lune (Parcelle 109), le garde MASSERON «… recommande de faire mettre les copeaux d’écarifsage et les souches des pièces de marine, au fur et à mesure du déculage des arbres.»
En 1870
« Canton des Vieux-Puits » le 1er Mars 1870 : le Garde Forestier Leroux écrit le rapport ci-après suite à la visite du canton de Volumiers :
*Monsieur le Brigadier,
Ce matin en visitant la coupe définitive 2e lot de l’exercice 1869,
au Canton de Volumiers, j’ai remarqué que la marine portant le n°15
n’était pas abattue, l’article 45 du Cahier des Charges de
l’exercice 1869 en prescrit l’abatage à la date de aujourd’hui.
Le n°12 qui a été renversé par le vent, n’est pas ébranché.
J’ai cru urgent de porter ces faits à votre connaissance.
J’ai bien l’honneur de vous saluer très respectueusement.*
En 1875
Le 27 août et plus tard… le garde HEINTZ, rend compte au brigadier que l’équarrisseur des pièces de marine, avait enlevé des copeaux. Le sieur PASQUIER (marchand de bois) a rencontré le conservateur pour lui demander des ordres au sujet desdits copeaux.
21 juin 1882 :
Eugène CROSSONEAU a remarqué qu’un charretier a enlevé par mégarde quatre stères de copeaux de marine (n° 72 et 75).
Le 9 avril 1884 :
« Attendu l’employé de la marine au rond du Clocher » …qui n’est pas venu … Malheureusement HEINTZ… y a perdu une grande partie de sa journée!
Les cantons des Follets, Sermaize, Croix-Veneur, des Sorels, de Gaie Mariée, Pressenteries et Tertre-aux-Bœufs seront ainsi visités pour la production des bois de marine.
Calendrier de l’exploitation des marines sur le massif forestier de bercé :
Janvier / février : Efforage, nettoyage des coupes, extraction des houx et du sous-étage.
Mars : Reconnaissance des bois et martelage des “marines”. “Abatage” (2) des marines de l’exercice précédent. Mais aussi éhouppement et découpes des houppiers des marines reconnues l’an passé. Comptage des arbres éhouppés avec monsieur l’inspecteur adjoint.
Avril : Reconnaissance des arbres “bifurqués” dans les coupes. Comptage des arbres éhoupés (abattus) et des divers autres produits façonnés. Numérotage des arbres de marine.
Mai :
Marquage des arbres réservés pour la marine.
Monsieur l’inspecteur adjoint assiste au comptage des bois de marine.
Mars à juin :
En brigade au comptage des marines et à la reconnaissance de pièces.
Réception des produits façonnés.
Juin à septembre :
Évacuation des marines, transport des produits.
Juillet à octobre : Comptage des produits (chauffage et bourrées) dans les coupes de marine. Exploitation, marquage et réception des rebuts de marine (produits inutilisés de l’exercice précédent) et rémanents.
Août : Marquage des houppiers des pièces de marine pour le chauffage.
Octobre : Reconnaissance des « rémanences » en fait : rémanents (restes de houppiers façonnés). Reconnaissance des marines de l’exercice suivant.
Novembre à février :
“Abatage”(2) des coupes vendues en octobre
Voici donc écoulée…une année de marine.
Même les copeaux sont récupérés,
ils représentent une masse imposante
dans l’exploitation des bois de marine.
La marine ne recherchait pas seulement sur Bercé des billes droites pour les membrures.
A l’âge de 100 ans (dit l’aménagiste de la forêt de Bercé en 1843) les bois commencent seulement à prendre de la valeur et ne donnent que de la menue charpente, produits très accessoires pour une forêt comme celle de Bercé, destinée à fournir aux constructions navales et civiles, les bois des plus grandes dimensions…
Mais aussi des «Bois de mauvaise figure» comme le disait Buffon (1): «En reconnaissance des arbres bifurqués dans les coupes du Canton de la Gaie-Mariée» (Brigadier Albrecht-avril 1906).
En 1921
La dernière année ou il est question de Bois « Bons pour la Marine » sur Bercé est aussi la plus chargée en renseignements, rendez-vous et anecdotes.
Le Garde Pigault écrit pour les 15 et 16 juin, puis 10 juillet 1921:
15-16 juin et 10 juillet 1921, avec Mr. l’Inspecteur Adoint
et Mr. l’Agent réceptionnaire de la marine, ainsi que
les Collègues à la réception des bois de marine dans la
Parcelle A² (262) du Tertre aux Bœufs. L’entrepreneur
Roquebert est chargé du transport de 488 M3 de bois
de Marine. Employé au numérotage des billes.
Le 11 Juillet avec le collègue Jouaux, nous avons marqué
d’une lettre initiale, les arbres destinés à la Marine
des Ports de Guerre de Rochefort, Lorient et Bizerte (Tunisie).
Le 17 juillet 1921 : à la gare de Chahaignes, chercher
les feuilles de voiture pour l’expédition des bois de Marine.
22 août 1921, avec le collègue JOUAUX, nous avons marqué à l’encre
les arbres pris par le département de la marine dans le canton
des Pressenteries.
Mardi 6 septembre 1921, avec le collègue JOUAUX, nous avons
désigné par la première lettre, à l’encre, les ports de guerre
qui recevront des bois destinés pour eux. »
Dès 1921
Le bois n’est plus flotté, mais son transport est ferroviaire. Le modernisme et ses bateaux dits “insubmersibles” en fer, sont battus en brèche avec la catastrophe du voyage inaugural du « Titanic ». Mais la marine est déjà dans l’âge du fer.
Le 17 juillet 1921, le garde PIGAULT (M.F. des Clos) écrit : « à la gare de Chahaignes,
chercher les feuilles de voiture pour l’expédition des bois de marine.
Remis au chef de gare 10 feuilles de voiture pour l’expédition des bois
de marine le 1er août 1921.
Une lettre par voiture. Puis avec JOUAUX et BENOIT à faire les initiales
et les numéros sur les billes de marine (dans les Pressenteries)»
Après le bateau, nouveau débouché pour les bois de Bercé : l’avion !
« Faire inscription à la gare de Chahaignes de 6 billons, 3 chênes
et 3 hêtres provenant de la parcelle A6 des Pressenteries
(nouvelle parcelle 224 - Coupe à Mademoiselle OGET) destinés à
la Société technique aéronautique de Chalais-Meudon (Seine-et-Oise)
et enlevés par les voituriers de mademoiselle OGET. »
En 1927-
Albert CAQUOT expose un programme magistral et réaliste des progrès possibles et désirables, et des moyens pour les accomplir : " Le premier peuple d’hier était celui qui avait, par la marine, la plus grande force d’expansion ; le premier peuple de demain sera celui qui aura à tout instant les plus grandes possibilités de développement de l’aviation. “
[cf. journal Les Ailes du 25 octobre 1928 rappelant le contenu de ce discours de 1927].
Mais bientôt les avions en bois et en toile se sentiront de plus en plus démodés…
Conclusions
Tout compte fait, si Colbert s’est avéré un très bon stratège, force est de reconnaître qu’il ne pouvait pas en son temps, anticiper les changements qui allaient bouleverser au XIXe siècle toute la construction navale. Mais sans le savoir, il vient d’œuvrer grandement pour la forêt française et la production de chêne de qualité en développant un concept très particulier de sylviculture.
En choisissant d’élever la forêt en futaie serrée au détriment de
bois courbes peu présents dans ce cas, il privilégie des bois
droits à accroissements fins qui sont par nature trop tendres,
et ne peuvent être raisonnablement utilisés par la marine pour
"durer" en mer. Dans ce cas de figure, le chêne champêtre se prête
mieux à l’exercice. Hier, les bateaux naissaient en forêt.
Aujourd’hui, de ces bois de Bercé, on en a fait tour à tour
du placage puis du merrain, il n’y a pas là de quoi mettre
le feu aux poudres, car le tonneau, cette unité de capacité
de transport d’un navire, laisse de fait, et tout naturellement
aujourd’hui le champ libre à notre bonne vielle barrique
qui … elle, a en ce moment le vent en poupe !
Mais l’Histoire comme chacun le sait est un éternel recommencement et récemment, la Recouvrance dès 1990 puis l’Hermione (1997) ont renoué avec la tradition.
Ainsi les “charpentiers du Guip” (l’île aux Moines et Brest) sont-ils venus inspecter les bois de Bercé pour la reprise du chantier de l’Hermione.
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Autres liens concernant les moyens d’exploitation de Bercé
Bibliographie :
(1) BUFFON (Georges Louis LECLERC, comte de Buffon) 1707-1788 écrivain, savant et naturaliste français.
(2) “abatage” avec un seul “t” pour se démarquer ici du terme de la boucherie.
(3) Édité en 1995 par le club d’histoire locale J.Benoît de Château du Loir
Revue Au Fil du Temps N° 36 & 37 - Pages diverses (Y. Gouchet - 07 & 10 -2007)