DES SECRETS BIEN GARDÉS
La chasse en battue
A propos
En Bercé depuis l’origine des temps, les battues et la chasse en elles même, sont un mal nécessaire. De tout temps on chasse les bêtes fauves en Bercé. La survie des jeunes reboisements, des régénérations naturelles, des semailles et élevages agricoles, en dépendent. Les battues sont ordonnées au 19ème siècle par les conservateurs des forêts.
En 1844,
la loi du 3 mai institue le permis de chasser. Durant la saison de chasse, les battues sont le fait des chasseurs (fermiers et Co-fermiers de la forêt) sous la surveillance du service forestier : « La manière dont elles auront été faites, le nombre, la qualité et la profession des tireurs, le nombre et la docilité des traqueurs, les résultats obtenus ».
(Inspecteur Delaporte - février 1886).
En dehors de cette saison le relais est assuré par les lieutenants de louveterie, chargés par le préfet de réguler la population des gibiers dits “nuisibles”. Elles peuvent être aussi dirigées par le maire.
Si au 20ème siècle le loup n’est plus inscrit, en 1850, les principaux nuisibles ou malfaisants sont les lapins, les renards, les blaireaux, les sangliers, les loups, mais aussi les corbeaux les buses et les pigeons… Bref, toutes bêtes s’approchant trop près des cultures et animaux de la ferme en général.
En 1889,
cerfs, daims, sangliers et loups sont chassés à courre.
Le terme « battue » souvent associé à la destruction
des "Nuisibles"n'est pas seulement réservé aux seuls
nuisibles et durant la saison de chasse, ce mode
est adapté pour tirer le chevreuil ou la biche.
La battue peut être blanche et servir comme les
26 avril et 12 mars 1970 de comptage en plein
de gibier (avec la société biologique de la Sarthe).
En 1973 il était compté 60 cerfs et biches
et 20 chevreuils.
Le 14 février 1975 même punition,
même motif avec les écoles d’agriculture.
Les loups.
N’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps encore le loup rodait dans les parages faisant lui aussi son ménage. Le dernier a été tué sur Bercé vers 1870. La destruction en revenait aux fermiers du tir ou du courre, ou aux lieutenants de louveteries lors de battues particulières, dites « officielles », donnant droit à primes.
Le sanglier.
L’avantage des battues aux sangliers (très prisées de tous temps) c’est que la bête fauve offre non seulement une chasse très sportive, une chair succulente, mais en plus …il est de bon poids (environ 125 kg dans Croix-Gorgeas le 25 février 1877) je vous dis pas…!
Chanson de Fernand de Jupilles sur le sanglier
Ordonnée par les conservateurs ou les fermiers de la chasse, la destruction du sanglier est un temps effectuée par les préposés ou les officiers forestiers. Les louvetiers, eux, ont le droit de le chasser à courre.
L’inconvénient de la battue est que bien souvent l’animal chassé s’en sort blessé. Malgré les recherches : Heintz 1876 : Suivi avec Schneider un train de sanglier blessé sans résultat, l’animal à bout de sang s’en va mourir dans un coin, dans d’atroces souffrances.
Heintz le 1er janvier 1878 de noter :
« Vu mon collègue Ciron et chassé avec lui un énorme sanglier sans résultat »
Les battues typiquement forestières sont dirigées par l’inspecteur ou l’inspecteur-adjoint, et à l’extérieur, le maire ou son adjoint.
Les préposés aux Eaux et forêts, portant fusil dans leurs tournées, s’organisent ainsi de temps à autre, quelques chasses aux nuisibles (octobre 1919 prime de destruction de 16 marcassins : 60 f).
Riab, un aquarelliste de talent
Les dégâts du sanglier :
Le système des battues repose sur les plaintes des agriculteurs environnants, voir des forestiers, ainsi Heintz le 30 juin 1882 :
«Été chez Mr. Dineau des Arcis, pour m’entendre avec lui pour des dégâts causés dans son blé et avoine par les sangliers», les betteraves, les pommes de terre, les choux, le colza, le trèfle incarnat n’échappant pas « aux dents de la forêt ». Les dégâts sont indemnisés et ils sont tels que la forêt semble en danger :
24 février 1884
Pierre Marin Leroi, signalait : « suite aux dégâts : surveillé 5 ouvriers à semer de la faine au plantoir, pour réensemencer les dégâts causés par les sangliers parcelle 23 (ancienne B 6).»
Janvier 1885,
Note de M. l’inspecteur.
« Suite à plainte d’un riverain possesseur d’un champ de blé, le maire ordonne une battue à laquelle, soit le forestier soit celui-ci délègue un conseiller municipal pour encadrer et diriger la battue. Il est rédigé ensuite un procès verbal de battue. Les Co-fermiers doivent être prévenus de celle-ci.»
15 janvier 1885
Battue aux sangliers sur Saint-Pierre-du-Lorouër, à 10h du matin surveillée par les gardes Guyomarch et Heintz dans le Vau du Puits.
Nous avons trouvé les nommés ci-après :
Gautron, maire de St.Pierre, Chevalier Félix, Chevalier Félix,
Roncière Jules, Laudreau Auguste, Benard Louis, Pie Victor,
Clairen Adrien, Legeais Louis ,Chartrain Alexis, Laurens,
Boussion Jules, Boussion Verrier, Faureau Simon, Guimier René,
Bruneau, Chipfeteau père, Chipfeteau fils, Vilain Lénau,
Lorens fils, Fortier Duchesne, Chevalier Joseph, Chevalier
Joseph Posson Alexandre, Gores, Bobet garde-champêtre,
Dubray du Vau, Ménar Emile, Arterau Alexandre, Poilvilain René,
Laudreau Julien, Boutelier père, Boutelier fils ,Royau Eugène,
Comon fils, Peigné Alexis, Laudreau louis, Peigné Louis,
Duchesne Denis, Boussion, Ménard Albert, Chevalier, Lebert Adrien,
Derré Chevalier Chartrain Alexis, Trouvé fils, Poilvilain René,
Joliveau Louis, Renard Bourcier, lesquels étaient occupés à
faire une battue aux Sangliers, sous la Direction du maire de
St. Pierre du Lorouër.
Résultat : Néant
Fait et clos à la Maison Forestière des Clos
24 janvier 1885 :
Une autre battue aux sangliers est organisée sur la commune de Chahaignes Nous avons trouvé les nommés ci-dessous:
Passin, adjoint, Bobet garde champêtre, Chevalier François,
Renard Boursier , Legeais Louis, Chevalier julien, Cochard Valentin,
Laudreau Auguste, Chartrain Alexis, Ménard Emile, Ménard Père,
Gautier Eugène, Pie Victor, Chevalier Joseph, Chevalier François,
Peigné Alexis, Laudreau Julien, Comon, Posson Alexandre, Boussion,
Benard père, Benard fils, Benard Louis, lesquels étaient occupés à
faire une battue aux Sangliers sous la Direction de l'adjoint
et du garde-champêtre de St. Pierre du Lorouër.
Résultat: Un Homme de blessé.
Fait et clos à la maison forestière des Clos le 24 janvier 1885.
(Prévenu pour la battue à midi pour midi et demie,
Les adjudicataires étaient prévenus …
d'après ce que le maire m'a dit)
signé : Guyomarch
Ce même jour Heintz relate :
« A Croix-Veneur, rencontré les chasseurs de sangliers, dirigés par M. l’adjoint de Saint-Pierre, qui ont blessé un homme au bras par l’imprudence d’un tireur ».
En 1889 :
le nombre de plaintes afflue, l’inspecteur en personne se déplace avec un forestier constater les dégâts chez les riverains. Sept battues sur l’est de la forêt seront ainsi autorisées en mai.
31 août 1891 : la note de l’inspecteur est claire à ce sujet :
« Ne chercher en aucune façon à détourner les riverains de demander des battues. Mais attention! N’importe qui, en dehors de la période de chasse ne peut entreprendre une battue. Seules les battues autorisées par décret de M. Le préfet sont valables et les préposés doivent veiller en cela.»
27 septembre 1901 :
lorsque les dégâts sont manifestes, les préposés ont pour mission de les estimer. Ainsi, Albrecht Émile «estime à 18 fr les dégâts causés par les sangliers au sieur Ménard Albert de Saint-Pierre-du-Lorouër.»
11 mars 1906 :
« Montre au brigadier une fosse à loup, près du périmètre P.A 4 (P.251) champ Guimier et le 13 fait une enquête.»
30 juillet 1906 :
estimation du dommage causé par les sangliers, aux récoltes des habitants de Thoiré-sur-Dinan à la suite d’une pétition adressée à la préfecture par ces derniers. «Certains riverains prennent le problème à bras le corps et usent de leur personne en toute illégalité, soit pour reproduire l’espèce, soit pour l’exterminer.»
20 avril 1907 :
Barbé «prévient le garde-chasse Bruon (collègue à Quentin), qu’il avait à détruire les petits sangliers qu’il avait capturé vivants et essayait à faire en élevage (Article 24 de l’arrêté Préfectoral).»
28 septembre 1907 :
« Accompagne le brigadier, prévenu les sieurs Toluron et Lorgueilleux de fermer les fosses à sangliers ouvertes sur leur terrain en bordure de forêt.»
De telles fosses recouvertes de branchages avec à l’intérieur un appât ont encore fonctionné durant la seconde guerre mondiale et après.
10 février 1914 :
P.V. « …contre le sieur Martinot Louis Auguste (né le 13 Juillet 1870 – 44 ans) cultivateur à Haute-Perche, pour chasse à l’affût, de nuit, avec un fusil à percussion centrale.»
De telles pratiques ont perduré jusqu’à nos jours, sur le périmètre de la forêt domaniale.
21 mai 1916 :
Silvestre écrit « Battue au rond de Verneil et environs, vu le garde Robert – Résultats : deux biches tuées et distribuées sur le terrain. Rendu compte à M. l’inspecteur. »
14 novembre 1919 :
Une note de l’inspecteur Potel précise aux adjudicataires de la chasse,
…de ne pas tuer les biches et les chevrettes, par contre est autorisé, en temps de neige la chasse par les détendeurs de ce droit, des sangliers et tous animaux classés comme nuisibles, jusqu’au 31 mars suivant l’ouverture.
Après guerre, la prolifération du gibier non chassé durant les hostilités (mais parfois braconné) impose des battues :
3 mars 1920 :
«Attaqué 2 sangliers dans les Défaits (tiré 7 coups de fusil) tiré un blaireau.»
10 mars 1920 :
« Attaqué 1 sanglier à la Lune et réattaqué 2 sangliers en les Trembles (néant).»
l7 mars 1920 :
«Attaqué dans le buisson et les Renardières…(résultat néant).»
21 mars 1920 :
Battue éffectuée par M. Loisel (8 tireurs) « Attaqué 5 sangliers dans les Profonds-Vaux près de Bel-Air. Un est tiré par M. Cartereau et manqué. La chasse s’en va sur Mangé. Les chiens mettent bas en bordure. Après midi nous rapprochons un sanglier qui s’était dérobé et le réattaquons dans Hautes Perches. M. Bellau le tire au déboulé mais le manque. Le sanglier prend le Sault Moulin et nous reprenons les chiens…Résultat : néant. »
25 mars 1920 :
« 2éme chasse de la société de Château-du-Loir (5 tireurs) résultat :
1 laie et 4 petits. Attaqué à 10h du matin deux sangliers dans le Bel-Air,
dont 1 laie qui refuse de quitter l’enceinte et tient le ferme (1)
devant les chiens à plusieurs reprises différentes.
Tuée par Gobert “au ferme”. Poids : 70 à 75 kgs environ et sur le point
de mettre bas 4 petits. »
(1)- Au ferme…l’animal est tenu sur place par la meute.
28 mars 1920 :
« 10 tireurs. Attaqué 2 sangliers dans le Tronchet. La chasse s’en va sur les Profonds Vaux. Les chiens mettent bas. Après midi, nous attaquons un sanglier en Joriette. Les chiens mettent bas en les Salles. Résultat: Il a été tué un blaireau. »
1er avril 1920 :
« 6 tireurs. Attaqué un sanglier dans Bel-air, tiré par Gobert au déboulé et ensuite par M. Dabouineau. La chasse s’en va sur la Tasse et les chiens mettent bas sur la route de Jupilles. Après midi, nous foulons les fourrés de Hautes Perches. Nous ne trouvons rien…. (Résultat néant) »
5 avril 1920 :
*« 3 fusils. Le matin nous foulons tout le canton d’Hautes Perches, sans rien trouver. Après midi, nous descendons aux Profonds Vaux ou nous trouvons un pied de sanglier sortant des Terres Blanches. Après un assez long rapproché, nous attaquons un gros sanglier dans la Guiltière. Notre chien « Ramonot » est culbuté à la bauge. Gobert profite de l’attaque du sanglier pour lui envoyer ses deux coups de fusil. Le sanglier est tué 20 minutes après dans la Guiltière au ferme par M. LOISEL. Résultat :1 sanglier pesant environ 150 kg. »
8 avril 1920 :
« Nous foulons les Profonds-Vaux, nous attaquons au dessus de la vallée du Muguet une laie et ses petits. Les chiens tuent un petit à la bauge et nous en prenons un vivant. La laie est tuée sur la route de Vaas par M. Cartereau. M. Roche tue un petit et M. Savignard en tue deux autres d’un coup de fusil. Résultat : 1 laie pesant 65 kg environ, 5 petits pesant 2,5 kg à peu près dont un vivant que M. Loisel emporte. (Nombre de fusils : 12). Puis attaqué en Bercé à 12h une laie et 4 petits au poids de 2 kg environ- 9 tireurs. Résultat : 4 petits sangliers tués l’après midi. »
11 avril 1920 :
« Nous attaquons des sangliers dans les fourrés de Croix Marconnay, mais ils passent trop loin des tireurs, vu l’heure avancée nous rentrons. (8 fusils), résultat néant »
13 avril 1920 :
« Nous foulons la croix-Marconnay – non attaqué – 5 tireurs (Résultat néant) »
15 avril 1920 :
« Nous foulons Hautes-Perches et la Croix-Marconnay. Non attaqué. (Résultat : néant). »
Le chevreuil, en 1924
Est un animal de chasse à tir et non à courre.
Toutefois, conformément à l’article 19, le fermier
de la chasse à tir pourra le chasser une fois par
semaine à courre et seulement après la fermeture de
la chasse à tir sur les lots 1-2-4-5. Le lot 3 étant
réserve de chasse, les chasseurs n’ont sur ce lot que
le droit de suite.
En 1927
après la pénurie due à la guerre de 1914-1918, l’arrêté préfectoral prévoit la chose dans son article 3 : les propriétaires, possesseurs ou fermiers et les détenteurs du droit de chasse sont autorisés d’une façon générale à détruire ou à faire détruire sur leurs terrains les sangliers en tout temps (même la nuit, à l’affût) et par tous les moyens, sauf le poison qui, par mesure de sécurité, ne doit être employé qu’après autorisation- préfectorale.
Chasse entre 1939 et 1945
Les années de guerre désorganisent le service. La chasse est diligentée par le gouvernement allemand et par les officiers des Eaux et forêts. Le droit de chasse est réquisitionné au profit de l’autorité occupante.
Durant la guerre 39/45 (note du 18 août 1941) « Ce sont les feldkommandants qui organisent les battues avec le concours des officiers et préposés de tous grades. Le personnel forestier domanial doit se mettre à la disposition des autorités allemandes sur la demande de ces derniers, pour leur donner tous conseils utiles et leur prêter leur concours en vue d’assurer le succès de ces battues. Les personnes pouvant tenir le fusil seront désignées. Seul le tir à balle est autorisé. Le partage des animaux s’effectue pour moitié pour l’armée allemande et moitié à l’élément civil français. La répartition entre chasseurs et traqueurs n’ayant lieu qu’en cas de risque de détérioration de la chair. Si les battues sont le fait des louvetiers, ceux-ci seront supervisés par un officier allemand désigné. Un ausweis leur sera donné. »
Ces battues perdureront de novembre 1940 à février 1944 n’occultant nullement les actes de braconnage (pose de collets, création de fosses) les rendant même sympathiques.
Peu de renseignements filtrent sur les chasseurs. Le sanglier, lui est surabondant. Les feldkommandants désignent les secteurs où la destruction doit avoir lieu.
Dès novembre 1940 :
les forestiers accompagnent les officiers allemands de la Flèche à la chasse. Cerfs, biches, sangliers, renards et lapins n’ont qu’à bien se cacher et même, ils ne sont pas à l’abri des braconniers qui pullulent dans le coin. Des collets sont tendus dans la Guiltière, les Profonds-Vaux, pour soit disant pour supprimer les renards.
Dès octobre 1941 :
les forestiers aident les allemands à confectionner des observatoires pour le gibier, entre autre dans la parcelle 93.
Le garde Thomas, nous écrit pour la journée du 20 mai 1942 :
« Après midi, attendu les Allemands qui devaient venir à la chasse à 13h. 17 à 18h, l’officier Sauer m’a remis une lettre de l’officier de chasse demandant la construction d’un affût en remplacement d’un affût détruit. Enquête avec mon collègue Pie sur la destruction de l’affût précité ».
La chasse à l’affût prisée par les “Doryphores”(2), donne l’idée à certains de scier les montants de ces constructions en bois, de façon à précipiter de toute leur hauteur les envahisseurs.
Le 20 juin 1942 :
lors d’une soirée de chasse dans la Croix-Segrier, Thomas rencontre l’officier allemand Sauer : « qui m’a dit de prendre mon chien en laisse en forêt. Ayant une autorisation de chasser en forêt avec mon chien, signée de l’officier de chasse, je n’exécuterai pas cet ordre. »
Le 5 novembre 1943 :
Les forestiers allemands construisent un « observatoire » en bordure de la route de Vaas à la hauteur de la parcelle 63 de Bel-Air. À la fin de la guerre, en janvier 1945 certains observatoires sont déjà détruits car les gardes pensent qu’ils sont utilisés par les braconniers.
(2) nom donné aux occupants allemands.
Propos recueillis auprès de riverains et archives O.N.F.
1946
Exemple de rendez-vous donnés en forêt de Perseigne.
Correspondance des chasseurs avec le brigadier Boissier
19 juillet 1947 :
Le spécialiste incontesté de la chasse sur Bercé visite sa future brigade
ouest en compagnie d’André PIE en vue de prendre son service le
1er octobre de cette même année.
Le Brigadier Forgeoux arrive de Saint-Germain-en-Laye,
et c’est moins un forestier qu’un chasseur qui se présente
le 24 septembre au poste des Forges (Jupilles).
Dès son arrivée, le 11 novembre, Fernand Peltier, alors maire de Jupilles,
lui remet le diplôme d’officier du mérite agricole. De partout on le demande
et il participe a des reprises de gibier en Alsace en 1947 et en Allemagne en 1948.
A plusieurs reprises il est appelé au domaine de Chambord, dont une fois
du 10 au 15 mars 1948 pour l’organisation d’une battue ministérielle
(3 sangliers tués dont un par le ministre de l’agriculture).
Tant et si bien que le 16 mars 1948, il reçoit sa nomination au poste de Chambord,
d’office et dans l’intérêt du service. Un service qui cesse le 31 mars 1948,
mais Bercé le retient le 1er avril : « visite de M. le conservateur Blouère,
en tournée avec lui à l’incendie de la Guiltière.»
Le terme : battue
Est souvent associé à la destruction des “nuisibles”. Il n’est pas seulement réservé aux seuls nuisibles. Durant la saison de chasse, ce mode est adapté pour tirer le chevreuil ou la biche.
La battue peut être aussi blanche et servir comme les 26 avril et 12 mars 1970 de « comptage en plein » du gibier (avec la Société biologique de la Sarthe).
En 1973 il était compté 60 cerfs et biches et 20 chevreuils. Le 14 février 1975 un même comptage a lieu avec les écoles d’agriculture.
En 1950 :
Il y a pléthore de cerfs. Il est même imposé de prendre à la chasse à courre les vieilles biches au dos creusé : les bréhaignes. Les hardes de biches et cerfs ont de tous temps, en cas d’explosion des populations, durement agressé tout aussi bien les cultures voisines de la forêt de Bercé que les plantations forestières elles mêmes.
Ainsi en 1971 où un gros cerf abîma une vingtaine de douglas et endommagea la clôture en y ayant été enfermé durant 2 ou 3 jours. Des chasses en battue à la biche sont de nouveau organisées en forêt avec le concours des riverains, qui ont pour but d’améliorer les relations de bon voisinage qui furent pour un temps des plus tendues.
Il faut savoir, pour la petite histoire que les grands cervidés,
(biches et cerfs)
sont principalement et historiquement des animaux de plaine.
Seul le chevreuil (autre cervidé) est catalogué comme animal forestier.
56 ans plus tard, en avril 2016,
un mouvement de contestation du plan de chasse émerge par voie de presse, opposant forestiers et naturalistes. Las des dégâts constatés depuis quelques années en et hors forêt, forestiers et agriculteurs recherchent le bon compromis et sollicitent que les attributions de bracelets soient revues à la hausse.
Au fil du temps, ces grands cervidés ont été chassés par le développement agricole qui réduit ainsi leur aire d’accueil. La forêt les héberge aujourd’hui, à son corps défendant.
Contrairement aux exploitations agricoles, aucune indemnité concernant les dégâts n’est versée aux forestiers publics ou privés.
Les chasseurs quand à eux alimentent ce fond d’indemnisation par le biais des taxes payées sur les timbres du permis. Les forestiers ont donc pour seul levier de manœuvre le plan de chasse, dont ils usent en toute logique. Quand à dire qu’ils en abusent, c’est peut être aller trop vite en besogne, car le braconnage, la route et ses dangers, les maladies, les imprécisions de tir, la non connaissance du milieu, l’imprécision des comptages, peuvent influencer sur les affirmations des uns et des autres.
Les biches et cerfs
Qui occasionnent des dégâts aux cultures, sont au même titre que les sangliers et les blaireaux, des bêtes fauves. La jurisprudence en a décidé ainsi. Pour contenter les riverains, on distribue les trophées. La destruction de ce gibier dit " surabondant " est prescrite par le conservateur.
Le 21 mai 1916 :
Silvestre écrit
" Battue au Rond de Verneil et environs, vu le garde Robert – Résultats : deux biches tuées et distribuées sur le terrain. Rendu compte à Mr. l’inspecteur."
1998
Renouer avec la tradition. L’ONF organisa en janvier…une battue de biches. En effet certains agriculteurs excédés des lenteurs administratives et du laxisme des chasseurs, en seraient facilement venus à faire justice eux-mêmes.
Joël Picard nous explique dans sa revue (Au Pays des Oulines N° 17 - L’illumite) et en photos le déroulé de la Chasse en battue du 12 janvier 1998
Yves CAMISY de dire à son voisin du jour, Jacques BIZARD : « Il n’y a pas de différence entre nous, sauf peut-être la maison d’habitation et le compte en banque ».
Et s’adressant au directeur départemental de l’agriculture tout en acceptant de lui un gâteau chocolaté : « Ça me fait plaisir d’accepter ce gâteau car j’ai l’impression de récupérer mes impôts »
… C’est cela aussi le plaisir de la communication…
Les lapins, renards et blaireaux
L’invasion des lapins est en soi un véritable fléau pour les cultures. La chasse aux lapins fait partie des travaux d’amélioration.
Déjà en 1893 :
« Considérant la surabondance du lapin en forêt domaniale qui occasionne aux plantations et jeunes plants forestiers, des dégâts d’une extrême gravité et qu’il est conséquemment nécessaire de remédier à cette situation par tous les moyens possibles, les fermiers de la chasse sont mis en demeure de détruire avant le 31 décembre 1893 le plus grand nombre de lapins ».
Cette note ne concernait pas pour l’heure Bercé, mais une forêt du nord de la France.
La destruction du lapin par les forestiers sur Bercé, s’échelonnera de 1940 à 1965. Les lapins de garenne, qu’ils soient de sang pur ou croisés avec des lapins domestiques, sont à l’époque considérés comme des gibiers. Les lapins croisés sont d’ailleurs d’une taille plus forte que les sauvages, donc plus dangereux pour les forêts et cultures. La pullulation de ces prédateurs de la forêt est cyclique.
À Bercé le nombre de lapins tués lors d’une battue va de quatre maximum sur la brigade de la partie est, à vingt maximum sur la brigade ouest. Dans les coupes, les marchands de bois les chassent tous les samedis, quelquefois au collet, sans toujours en attraper. Gardes et ouvriers, accompagnés de leurs chiens, participent tous les quinze jours à ces battues.
Le chien de la Huberdière, Mickey, est ainsi tué accidentellement par le ricochet d’un plomb, lors d’une battue en 1964.
Si la destruction va bon train, la braconne soutient le rythme car
l’on repère vite, autour du relais de télévision, quelques collets
judicieusement disposés.
Les permis de transport du gibier mort sont délivrés par l’administration des Eaux et forêts.
Les renards sont indemnisés à la queue. De nos jours, tous les personnels sont sensibilisés par des stages à la chasse et possèdent le permis de chasser
– Coût du permis de chasser avec assurance : 1958 : 2345f 1962 : 41,90 Nf 1964 : 40 Nf + 16,95 Nf d’assurance = 56,95 Nf
Les blaireaux font l’objet d’une chasse particulière sous terre dite de petite vennerie.
Cas des corbeaux, rapaces et autres passereaux.
Le cas des rapaces, aujourd’hui fort heureusement protégés est intéressant, car ces oiseaux de proie étaient à l’époque responsables “de fait”, de tous les malheurs des nichées et couvées.
Heintz le 17 juin 1877 décrit :
« Dans les cantons de Tertre-aux-Bœufs et Sorels, été avec un émondeur à détruire les nids de buses et émouchets. Détruit une petite buse. »
En 1923
La Ligue Française pour la protection des oiseaux s’insurge contre le massacre perpétré envers les oiseaux de tous genres en offrant aux agents chargés de la répression des primes proportionnelles aux procès-verbaux distribués :
« …de 10 f pour un délit de dénichage de jour à 50 f et même 100 f pour destruction de nuit par engins prohibés avec possibilité de recevoir sa prime en nature. »
Pourtant cette même année, le 3 mai, Julien Serpin de Beaumont,
« abat un arbre en “délit”, à cause d’un nid de buses qui se trouvait dedans. »
Le service forestier indique qu’un crédit de 135 fr est mis à disposition de chaque préposé pour la destruction des nids de corbeaux et les dépenses de munitions. Les gardes possédaient chacun un fusil Lefaucheux 16 mm à broche (poudre noire) utilisant par an 16 cartouches avec du plomb de 2. Durant la première guerre mondiale, la viande se fait rare mais les forestiers, tout comme les riverains sont aux premières loges pour en manger.
Yves Camisy (toujours dans les bons coups, mais là visiblement…regrettant le fait)
témoigne que le garde des Clos, Émile Albrecht, avait pour habitude d’aller se servir, à hauteur, dans les jeunes fourrés, le soir avec sa lanterne, en pinsons des Ardennes (dits du Nord). En effet, cette espèce évoluant en bande, trouve dans les peuplements où le hêtre abonde, les succulentes faines qu’elle recherche. Il est alors aisé de les ramasser au dortoir, les tuer et les cuisiner …dans une pomme de terre avec du beurre salé !…
L’article 4 de l’arrêté de clôture générale de la chasse en 1927 stipule :
« Les propriétaires, possesseurs ou fermiers, pourront être autorisés par nous, au vu d’une demande établie sur papier timbré et revêtue de l’avis du maire, à détruire sur leurs terrains au moyen du fusil et à l’aide du “grand duc” vivant ou artificiel, les oiseaux désignés comme nuisibles par l’arrêté réglementaire permanent. »
Les pies et corbeaux sont empoisonnés au « Pica corvicide » du 1er décembre au 31 mars. « Il est certain que les préposés ne doivent pas s’attendre à être remboursés de leurs dépenses pour 1928 »
En 1928
Le vent aurait-il tourné ? Les habitudes sont tenaces.
Le garde Gobert détruit toujours les buses en juin 1941 et le 21 juin 1954, on procède encore à la destruction de deux buses en Gaie-Mariée, tout cela pour protéger les nichées.
Une solution passive mais imparfaite : les enclos.
Après guerre il y a pléthore de gibier. Les forestiers protègent leurs plantations par la création d’enclos dès janvier 1953 (parcelle 54 de la tasse : 4 km de fil, 120 kg, 600 isolateurs, 407 poteaux).
Jusqu’à nos jours, la clôture représentera la solution la plus sûre face à l’invasion de la dent du gibier.
La sylviculture moderne préfère de loin la stricte application du plan de chasse face aux pics de population. Cette régulation par la chasse est moins coûteuse que les clôtures et permet à la forêt de rester vivante. Dans chaque parcelle en régénération, on dispose 2 enclos témoins de 20 m² l’un engrillagé et l’autre virtuel…il suffit par la suite d’y constater les dégâts pour ensuite agir sur le plan de chasse.
Ouverture et clôture de la saison 2022-2023 : (1661-1683)
Autres articles concernant la chasse ou la pêche:
Bibliographie :
Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)