DES SECRETS BIEN GARDÉS
Ballet et habitat rustique
A propos
La loge de l’atelier ou du chantier
La forêt-abri est la fonction la plus ancienne des massifs forestiers. Les huttes en bois, parfois recouvertes de terre, construites en forêt par les bûcherons, charbonniers et autres sabotiers, étaient des survivances des premiers abris construits par les hommes avant l'Histoire
Recherchons l’origine du mot balay, balet, ballet, loge selon les définitions du XVIIème. Diverses orthographes…
Une seule destination : le bien être du forestier.
Le Balay, ballet, balet, la loge, a pour
nom : caquetoire en centre France (Poitou).
A l'origine ce nom désigne une pièce
d’architecture ancienne accolée à l'église :
"Un petit auvent couvert par un toit en saillie.
Les paroissiens pouvaient s'y abriter après les
offices pour échanger les nouvelles, s’asseoir
sur les murets ceinturant l’auvent pour
« caqueter » (parler à tort et à travers),
échanger des nouvelles au sortir de la messe,
ce qui aurait été à l’origine du mot caquetoire.
Les scieurs de long, et bûcherons qui voyageaient
de forêts en forêts ont importé tout à la fois
ce terme, l'architecture de ce havre de paix,
et la convivialité de ce type d'habitation.
Balai de sorcière … non, mais presque… le balai de sorcière est un enchevêtrement de branchages sur les pins, (sa formation est due à une maladie) Le balai de sorcière couvre la branche… comme la toiture de brande ou de bouleau sur le balet.
“On fait des balais de menuës branches de bouleau liées ensemble au bout d’un baston. On en fait aussi de genest, de jonc."
L’écorce de bouleau servait autrefois à l’étanchéité de toitures.
Or nos Balays (en vieux français) étaient recouverts de ramures (branchages de bouleaux ou autres à la manière d’un toit de chaume).
Nos ballets à nous étaient des petites chaumières accueillant les bûcherons et leurs familles.
Les petits métiers se sont développés dans les massifs malaisés à exploiter et écartés des voies d’eau ou de terre ; La confection d’objets représentait un moyen de valoriser sur place les matières ligneuses et de leur ouvrir malgré les obstacles, une certaine zone d’exportation. P.Deffontaines : L’Homme et la Forêt (Paris 1933) Roger Blais : La Forêt (P.U.F. 1947).
Les Loges ou huttes sont donc anciennes.
Elles remontent à la nuit des temps,
époque où l’homme colonisa la Forêt.
Foyer d’humanité dans cet enfer vert,
elles apportent à l’homme, chaleur,
couvert et sécurité –
Rappelons que Bercé ne fut percé qu’en 1783 -
Parfois la sécurité est bien mise à mal comme ce 24 aout 1881,
il y a le feu à croix Veneur dans une coupe à Louis Chevalier de Thoiré sur Dinan. Le feu gagne sur 9m2 autour de la loge du rond qui flambe ainsi que 3 arbres.
Les fendeurs, les boîtier et les bûcherons de la forêt de Bersay (Sarthe), ont l’habitude d’allumer du feu près de leurs ateliers, même en été. Ils prétendent que ce feu leur tient compagnie; peit-être est-ce un souvenir des temps où il fallait écarter les fauves avec des brasiers. (Paul Sébillot - Ed. Flammarion)
L’habitation rustique à Bercé est faite de planches et de branchages (au début Loge et Atelier sont liés).
Cabanes de Berger, baraque de fortune, hutte de sabotier, ballet de bûcheron, refuge du promeneur, la loge se décline ici sous toutes ses formes, de la plus rudimentaire à la plus sophistiquée.
Elle est lieu de vie de toute la famille et lieu privilégié du travail.
En compagnie de Mr, Mme. et Melle. Cartereau (Boisselier) « à la Villa Huguette »
Émile et Olga Ballion devant leur loge implantée Parcelle 161, au carrefour
de la ligne de chemin de fer et de la ligne du Pau.
Roland, sur les genoux de sa mère est né au Rond de Verneil en 1930 ;
Marc prêt à naître en ce lieu, en 1931 sera le dernier enfant né en Forêt.
Dans les bras d’Émile, le chien gardien de la loge.
(Photo : Famille Ballion, mai 1931).
La cabane en Forêt (rêve de tous gamins) était présente dans le milieu des coupes et devait répondre (fin XIXe) à des sévères règles d’établissement, encore en vigueur avant la dernière guerre. Albrecht (1905) écrit :
Accompagne monsieur le garde général et le brigadier pour la marque des places de loges et d’ateliers sur mon triage.
Celles-étaient repérées par de la peinture d’arbres témoins, dont on prenait le diamètre à 1m30 du sol – Désignation était faite aussi des loges à feu.
Bernard Chevalier, de Saint Vincent, se souvient avoir fait des fagots pour la cuisson des patates et des cochons, et être (étant tout jeune) toujours placé dans le ballet du côté où allait la fumée, cela faisait beaucoup rire les anciens bûcherons.
Transformation dans une coupe, de billons en produits manufacturés (Fendeurs de Merrains, et bois pour la boissellerie).
« Lucien Miat a travaillé pour le père Provost à la tâche, il a fait du merrain jusqu’en 1963, il y en avait d’autres, mais ils sont décédés, après il est devenu tonnelier et faisait des barriques. » (Marcel Perroux)
Atelier de confection de cerclages de tonneaux avec des perches de châtaigniers près de la maison forestière de la Tasse.
28 Janvier 1905 : Note de l’inspecteur Roulleau.
"Suite aux plaintes sérieuses adressées par les Chasseurs,
et fondées car je l’ai moi-même constaté, suite aux instructions
adressées au personnel des gardes, relativement à la divagation
des chiens qui ne se comptent plus".
Note à Monsieur le Garde Général
"Vous voudriez bien rappeler aux préposés sous vos ordres,
l’instruction inscrite à l’art.67 du cahier des charges ainsi conçue":
"Les adjudicataires, ainsi que leurs facteurs, employés, bûcherons,
ouvriers et voituriers, ne pourront laisser errer leurs chiens
dans les Forêts –
Les chiens servant à la garde des loges ateliers
et chantiers devront être constamment attachés ou enfermés"………
"Et si au cours de mes tournées, j’avais à constater moi-même
que les tolérances prescrites ont été continuées sans que
vous y missiez obstacle, je vous en rendrais personnellement
responsable"
Signé Roulleau
Communiqué au personnel du Cantonnement, lui rappelant que je
demanderai une punition sévère contre le garde qui ne se
conformera pas à ces instructions.
29/01/1905 Signé : Hermier Garde général à Ecommoy
Cette même année la circulaire 689 dispense du timbre les
demandes relatives aux désignations des Loges et Ateliers.
Les Auxiliaires à la Loge de la pépinière de Sermaize (édifiée en 1952) De gauche à droite : Bouttier – Blutteau – François – Leroux – Foussard – Fresneau – Hauteville – Bouyer – Boulay . (Photo Calvel – février 1954)
Emondeurs et Bûcherons au repos, dans leur « ballet » à Bercé. de gauche à droite : André Chesnier, Georges Chambon, Camille Lemoine, Emile Chignard, Gaston Vérité, se confectionnent sur le foyer à même le sol, un vin chaud. (Photo Calvel 15 novembre 1959)
La Famille Papillon Maurice de Marigné-Laillé, dans son ballet. placé dans la coupe secondaire de la parcelle 212 (janvier 1998). La Loge en bois était plus chaude que l’actuelle loge en tôle. Bois et tôles étaient prisés de tous mais quelques fois prenaient des pattes.
Ballet des familles Meunier et Ciret de Pruillé dans les Clos en 1964.
Le ballet, “palais” du bûcheron, qui y trouve un peu de quiétude et de chaleur au moment du repas
Autres articles concernant les productions forestières:
Bibliographie :
Bercé, une forêt d’exception (Y. Gouchet - 2018)