DES SECRETS BIEN GARDÉS
Bercé et la presse
A propos
Paysages forestiers
Le paysage sylvicole de Bercé est peu représenté seul sur les cartes postales, mais à l’image la tendance qui prédomine est une haute futaie de chênes et hêtres en mélange, avec des parties moins riches en pins.
Bercé c’est l’ancienne forêt Royale, peuplée principalement par le Grand Colbert, de chênes bien venants.
Aux dires de la dernière campagne de mesures de l’ONF, ces chênes sembleraient être les plus hauts de France (dépassant les 50m dans l’Hermitière).
Mais c’est aussi sur les ruptures de pentes (terrains pauvres) et les acquisitions de landes de 1723, une sylviculture plus intensive des pins sylvestres (récente) et de pins maritimes (introduits bien avant 1650 dans la région d’Écommoy). Cette biodiversité c’est tout le charme de cette Forêt.
« Le touriste bénéficie de ce qui a été fait depuis des
siècles dans la forêt pour des fins dont il était
parfaitement absent, faute d’exister.
Avant qu’il naquit la forêt est prête à le recevoir
et elle s’ouvre à lui sans défiance. »
-- Roger Blais-la Forêt – 1947
La presse relaie cet engouement touristique de l’époque
Ouest Éclair du 13 mai 1914 :
Grande fête champêtre et réunion sportive. La grande fête champêtre annuelle qui a lieu au hameau de Saint-Hubert et qui attire toujours une foule considérable de promeneurs dans ce joli coin de la belle forêt de Bercé, aura lieu le dimanche de la Pentecôte, 31 mars 1914.
Plusieurs sociétés musicales prêteront leur concours à cette grande réunion sportive, bicyclettes et motocyclettes.
A 13 heures, course cycliste, séries, vitesse, distance 6 kilomètres;
A 14 heures et demie, rendez-vous des motocyclettes ou Side-cars;
A 15 heures, grande excursion motocycliste à la fontaine de la Coudre, un des plus beaux sites de la forêt de Jupilles. Cette excursion est ouverte a tout motocycliste, lesquels sont priés de se faire inscrire à l’avance, jusqu’au 25 mai, dernier délai, chez M. CHOPLAIN, bar de la Sirène, au Mans, ou chez M. AVICE, cafetier à Saint-Hubert, commune de Marigné; droit d’inscription, 0 fr. 50; à 15 heures et demie, course cycliste, finale;
A 16 heures et demie, course de motocyclettes, ouverte à tous les motocyclistes (2ème catégories),deux objets d’art; pendant les courses, concert;
A 17 heures et demie, collation en plein air, après laquelle le Champagne sera offert gratuitement à tout cycliste ou motocycliste ayant participé à l’excursion ci-dessus; à 19 heures, grand banquet par souscription servi par M. AVICE, cafetier; à 22 heures, retraite aux flambeaux, bal public.
De nombreux engagements de motocyclistes sont déjà inscrits et nous sommes certains que cette belle, fête attirera cette année de nombreux promeneurs, lesquels n’auront pas à regretter leur déplacement en ce jour de fête.
Ouest Éclair du 25 juin 1926
Un spectateur décrit dans l’Ouest Éclair du 25 juin 1926, la sortie des Bretons de la Sarthe en forêt de Bercé.
Lorsque la Société amicale des Bretons de la Sarthe envisage une réjouissance, son Comité des fêtes a toujours entière confiance dans l’allant et l’entrain de tous les membres et aussi dans la bonne étoile qui veut bien guider toutes leurs fêtes.
La réussite de la belle excursion de dimanche dernier a, une fois de plus, confirmé cette confiance, tant par le nombre des excursionnistes que par le beau soleil qui brilla toute la journée. Dès vendredi soir, malgré le mauvais temps, plus de 150 Bretons confiants dans la clémence de la nature avaient donné leur adhésion à cette promenade et c’est près de 200 excursionnistes qui partirent le dimanche matin à 7 h30 par le tramway spécial retenu par le Comité.
Que dire du voyage?
Sinon qu’il fut charmant, tant par le paysage admirable à travers lequel il se déroula, que par la bonne humeur et la gaieté de tous ces Bretons réunis encore une fois avec la seule pensée et le seul souci de bien rire et de bien s’amuser.
Après quelques minutes d’arrêt à Téloché et Marigné pour dégourdir les jambes et se reconnaître de wagons à wagons, voici Pruillé-l’Eguillé et l’entrée de cette superbe forêt de Bercé, au centre de laquelle se trouvent les Sources de l’Hermitière, but de cette excursion.
« Bretons aux cœurs tendres et aux âmes héroïques », pour employer l’expression même de votre bon poète breton, le barde Théodore Botrel, n’avez-vous pas entendu dès ce moment dans les hauts branchages de notre forêt Sarthoise, l’écho des forêts de chez vous ?
C’était l’accueil de la Sarthe à la Bretagne qui vous a du reste si bien été confirmé par la Société de tir de Jupilles qui partageait avec vous les joies de cette journée.
Ma plume est réellement impuissante à peindre le pittoresque de votre repas champêtre dans le cadre merveilleux choisi par votre Comité et il m’a semblé que les oiseaux eux-mêmes se recueillaient sous bois pour mieux écouter vos éclats joyeux, pensant sans doute que votre gaieté leur apportait enfin le doux soleil d’un printemps trop longtemps attendu.
Ce repas joyeux était à peine terminé que les auditeurs arrivaient déjà nombreux pour le concert annoncé, les uns à pied ou a bicyclette et les autres en automobile ou en moto. Je voudrais pouvoir m’étendre longuement sur les détails de ce magnifique concert dont on conservera, j’en suis sûr, longtemps le souvenir et qui fut présidé par M. POTEL, inspecteur général des Eaux et Forêts, à qui, du reste, je crois m’en rappeler, revient le mérite d’avoir découvert dans notre forêt le cadre naturel et inimitable où se trouve montée la scène de verdure.
Je veux tout d’abord pour l’organisation de ce théâtre, adresser mes compliments à la très florissante société de tir de Jupilles et son dévoué président M. DORIZON, qui n’avaient rien négligé pour la réussite de cette fête; mais je dois aussi de grandes félicitations à la Société amicale des Bretons de la Sarthe et à son actif président M. LEMONNIER qui ne craint jamais ni son temps ni sa peine quand il s’agit de l’élaboration d’un programme.
La belle pléiade d’artistes que cette société a le bonheur de posséder fut comme toujours au-dessus de tout éloge et pour être juste il me faudrait en les nommant les nommer tous. Un brillant orchestre dirigé avec maîtrise et talent par M. FORESTIER, professeur de musique au Mans et membre de l’Amicale Bretonne, tint sous le charme à chacun des morceaux les auditeurs enthousiasmés.
Au piano d’accompagnement, l’aimable et fidèle accompagnatrice des Concerts de la Société Amicale des Bretons, Mlle MERCIER, fut comme chaque fois l’artiste parfaite que nécessite cette tâche ingrate.
Bretons, mes amis, je suis sûr que cette journée de Jupilles comptera parmi les meilleures dans les annales de votre société que je connais cependant comme en ayant déjà de bien bonnes à son actif.
J’ai souvent entendu dire que le mot « impossible n’était pas français », mais je suis maintenant certain qu’il n’a pas sa traduction en breton après avoir vu la réalisation de la fête du 20 juin.
Un spectateur
Ouest Éclair du 25 aout 1926
Le programme du Concert de gala donné le 15 août au Théâtre de verdure de la forêt de Bercé, attira comme on le présumait, une énorme affluence de spectateurs.
Tous les artistes furent fêtés. Il ne pouvait en être autrement avec le chansonnier montmartrois Edgar LEMESLE, Mme Andrée FERLEN, mezzo-soprano, Mlle Charlotte CHAPEAU, soprano, Mme HANRIOT, artiste dramatique, MM. MARCHAND, HANRIOT, JANRY, artistes dramatiques, REGYL’S, comique et Marcel AUBIN, planiste accompagnateur.
La Fanfare Sarthoise, sous la direction de son chef,M. POISSON, fut comme de coutume, très goûtée; sa présence, d’ailleurs était indispensable dans un cadre comme celui de la forêt de Bercé.
Au cours du concert, il fut procédé à la distribution des récompenses obtenues par les membres de la Société de Tir de Jupilles, au concours de sélection de la 4ème région et au concours annuel de la société.
Voici le classement au palmarès :
Classement au plus haut nombre de points réalisés en 15 séries de 4 balles (Concours entre sociétaires) :
Prix des adultes
- 20 fr. et un diplôme d’honneur, CARTEREAU Alfred, 410 points;
- 15 fr. et un diplôme d’honneur, OLLIVIER Gaston, 389 p.;
- 10 fr. et un diplôme d’honneur, ANCELIN Gabriel, 367 p.;
- 7 fr. et un diplôme d’honneur, DORIZON Gustave, 342 p.;
- 5 fr. et un diplôme d’honneur, RAMAUGE Georges, 341 p.;
- un diplôme, MOINEAU Georges, 319 p.;
- un diplôme, DROUAULT Emile, 290 p.;
- un diplôme, BESNIER Georges, 204 points.
Prix des pupilles
- 20 fr. et un diplôme d’honneur, FRESNEAU Roger, 343 points;
- 15 fr. et un diplôme d’honneur, FRESNEAU Emile, 326 p.;
- 10 fr. et un diplôme d’honneur, PELLIOT Roger, 301 p.;
- 7 fr. et un diplôme d’honneur, PEIX André, 306 p.;
- 5 fr. et un diplôme d’honneur, POUL Gaétan, 282 p.;
- un diplôme, DAMPEYROUX Ch. 244 p.;
- un diplôme, COURMON E., 197 p.;
- un diplôme, DUPARC Gaston, 191 points.
Classement du concours à la carabine :
Prix des adultes
- 10 fr., DROUAULT Marcel;
- 5 fr., MOINEAU Georges.
catégorie Jeunes gens
- 10 fr., COMMON Emmanuel ;
- 5 fr., FRESNEAU Emile.
La Société de tir de Jupilles s’est classée 4e dans la catégorie « pupille » au concours départemental. Elle obtient la médaille de bronze.
Classement individuel
FRESNEAU Roger, 6ème prix, un diplôme; COMMON Emmanuel, 7ème prix, un diplôme.
Concours de sélection de la 4ème région ayant eu lieu le 4 juillet 1926, au Mans.
1er prix, coupe en bronze et diplôme offert par le Ministère de la Guerre, FRESNEAU Roger ; 4ème prix, médaille d’argent et diplôme, COMMON Emmanuel.
Après le concert, artistes et sociétaires se réunirent à un banquet offert par la Société de tir de Jupilles. Au Champagne, le Président M. DORIZON, remercia tous les collaborateurs de cette manifestation inoubliable, y compris la presse mancelle qui accorda elle aussi son concours dans une très large mesure.
Dans la nuit, les trompes de chasse sonnèrent le départ, les autos-cars trépignèrent et le silence tomba sur la forêt qui s’était montrée si belle à cette occasion.
Ouest Éclair du 1er juillet 1927
117e Régiment d’Infanterie
Dimanche, malgré l’inclémence du temps, les anciens du 117ème, pour être fidèles à leur programme, partaient en excursion en forêt de Jupilles.
Les écluses célestes largement ouvertes, auraient fait reculer de moine audacieux. Certes, on se lamentait bien un peu avant le départ, quelques mines étaient moroses, mais une large distribution de « trompettes en bois, contribua largement à dérider tes plus enclins à la tristesse.
Dès le départ chacun soufflant à qui plus fort dans sa « pépète », une cacophonie assourdissante amena de suite, une atmosphère de saine gaieté tout au long de notre caravane de voitures.
Naturellement, il faudra renoncer au déjeuner sur l’herbe, mais tout était prévu… même la pluie, et l’ami BIGNON, de Jupilles, nous avait réservé sa grande salle en cas de mauvais temps.
On fait néanmoins un tour en forêt, les plus audacieux n’hésitent pas, malgré la pluie à aller visiter, les sites les plus remarquables. Puis Jupilles est atteint à l’heure de l’apéritif.
Les binious sortent de leurs gaines, et de suite un concert est organisé. Mais les estomacs crient famine, on passe à table. Notre maître queux CHEVALLIER, nous avait préparé un menu pantagruélique autant que délicat, auquel il fut largement fait honneur.
Et la pluie tombait toujours.
A table, on ne pense plus au mauvais temps, on s’amuse, les rires fusent de toutes parts l’exubérance est générale. A la fin du repas la parole est aux chanteurs. Tour à tour. Mme TAILLARD, MM. ROCHER, SALMON, TOURNESAC et l’ami BOURDON d’Ecommoy, avec sa flûte à 35 sous, se firent applaudir, et méritent largement les bans chaleureux, dont ils furent gratifiés.
Puis l’orchestre s’installe et une sauterie s’organise rapidement… il pleut toujours, et les couples tournent, tournent sans se lasser.
Mais le ciel gagné peut-être par notre exubérance nous adresse le sourire de son soleil, sourire bien pâle sans doute, mais il fait que la pluie cesse. Alors s’organise à l’extérieur, une farandole endiablée.
Puis c’est la traditionnelle pose devant le photographe. Le sympathique groupement des voyageurs de commerce de la Sarthe en excursion comme nous, vient nous rendre visite, c’est une occasion de plus de trinquer à la prospérité de nos deux associations.
Mais l’heure s’avance il faudra songer au retour, on dine rapidement, un tour de chant, on danse un peu et c’est le départ, bruyant autant que l’on peut croire. Peu après Parigné-l’Evêque, un pneu qui vient de rendre l’âme, nous donne l’occasion de descendre de voitures, et l’orchestre nous convie à une sauterie en pleine campagne, sur la route même.
Enfin on arrive au Mans chez BLOT où doit avoir lieu la dislocation. Tout le monde est heureux d’avoir passé une agréable journée, malgré un temps qui ne faisait présager rien de bon. L’Amicale enregistre un succès de plus, à son actif, succès dû à l’activité inlassable de notre comité des Fêtes, lequel voudra bien trouver ici, l’expression de nos plus chaleureux remerciements.
Je n’oublierai pas non plus le papa CHEVALIER qui s’est dépensé sans compter, pour nous préparer un menu délicieux; M. TAILLARD, qui avait mis gracieusement à notre disposition, tout le matériel nécessaire a notre pique-nique. Que M. BIGNON, de Jupilles, reçoive également nos remerciements les plus sincères pour la cordiale hospitalité qu’il nous a réservée.
Enfin pour terminer en reprenant le jeu gue l’ami TOURNESAC apprenait à nos jeunes filles, pour leur plus grande joie, je résume d’un trait, notre sortie :
Cent dix sept, c’est épatant, tant ils s’amusent …muses …et hommes !!!
3 mois avant la mort du chêne Boppe :
Le 16 septembre 1934, une concentration était prévue
avec les C.T. de la Sarthe aux sources de l’Hermitière
en forêt de Jupilles.
Un empêchement de dernière heure eut pour résultat de
n’amener aucun C.T.S. au lieu convenu.
Nous fîmes quand même l’excursion prévue, ne pouvant
la remettre à une date ultérieure et dès le samedi
soir trois campeurs partirent installer leurs tentes
tout près des Sources.
Le matin le groupe alla les rejoindre par l’agréable
mais assez dure route de Beaumont-la-Ronce et
La Chartre sur le Loir et les routes agréables de la forêt,
et en passant voir le vénérable chêne Boppe à la corpulence
et à la taille impressionnantes.
En attendant l’heure du déjeuner et pour nous consoler
de n’avoir vu aucun Manceau, une partie fut entamée.
Après quelques horions tout amicaux, Jupilles fut atteint
pour le déjeuner qui se passa très gaiement,
malgré le sourire peu gracieux de la servante…
Et ce fut le retour par Saint-Hubert et Château-du-Loir
sans autre incidents qu’une bataille à coup de pommes
et la perte d’un camarade retenu en arrière
par une affaire demeurée mystérieuse….
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La forêt, l’Homme et Bercé (vidéo)